PARTIE I: Frissons Au Cœur

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Deux ans après l'obtention de leur baccalauréat, Lu et Titi sont persuadés d'être bénis par le ciel lorsque leur demande d'inscription est acceptée dans la même université.
Quelques mois plus tard, majeurs et vaccinés, ils emménagent ensemble et vivent la plus belle, puissante et passionnelle histoire d'amour jusqu'à ce fameux  jour où Theresa a cru qu'elle allait y rester cette fois.

Un peu plus d'un mois plus tard.

Assis dans le couloir, en face de trois corbeilles qui débordent de papiers froissés et une bouteille d'alcool à moitié vidée, Louis saisit le clavier de son téléphone, il semble n'avoir plus besoin de brouillon, il a enfin trouvé ce qu'il cherche à lui dire depuis ces longues semaines:

« Bonjour mon Amour

Je sais que je ne devrais plus, mais je ne peux m'empêcher de t'appeler ainsi.

Après la trois-cent sixième feuille blanche depuis ton départ avec la moitié de mon cœur, j'ai décidé de solidifier ici, le reste de mes larmes.

Comment vas-tu? Oui, cela m'intéressera toujours.
Comment je vais ? Si cela t'intéresse encore, sache que je vais comme celui qui essaye de survivre avec la moitié d'un cœur, puisque l'autre moitié se trouve dans ta valise.

Je pourrais commencer par te décrire ma journée en te disant que le matin à la place du café, je broie du noir.
Et le midi, à la place du déjeuner, j'arpente en délirant, les couloirs à la recherche des sons de ta voix me traitant de gourmand et de fainéant.
Tiens, j'ai beaucoup maigri maintenant, si seulement tu étais là pour me voir.
Quant au soir, le soir, mon Amour, je...
Le soir est un enfer Theresa.
Je reste dans la nuit noire à reécouter encore et encore ma voix te demander où tu es et espérer que la tienne me réponde que tu es revenue pour me sauver de mon éternel démon et de mes frissons au cœur.

Ta voix me manque bébé, oui ta voix douce et cruelle.
Celle-là, dont le hurlememnt de la dernière fois me torture et me hante sans cesse.
Celle-là même que tu as posée sur le répondeur en me disant que tu n'en pouvais plus.
Que tu sombrais à mes côtés et que notre histoire que je croyais pourtant invincible devrait s'arrêter.

Je dors au pied de notre lit et dans le noir parce que la vue de ton ombre  sur ton côté me donne des hallucinations.
Ton absence me hante et j'ai peur qu'elle m'arrache la vie.

Je te demande pardon pour tout ce que je t'ai fait, non; pour tout ce que Alkholia t'a fait. Cette sorcière qui s'est mise entre nous et qui m'a obligé à te faire tout ce mal.

Je sais que c'est pathétique ce que je fais, parce qu'il est une évidence qu'un homme ne devrait pas pleurer encore moins pleurnicher.
Mais que veux-tu que je dise à mon cœur et à mes yeux qui veulent désespérément crier leur peine ?

Tu me manques Theresa.
J'ai pensé à en finir mais que deviendrais Narati ? Notre petite princesse que tu as insisté pour qu'on adopte? Hein, dis-moi ?

Tu me manques atrocement Titi, ainsi qu'à Nathy.
Me l'avoir laissée est une torture. Ma fille sans sa mère à nos côtés est une double peine.

Pourquoi bébé?
Le vide laissé par ton absence, tente de me convaincre que tu es vraiment partie.
Mais il refuse, mon cœur refuse de l'accepter.
Tu m'avais prévenu qu'à ma prochaine forfaiture, tu partirais. Et moi l'idiot qui te prenais pour acquise reste là, maintenant à se demander si tu l'as vraiment fait.

Hum, je me souviens qu'à chaque fois que tu me menaçais, je te répondais en rigolant que j'en trouverais une autre au coin de la rue et que surtout, tu ne pouvais survivre trois jours loin de moi.
Mais tu sais quoi bébé? Aujourd'hui, toutes les rues de la ville me semblent désertes.
Parce qu'aucune de ces créatures que je ne pouvais m'empêcher de reluquer autrefois n'est et ne sera jamais toi.
Je ne cesse de te chercher en elle et mes yeux les traversent comme si elles étaient des fantômes.

Tu me manques Titi, mon cœur a froid de ton absence et j'ai développé depuis ton départ cette pathologie que le docteur a appelé " des frissons au cœur."

Ce matin, c'est la fête des amoureux et... Tu n'es plus là pour recevoir mon spécial « je t'aime» et me donner le mien.

Je t'aligne depuis des «Pourquoi tu es partie? » et des «Pourquoi tu ne reviens pas ? »
Des « Qu'est-ce qui m'as pris?» et des Qu'est-ce que j'aurais dû faire ? » alors que je connais si bien toutes ces réponses. Mais mon cœur ne peut s'empêcher de te les poser.
Parce que quelques fois, parce que quelques fois, Theresa, les questions sont compliquées, mais les réponses sont simples.
Mon cœur se torture de ces énigmes qui n'en sont pas parce qu'il a peur d'assumer sa culpabilité.
Il n'ose affronter les vraies qui devraient me remettre en cause parce qu'il a peur que tu lui balances la vérité.
Cette vérité si cruelle mais si simple qui est pourtant ma pire terreur.
Oui, je te pose les mauvaises questions parce que j'ai peur d'assumer ton unique réponse.

Toutes ces interrogations sont vraiment complexes et se bousculent dans ma tête mais aujourd'hui je suis sûr d'une chose:
Le plus fort de nous deux ce n'était pas moi et le plus lâche de nous deux, ce n'est pas toi.

Je ne veux pas te laisser, mais comme mon cœur, mes doigts sont en train de craquer.

Bonne fête ma Valentine pour la vie.

Ton Lu, ton Amour.»

Il envoie sa lettre électronique, avale des gorgées de sa bouteille et plaque sa tête contre ses jambes ramenées contre sa poitrine et... se met à pleurer.

Environ une heure plus tard, le bip de son téléphone fait sursauter Louis de son sommeil.
Il se relève du sol, ouvre et lit son message, le cœur haletant.

ALKHOLIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant