La disparition

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L'histoire a toujours récompensé l'abnégation résignée des hommes qui luttent sans se plaindre et accomplissent sans profit de grands œuvres au cours de leur vie, comme le ressassent les récits du passé. Il me paraissait avec clarté que ce combat pour la femme que j'aime était mon plus grand défi. Ce challenge je me disais, allait faire de moi une figure mythique pour les amours classées impossibles dans les années à venir.

Ce serait un des plus merveilleux étonnements de l'avenir que de nobles êtres qui au milieu du chao eurent lutté et suivirent leur désir et ce malgré la prohibition qui leur avait été prodiguée et réussirent à triompher sans jamais tergiverser dans leur foi, dans leur intime conviction de croire que les choses finiraient par se concrétiser par une réussite. Le changement et l'incertitude sapent la confiance en soi nul doute là-dessus mais ne purent immoler la volonté et l'engagement qui s'exhibent dans le cœur de l'individu qui se batte pour une quête supérieure au même titre que l'amour comme quoi que celle-ci est un feu que la peur ne saurait éteindre mais plutôt inéluctablement ravive et constituerait une source de motivation inépuisable.

Quoi que fassent ceux qui rechignent à accepter l'évidence ceux qui se battent avec acharnement pour la vérité et l'amour finissent toujours par trouver un moyen de rompre le mal et de s'offrir ce qui leur est dû.

Ceci dit il fallait désormais réfléchir à la tactique à adopter pour ne point succomber devant l'adversité.

M'est avis que ces apparences que les circonstances nous laissaient voir exprimaient tout simplement une grande extravagance qui, jointe, comme il advient, à de la naïveté nous conduirait à une ruine certaine.

Ramatoulaye et moi avions une raison nouvelle de croire à notre union future, en tout cas nous avions l'intime conviction que cela arriverait un jour.

Parfois quand on y pense la raison nous rattrape et l'on constate qu'il y a de ces personnes qu'on ait besoin comme un cœur ait besoin de battements. On a comme l'impression d'exister que pour elles et Ramatoulaye était ces genres de personne pour moi. Je n'ai jamais songé à l'avenir vivre ma vie sans elle. Cela dit l'idée d'avoir à l'esprit une pensée telle qu'une personne pourrait me l'arracher m'était insupportable et me mettait hors de contrôle. Ainsi j'ai compris qu'en fait mes réactions face à la situation actuelle, à laquelle j'étais confronté, étaient en réalité jalousement biaisées et s'expliquaient par la crainte de l'échec, un sort, un choc dont je ne me serais jamais remis.

Dans l'univers des sentiments l'amour est un jeu d'émotions où la jalousie illustre une bien triste réalité.

Elle traduit souvent une dévotion aiguë, une affection excessive, une obsession protectrice, une volonté dévorante et indéfectible d'abréger la concurrence émotionnelle. Cette crainte indescriptible que la personne que l'on aime éprouve une attirance pour quelqu'un d'autre demeure dans le cœur de chacun de nous.

En réalité ce n'est pas dans la douleur d'une tendresse déçue qu'elle réside mais plutôt dans l'instinct de propriété, dans le désir de posséder. Il faut croire que dans les rivages de la passion notre bonheur ne s'épanouit dans la pleine saveur que lorsque notre conjoint nage dans la culpabilité, dans la peur et dans le doute. Cette attitude instinctive nourrit en général un sentiment de rejet permanent à l'égard de tout individu susceptible d'attirer l'attention de l'être aimé. Cela peut être apprécié à l'image d'une confiance déficitaire, qui rend l'être aimé suspect d'une certaine manière. Quoi qu'il en soit je n'arrivais pas et je ne voulais en aucun cas d'ailleurs, sous aucun prétexte quel qu'il soit, envisager une éventualité où la solitude serait la seule issue dont j'aurais à me contenter. J'étais prêt à renoncer à tout réconfort mis à part sa présence dans ma vie et à mes côtés.

Ramatoulaye 🌹[Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant