Je sentais le courage monter, battre dans mes veines à la mesure d'un cheval élancé au galop, les détonations des sabots cognant contre le sol. Je sentais l'adrénaline monter dans mon ventre et s'emparer de mon coeur, s'emparer de mes mains moites et tremblante. Je sentais que le moment était venu, comme ma mère a senti le moment où je venais au monde, je sentais celui où je le quittais. C'était comme un train, et si je continuait à regarder mes ongles s'enfoncer dans la paume de mes mains j'allais le rater. Alors j'ai pris les choses, j'ai pris le problème, je l'ai tordu, tourné dans chaque sens pour en faire ressortir la solution parfaite : une mort sereine et discrète. Il eut pris du matin jusqu'au soir pour qu'enfin je puisse me procurer de ces substances que l'on utilise pour euthanasier les chiens, les chats ou quelqu'autre créature lorsqu'ils souffrent trop, mais lorsque le produit fût entre mes mains, le soulagement était intense : plus que quelques heures et tout serait finit. Je marchais hâtivement à mon appartement, mon cœur battant la chamade, les papillons dans mon ventre, les yeux humides de bonheur : j'avais eu le coup de foudre pour la mort et m'apprêtais à l'embrasser.
La porte verrouillée à deux tour et demi, les fenêtres fermées et les rideaux tirés, je me plongeais dans un état de débauche pour ne plus rien sentir et pour ne pas perdre toute ces sensations dans lesquels je vivais durant ces derniere mois. Je fumais et m'enfumais, je perdais la tête et l'esprit, du moins le peu qu'il m'en restait. Je saisissaisla seringue, me piquais comme Aurore sur le rouet, puis j'allais me coucher pour un sommeil éternel, sans être réveillé par le baiser d'une douce princesse.
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Rémi
PoetryRémi est petit. Rémi écrit, il écrit les jours, le temps qui passe, Rémi raconte, Rémi dit, mais il ne parle pas. Rémi n'ouvre pas sa bouche, ne bouge ni ses lèvres, ni sa langue. Rémi est triste, mais il est courageux, ou peut être pas tant que ça...