Plus j'avance plus je tourne en rond, j'ai l'impression de marcher dans le vide.
Pas après pas, j'ai l'impression que le temps passe et qu'je me suicide.
J'essaye de garder l'cap, j'regarde droit devant moi mais je me rend compte que j'y vois pas. C'est comme une espèce de brouillard qui me force à reculer.
A croire que si j'avance, il y aura rien de l'autre côté.
Mais qu'est-ce qui pourrait m'arriver hein ?
J'attends plantée là comme un poteau de téléphone mais j' capte rien. Je comprend pas comment j'en suis arrivée là, comment j'ai pu laisser tout ça m'arriver, comment j'ai arrêté de croire en mes lendemains.
Alors je me débat comme une furie puis je m'épuise, j'me lasse, j'passe à autre chose et j'subit.
Si j'avais la force de me battre, j'crois que je rendrais les coups. Mais c'est bien plus confortable de rester à genoux.
J'suis spectatrice de ma propre vie et j'arrive pas à en reprendre les rênes. Je m'agite dans tout les sens, j'essaye de m'convaincre que j'vais finir par me réveiller, pourtant il y a que dans mes rêves que j'ai la force de lutter.
Alors j'fais défiler mes journées dans le prisme de mon crâne, j'abandonne pas le réel, j'crois juste que j'ai baissé les armes.
Tout semble plus beau quand c'est pas pour de vrai. Parce que j'pourrais être une héroïne comme j'pourrais être la pire des enculées.
Je peux enfin me lâcher, dire tout ce que j'ai jamais osé raconter, personne ne s'en souviendra. La seule personne qui pourra me trahir, c'est moi.
J'me lève plus que pour me recoucher, j'crois que l'marchand de sable est devenu un pote imaginaire de ma psyché détraquée. J'crois que j'crois plus en rien sauf aux bras de Morphée, alors j'dors toute la journée.
Puis j'ouvre les yeux et rien n'a changé.
Toujours les mêmes cris qui m'ordonnent de devenir quelqu'un que j'ai jamais été, mais faut croire qu'il y aura toujours des gens pour m'aider à couler. Alors je me laisse faire et j'retourne à la nuit. Elle sera toujours plus douce avec moi que les gens qui m'ont donné la vie.