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Je t’entends, Rémi, je t’entends mais ce n’est pas ton cas. Tu es trop loin, trop loin de moi, trop loin de nous, tu ne veux pas te rapprocher, tu ne fais que t’éloigner. Si nos corps pouvaient se toucher, si nos corps, Rémi, pouvaient entrer en contact, je prendrais ta main, et la poserai sur ton cœur, tu sentirais les battements de celui-ci contre ta poitrine, puis je la placerais cette fois sur mon cœur, pour que tu me sentes aussi. Oui, oui, Rémi, nous sommes en vie.

Et chaque petit soir et chaque petite nuit que tu passes à larmer presque sur la lune, du moins si loin de la terre, j’entends les basses du piano que tu ne joues plus. Mais mon corps, lorsque tu jouais, lorsque tes mains courraient le clavier, caressant les touches avec la douceur d’un homme brisé, mon corps, il frissonnait, il tremblait, et mon cœur battait. Tu faisais battre mon corps.

Maintenant que tu ne joue plus, je me contente de l’air que tu souffles avec peine et de tes yeux, plongés, non, noyés dans le vide. Je tente parfois de capter ton regard mais je reste dans l’ombre, préférant t’observer sans être vue. Je regarde ta belle vie, noyée et non plongée, dans le gris, mais surtout dans l’oubli.

Rémi, tu as oublié ta vie.

RémiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant