Michael se leva en sursaut, redressant son buste à la verticale en une fraction de seconde. L'alarme de son réveil retentissait dans son 15 mètres carré avec ce foutu son strident qui lui assourdissait les tympans. Il lâcha un soufflement d'agacement ; tenta de se recoucher pour retourner à son rêve où sa moitié l'attendait, mais le son de l'alarme l'arrachait de plus en plus de ce monde idyllique pour le ramener lentement à la réalité. Il était bien célibataire, et depuis longtemps en plus de cela. Il s'était dit qu'il allait changer cette alarme la première fois, il y avait de cela maintenant deux semaines, en fait, dès la première matinée où elle avait retenti. Il se leva tant bien que mal après avoir éteint l'alarme d'une gifle. Il était 14 h 40. Il enfila un jean délavé bleu denim et un t-shirt blanc cassé avec inscrit dessus "l'homme à ma droite est un con". Il alla dans sa cuisine, qui se trouvait juste en face de son lit en traversant la baie vitrée, seul point positif de son taudis. C'était un taudis en partit à cause de lui, il fallait bien l'avouer. Des piles de vêtements jonchaient le sol, désarticulés, la laverie ça coûte une fortune. Des bouteilles de bière consommées depuis une semaine pour les plus récentes étaient encore couchées sur sa table basse. Ainsi se mêlaient une odeur de t-shirt en sueur et d'alcool fermenté. Se rendant compte, car son nez n'était pas bouché à ce point là, de l'odeur perfide de son appartement, il se décida à ouvrir sa baie vitrée pour aérer et profiter de sa minuscule terrasse pour boire son café qu'il venait de préparer. Il avait 19 ans et ne s'était pas encore vraiment habitué à cette vie seul sans parents pour l'aider. Il était venu sur la capitale pour ses études, il étudiait à la fac mais il y allait seulement pour les examens, ses cours lui étaient envoyés par un ami qui le croyait malade. Technique banale mais efficace sur les plus crédules. Il s'assied sur une chaise en plastique blanc, déportant son regard sur les immeubles en face. Il prit une gorgée de café puis, en une fraction de seconde, ses yeux s'écarquillèrent à leur maximum, il recracha son café sur la table de sa terrasse et son cœur tambourina avec force sa cage thoracique. Juste en face de lui, sur le bâtiment devant lui, à travers la baie vitrée, une femme frappait quelque chose au sol avec un marteau, le côté pointu du marteau. Au moment où Michael avait regardé en sa direction, un jet de sang frappa le visage de la meurtrière signant la fin de la vie de sa victime.
Michael perdit l'équilibre et faillait tomber contre le dos mais parvint à se rattraper de justesse avec sa main gauche qui prit appuie instinctivement sur la table. La femme se retourna d'un mouvement de tête vif vers lui, jetant un regard aussi épouvanté que Michael. Elle se mit face à la baie vitrée en continuant de le fixer de ses iris d'un bleu glacial. Ce moment dura quelques secondes mais passèrent comme des heures pour les deux protagonistes. Ils se jaugeaient du regard. Puis Michael revint brutalement à la réalité dans un sursaut, Merde cette cinglée venait de tuer un homme, fuir, il faut que je fuis merde !. Il se retourna, et prit la fuite en détalant comme un lapin, il chopa son téléphone portable au passage prit la peine d'enfiler ses baskets à moitié, laissant ses talons à l'air libre et claqua la porte de son appartement avec force. Il dévala les escaliers à toute vitesse manquant plusieurs fois de tomber en pensant qu'il n'avait même pas fermé à clé son appartement. Mais il y avait plus important, il était témoin d'un meurtre et le meurtrier n'allait sûrement pas le laisser filer sans rien faire. Une fois arrivé dans la rue, celle de l'autre côté de l'immeuble de la femme, il interpella un taxi qui passait justement, comme un cadeau divin et lui donna l'adresse d'un parc à l'autre bout de la ville qu'il connaissait bien car il allait s'y promener chaque week-end. Au moment où le chauffeur démarrait, la femme arrivait en trombe dans sa rue aux pédales d'un vélo rouge. Le cœur de Michael redémarra au quart de tour alors qu'il se sentait "à l'abri". Il tenta de se faire tout petit sur le siège en se recroquevillant le plus possible mais il était déjà trop tard, elle l'avait vu depuis le début et se lançait déjà à sa poursuite en faisant des signes de mains comme pour lui demander de s'arrêter. À quoi jouait-elle ? Comme s'il allait la laisser le massacrer. Il fit signe au chauffeur de se dépêcher en inventant qu'il avait un rendez-vous professionnel urgent mais malheureusement la circulation était dense et le taxi fut bientôt obligé de s'arrêter à un feu rouge. L'attente fut interminable mais la meurtrière n'était plus dans les parages, Michael fixait tantôt le feu de circulation priant pour qu'il passe au vert et tantôt derrière lui, priant pour que la femme les ait perdus de vue. Malheureusement, celle-ci arriva avec encore plus d'acharnement, manquant de renverser plusieurs piétons qui traversaient le passage piéton. Elle arriva rapidement à la vitre de Michael et tambourina avec son poing celle-ci comme pour l'interpeller. Michael se dit qu'elle était vraiment cinglée cette femme et n'osa pas la regarder dans les yeux, paralysé par la peur. Enfin, le feu vira au vert, et le chauffeur, qui avait exprimé son mécontentement envers la femme qui frappait contre sa vitre, démarra au quart de tour afin de semer la femme ce qui soulagea Michael. La femme ne perdit pas espoir pour autant et continua à pédaler tandis que son image se faisait de plus en plus lointaine jusqu'à disparaître complètement au bout d'un temps. Michael exprima un second souffle de soulagement mais plus discret cette fois-ci, il fallait qu'il reste sur ses gardes, il surveillait chaque vitre du taxi, ses sens étant en alerte maximal mais la femme semblait ne pas pourvoir les rattraper et ils ne croisèrent plus aucun feu rouge sur le chemin pour le plus grand plaisir de Michael.
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Vicious Circle
Short StoryMichael est un étudiant tout à fait banal qui est installé depuis peu à Paris pour ses études. Son quotidien d'adolescent flemmard bascule lorsqu'il est témoin d'un meurtre et que l'agresseur le poursuit sans relâche.