Mr. Caïn

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- Je souhaite devenir écrivain et possède ma propre bibliothèque avec plus d'un millier d'ouvrages. La lecture est l'évasion la plus totale.

- Tu es une littéraire ? 

Je hoche énergiquement la tête.

- Être transporté dans un monde, un quotidien qui n'est pas le sien tout en restant chez soi, est un merveilleux voyage.

- Le mieux, c'est encore de faire soit même ce voyage 

- Tout dépend de l'histoire. Certaines ne donnent pas envie de les vivre, loin de là !

- Pourquoi se réfugier dans les romans plutôt que de vivre toi-même ta propre vie ? 

- Tout simplement pour ne pas avoir à penser à la mienne, soupiré-je

Parler avec Caïn devient si facile. Il m'écoute, intervient, mais ne me juge pas.

- C'est pour ça, tu as décidé de tout plaquer pour venir t'installer ici ? 

- Quitte à être seule, autant être et faire ce que je veux, que je sois ici où là-bas

Une étincelle étrange s'allume dans le regard de mon interlocuteur, ce qui me fait sortir de mes gonds

- Tu trouve ça marrant ? 

Il se lève en me faisant signe de ne pas bouger et revient quelques minutes plus tard avec un verre sans pieds. 

- C'est quoi ? 

- De l'eau pétillante 

- Merci 

Quelle attention ! Je ne suis pas habituée à cela, il joue les serveurs maintenant, ce qui n'est pas une activité d'aristocrate. La soirée continue, nous discutons tranquillement en sirotant nos contenus bulleux. Quand Sara vient me chercher pour partir, Caïn insiste pour me ramener plus tard. Sara en profite pour se faire raccompagner par un charmant brésilien, ce qui l'arrange visiblement beaucoup.

Malgré le Perrier, je suis de plus en plus mal. La tête me tourne et mes pensées ne se rangent plus correctement. Quand je decide de mettre fin à la soirée en me levant, je le regrette aussitôt. Je me laisse lourdement retomber sur ma chaise. Je voulais être comme une jeune femme normale, et me voilà presque saoule devant les hommes les plus influents; 

Caïn nous fait traverser la salle afin que je puisse prendre l'air. Au passage, je remarque que Sara avait dit vrai, l'ambiance est beaucoup plus décontractée. Les cravates sont retirer, les joues rosées et les voix éraillées. 

Une fois dehors, la fraîcheur titille ma lucidité. Je marche quelques mètres avant de m'adosser contre un immeuble , je retire mes talons et reprends mon chemin en titubant maladroitement. Caïn me suit en me suppliant presque de retourner me mettre en sécurité. Un haut le cœur me soulève l'estomac, j'ai juste le temps d'atteindre une jardinière pour vomir tout ce qu'il n'assimile plus. Je sens deux bras forts me soutenir, jamais personne ne s'est ainsi soucié de moi. Ces attentions pour moi sont si nouvelles que je n'y vois que de la gentillesse.

Une fois le ventre vide, je m'essuie la bouche avec un mouchoir avant de me relever, je me sens mieux mais il ne me lâche pas pour autant.

- Je suis désolé de mon état, je vais rentrer 

- Laisse moi te raccompagner 

- Non c'est bon, j'ai besoin de marcher 

- Tu compte rentrer seule dans cet état ?