Chapitre 8

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Je rentre chez moi après l'avoir déposée. Je me prends un petit truc à manger dans le frigo quasiment vide et vais me laver. Je ferme les volets alors que je suis encore enroulée dans ma serviette et pas sèche. Le froid me donne des frissons donc je ne m'attarde pas plus à la tâche. Je m'écroule sur mon lit en laissant négligemment le tissu de bain choir au pied du lit et m'endors.

Une vibration me réveille. Il fait noir complet mais mon portable m'envoie des petits soubresauts lumineux. Je l'attrape péniblement, mes membres sont encore engourdis.

- Allô ?

C'est Camille qui me dit l'heure, 23h j'hallucine ! Je n'avais pas aussi bien dormi depuis longtemps...

- Mmh... Ok je viens.

Salma me cherche parait-il. Ce n'est pas comme si elle n'était pas venue ici la veille.

Je pense en ronchonnant. Je m'habille et en quinze minutes je suis prête à retrouver l'antre du Diable.

- Eh ! Mais c'est Noël, qui voilà !

- Et oui les filles je suis revenue, heureuses ?

- Tu sais bien ce qui nous rendrait heureuses mais bon.

- Ahah, on verra ce que dira le Père Noël à votre sujet. Vous aurez peut-être votre cadeau.

- Alléchant ! On a été super sage tu sais mais bon ce n'est pas au gros au nez rouge et poils blancs que tu devrais t'adresser ! Mais plutôt au Père Fouettard.

Elles se regardent avec malice et partent dans un fou rire.

- Vous êtes folles, ris-je me joignant à elles.

- Au fait, ta Belle est entrée en nous demandant quand tu revenais. C'est qu'elle a dû être plus que satisfaite la coquine.

- Voyons mesdames.

Mon air se veut triomphant alors que Salma et moi n'avons nullement partagé ce qu'elles imaginent. Entretenir « la légende » est devenu comme une seconde nature chez moi.

Je remonte le col de ma chemise noire, ce soir je me trouve assez classe pourtant c'est involontaire. Je rentre et me souviens du baiser qu'elle a pu me donner contre ce mur. Le « boum boum » de la musique vient battre dans ma cage thoracique. J'ai l'impression d'être transposée quelques mois en arrière, mes pulsions resurgissent de plus belle en ce soir. Je me sens invincible et irrésistible. Encore trois pas et la chasse sera ouverte. Je suis en haut des marches, je surplombe mon terrain. Droite ? Je rejoins le dancefloor. Gauche ? Le bar. Mon regard sonde les lieux, j'y ai tous mes repères. Je n'avais pas abordé cet endroit sous cet aspect depuis lurette et une sensation de manque me saisit. Je repère quelques proies potentielles mais d'un coup je me sens mal. Tout ce que je ressens à cet instant est ce que j'abjecte le plus. En revanche cet instinct a toujours été mon compagnon, je le connais et me sens en sécurité lorsque nous ne faisons qu'un alors je le laisse s'emparer de moi et ne le contiens pas plus longtemps. Je cède lâchement à cette fatalité. Camille me fait signe, je lui souris et indique que je la rejoindrai après mon rituel tour de piste.

Cet endroit est comme un théâtre pour moi. J'entre en scène et joue cette divine comédie. La comédie humaine, tous ses codes je les connais par cœur. J'y nage comme un poisson dans l'eau. Je sais que tout ça n'est que mascarade où chacun a son rôle. Je domine la situation, car c'est bien de contrôle dont il s'agit, j'ai peur dès que je sens qu'il m'échappe.

On me regarde, on me reconnaît, on pense même me connaître mais ce n'est qu'une illusion, une réputation, car en fait autant qu'elles soient autour de moi elles ne savent rien de qui je suis vraiment, absolument rien. Une jolie blonde m'offre son dos. J'observe son corps onduler sur le rythme de la musique. Ses courbes sonnent dans mon esprit comme un appel à la décadence. Mes yeux la suivent pendant que je continue à avancer en sa direction. Je pars de ses cheveux lisses qui déferlent sur son dos pour m'inviter jusqu'à la chute de ses reins. Ils sont soyeux et renvoient la lumière que le stroboscope et divers projecteurs martèlent dans cette salle. Je suis captivée par ses fesses que j'imagine sans cette jupe. Je consens à poursuivre mon observation en me concentrant sur ses bas. Belle dentelle qui me laisse présager du reste. Ses jambes s'allongent grâce à la paire de talons qui continuent ses chevilles. Mon corps est en alerte et je me retrouve collée à son dos. J'entends que l'on parle de moi.

- Elle est de retour, murmure-t-on dans la foule.

La jolie blonde se laisse approcher sans mal. Elle appuie son séant contre mon bassin pour me transmettre ainsi sa cadence. Je suis ce rythme sans souci. Elle se cambre et secoue la tête pour m'enivrer. Le pire c'est que ça marche. 

Fortuitement vôtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant