PDV IRIS
Lui.
Sans tourner la tête je savais qui c'était.
Lui.
C'était son parfum.
A Lui.
-Fumer, c'est mal, fut la première chose qu'il me dit.
Je voulus lâcher un rire moqueur mais je n'en fis rien n'ayant pas envie de rire. Je me contentais de regarder l'horizon parisien sans rien dire.
Faire comme si il n'était pas là.
Comme si il ne m'avait pas parlé.
Ignorer sa présence.
Pour ignorer que mon cœur, en cet instant, battait la chamade.
-Arrête de m'ignorer, m'ordonna-t-il d'une voix dure et en même temps peu sûre.
Je ne cillais pas. Mes yeux ne voulaient pas bouger. Ils restaient fixés sur la capitale parisienne.
-Tu m'as ignoré pendant deux ans, alors arrête, continua-t-il tentant de me faire réagir.
Cette fois, je réagis.
Comment pouvait-il dire ça ?
Comment avoir l'audace de me dire ça ?
Quel culot Idriss !
Je fis volte-face face à lui et il fut tellement surpris qu'il sursauta presque. Je plantais mes yeux dans les siens et à ce moment-là, mon cœur s'arrêta rien qu'un millième de seconde puis se brisa en des milliers de morceaux. Il n'avait pas changé. Il avait le même visage. Le même putain de visage qui m'avait fait craqué et qui me faisait toujours craquer. Sa barbe lui donnait toujours autant de charme et ses yeux noirs impénétrables le rendait toujours aussi mystérieux. Moi, j'avais appris à lire dans ses yeux. Ils n'étaient pas aussi mystérieux et secret qu'ils le laissaient prétendre. J'aimais ses yeux. Quand il me regardait. AVANT.
-Tu rigoles j'espère ! M'emportais-je en pointant mon doigt sur son torse. A ce moment, je tournais la tête vers l'intérieur de l'appartement mais la musique était tellement forte que personne ne pouvait nous entendre, ni nous voir tellement ils étaient occupés.
-Je t'ai envoyé des lettres, des tas de lettres, continuais-je en colère. Auxquelles tu n'as jamais daigné répondre. Alors de nous deux, c'est toi qui m'a ignoré.
Quand j'eus finis mon monologue, je me reculais de lui, réinstallant une distance digne de ce nom. Il me fixait, les yeux remplis d'incompréhension.
-De quoi tu parles ? Me demanda-t-il perdu. Quelles lettres ?
Je lâchais un léger rictus. Il me prenait pour une conne en plus. Je soufflais de rage et me retournais mon rentrer dans l'appartement de mon frère mais Idriss me retint par le bras.
-Ecoute, j'ai vraiment pas la force que tu me prennes pour une conne ce soir. Bonne nuit Idriss.
Je me défis de son emprise et entrais. Je traversais le salon sans me faire remarquer puis je partis. Je dévalais les escaliers de l'immeuble en tentant de réfréner mes larmes.
Ne pas pleurer.
Ne pas pleurer.
Ne pas montrer sa faiblesse.
Ne pas être faible.
C'était facile à dire.
Beaucoup moins à appliquer.
Une fois dans la rue, je pris du temps pour respirer l'air frais de la nuit et entamais le trajet jusqu'à la colocation. Seulement, je ne m'attendais pas à ce que quelqu'un me tire par le bras me forçant à me tourner vers lui.
Idriss.
-Explique-moi, me dit-il d'une voix presque douce et triste.
-Non, toi, explique-moi.
Il secoua la tête.
-J'ai pas reçu tes lettres Iris, avoua-t-il.
C'était la première fois qu'il prononçait mon prénom depuis mon retour et dans sa bouche ça avait toujours une signification particulière. Malgré toute la colère qui m'emplissait à ce moment et malgré tous les doutes qui m'assaillaient, je savais qu'il était sincère. Il disait vrai. Je le voyais. Je pouvais le voir dans ses yeux. Comme avant.
Le truc qui me dérangeait maintenant, c'était : où étaient passées mes lettres ? Quelqu'un les avait forcément intercepter. Mais qui ? Et où ? Était-ce quelqu'un en France ou en Grèce ?
Alors que j'étais en train de me prendre la tête, Idriss me sortit de mes pensées et me fit aussi réaliser que nous étions encore l'un face à l'autre.
-Tu m'en as envoyé beaucoup ?
J'acquiesçais.
-Au début, une par mois, puis comme tu répondais jamais je suis passée à une tous les quatre jusqu'à plus du tout.
Il esquissa un léger sourire.
-Qu'est-ce que t'as pensé ? Me demanda-t-il.
-Comment ça ?
-T'as pensé quoi du fait que je répondais pas ?
Je secouais la tête. Il était malin mais je n'allais sûrement pas lui dire le fond de ma pensée sur ça. Pas maintenant. Pas dès mon retour. Idriss aimait que tout lui tombe tout cru dans la main et moi, je détestais faciliter la tâche aux gens.
Dommage.
Il comprit qu'il n'aurait pas de réponse ce soir. Ça aurait été trop simple sinon.
Il fronça les sourcils puis repartit vers l'immeuble de mon frère sans un mot. Quant à moi, je repris mon trajet.
Quand je fus à la coloc', il était deux heures du matin et tout le monde dormait. J'essayais de faire le moins de bruit possible. Une fois couchée dans mon lit, malgré la fatigue, je ne parvins pas à m'endormir. La soirée repassait en boucle. Ma discussion avec Idriss repassait en boucle. Revoir ses yeux plonger dans les miens s'étaient comme si je n'étais pas partie, comme si ces deux dernières années s'étaient envolées.
Peur.
J'avais peur.
Peur de ce que je ressentais.
Peur de qui allait suivre.
Peur du passé.
Peur du présent.
Peur de l'avenir.
Peur.
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La sœur de mon frère, c'est ma sœur // FRAMAL [TOME 1]
FanfictionIris Samaras est la sœur du célèbre rappeur Nekfeu. En 2013, à la suite d'un drame, elle décide de partir se ressourcer et se retrouver en Grèce, son pays natal, le pays de son cœur. Mais lorsqu'elle revient sur Paris, deux ans plus tard, elle ne s'...