" Non. "

Chapitre 29 (4)

Mamadou ne répondit pas. Ken lui sut gré de son silence, même s'il était teinté de réprobation. Alors qu'ils se dirigeaient depuis quelques minutes vers leur appartement qui était également situé dans Manhattan, Athénaïs que Ken avait blottie contre lui s'arrêta, se libéra de son bras et baragouina un « J'crois que je vais rentrer chez moi. » fatigué. Un juron lassé émana du Malien tandis que Ken s'armait de patience.

« Non, Athé'. Tu vas dormir chez nous. C'est mieux. »

Elle secoua négativement la tête.

« Non. Je vais rentrer. J'suis pas loin en plus.

- T'es pas en état...

- Si, si, insista la Malgache. Je ne suis pas bourrée, Ken, t'inquiète. Je ne sais pas s'ils ont dilué leur cocktails mais c'est pas monté du tout.

- Non mais même, il est tard, là. Je ne te laisse pas comme ça.

- Mais je dormirai où ? fit Athénaïs, avec un minuscule sourire qui laissait présager qu'elle connaissait déjà la réponse de Ken qui comprit là où elle voulait en venir.

- On fera rien, fit Ken tout bas, pour éviter que Mamadou n'entendît ce qu'ils se disaient. Je te promets.

- On doit arrêter ce genre de choses, lui expliqua la jeune femme sur le même ton. Ca va finir par dégénérer et je t'avoue que... je ne suis pas d'humeur à résister à quoi que ce soit, en ce moment. »

Ken resta ébahi quelques secondes. Il ne savait comment réagir, ni que penser. Il trouvait cet aveu aussi impudent qu'imprudent de la part d'une fille dont le principe était quand même de rester vierge jusqu'au mariage. A moins que son ras-le-bol s'étendît au-delà de ses convictions.

De l'autre côté, Nek Le Fennek refaisait lentement surface : s'il ne se permettrait pas d'aller jusqu'au bout, un moment câlin avec elle était une idée très tentante. Empoigner ses cheveux courts, comme s'il s'agissait d'une autre alors que c'était encore elle. Une autre Elle.

« ... Mais je ne peux pas faire ça avec toi. »

Interloqué, Ken voulut savoir ce qu'elle entendait par là mais Mamadou l'interrompit.

« Bon, on fait quoi ?

- Je rentre, répondit Athénaïs d'une voix qu'elle essaya de raffermir, malgré son épuisement.

- Attends...

- Ken, c'est bon. »

Non, ce n'était pas bon !

« ... T'es pas loin d'ici, Say' ? s'assura Mamadou.

- Non.

- Bah sinon Nek', raccompagne-la. Je t'attends à l'appart'. »

Le coeur de Ken se gonfla de fierté : un vrai frère, ce gars. Le meilleur.

« OK. »

Un regard entendu plus tard, Mamadou poursuivit sa route vers le centre de l'Upper West Side, laissant Ken ramener Athénaïs à Manhattan Valley.

Après quelques secondes de marche sans échanger un mot, sur la longue rue illuminée par les vitrines de boutiques de prêt-à-porter, Athénaïs brisa le silence d'un ton embarrassé.

« Tu n'étais pas obligé.

- T'inquiète pas pour ça. »

Nouveau blanc.

« Qu'est-ce que tu entendais par « Je ne peux pas faire ça avec toi. » ? »

Une minute s'écoula. Ken supposa qu'il n'obtiendrait aucune réponse. Finalement, Athénaïs ouvrit la bouche.