Le Voyageur

Alter Ego

Bien que sa mère lui ait proposé de rester à la maison, Castiel aurait ressenti de la culpabilité à rater un jour de cours. Son sac sur le dos et ses écouteurs calés il marchait vers son lycée sans grande hâte. Dans sa tête il réfléchissait à sa vision, elle commençait à l'obséder, à le hanter. Il revoyait les monstres, la lumière, les hangars... plus il y réfléchissait, plus il sombrait dans la perplexité. Après tout ce n'était qu'un rêve étrange, il aurait pu l'oublier comme de nombreux autres mais celui-ci avait une aura particulière, il le ressentait comme un message qu'on aurait voulu lui faire passer mais dont il ne comprends ni le sens, ni le but. Toute la journée il émettait des hypothèses, retournait des suppositions, tordait des réalités. Cependant il ne parvenait qu'à des idées plus saugrenues les unes que les autres et surtout invraisemblables. Il essayait de ne plus y penser mais comme une sangsue la vision lui collait à l'esprit et le martyrisait. Plusieurs mois plus tard il avait réussi à s'en détacher mais elle restait toujours là, dans un recoin de sa tête, à l'observer jusqu'au jour où il fit de nouveau un rêve étrange. Il se voyait dans un immense marché qui lui rappelait les bazars des pays orientaux. Néanmoins il n'était pas peuplé d'humains mais de bêtes sortit tout droit d'un esprit tourmenté. La chose la plus curieuse était qu'il n'était absolument pas apeuré ou même étonné de voir de telles créatures. Au fur à mesure qu'il marchait dans les allées du souk son pas s'accélérait et il n'avait de cesse de regarder son avant bras, et d'agir comme si une carte de l'endroit y était tatouée. De plus son accoutrement était des plus originaux. Sa veste de cuir noir était plaquée de rectangles de métal brillant, sa ceinture portait au moins cinq armes différentes dont un cylindre fluorescent, qui, potentiellement rappelait l'apparence d'un bâton de dynamite. Cependant le plus singulier de sa tenue restait l'espèce de casque à viseur qu'il gardait relevé sur sa tête à la manière de simples lunettes.  Après avoir déambulé un moment, il s'arrêta à une échoppe dans laquelle un humanoïde corpulent dormait, le jeune homme le pressa de se réveiller en lui frappant l'épaule. La chose se réveilla bougonnant dans une langue d'un autre monde que son autre lui avait l'air de parler couramment puisqu'il lui répondit aisément sur un ton tout aussi agacé. S'ensuivit une discussion ressemblant à du marchandage au terme de laquelle, l'humain suivie le marchand dans sa tente à l'abris des regards. Il ouvrit un sac de graines et plongea sa main dedans semblant chercher un objet dissimulé. L'objet en question était un coffret carré en bois sombre de la taille d'une boîte à musique, il paraissait somme toute très ordinaire. L'humain le prit et le cacha dans sa veste sans même regarder sa contenance, et repartit le pas aussi pressé qu'à son arrivée. Le rêveur toujours endormi, spectateur de la scène regarda son autre lui partir restant seul avec l'extraterrestre qui semblait le fixer avec insistance. Castiel n'était pas réveillé mais avait pourtant pris conscience du fait qu'il rêvait. Il ressentit que tout à coup il faisait une chaleur à mourir et trouvait que le regard du marchand avait l'air perdu entre la curiosité et la l'incompréhension. Le doute l'envahit , rêvait-il vraiment ? Le commerçant avança vers lui d'un pas hésitant avec une expression de plus en plus hostile. Une fois au plus proche du garçon il le flaira pareil à un chien méfiant.  Et lorsque la chose tendit son bras, sa patte pour le toucher, Castiel fut tiré en arrière par une force inexpliqué. L'image se déforma, comme aspirée par son propre point de fuite, et les couleurs se mélangèrent en de vives teintes surnaturelles et éblouissantes. Il sentit le mal de tête revenir et paniqua, la douleur avait été telle la dernière fois qu'elle lui avait laissé des séquelles. Se réveillant en sueur il eut l'envie de se lever et de se diriger vers la salle de bain pour boire, comme la dernière fois, mais sa mère était debout à côté de son lit , le regard terrifié fixé sur son fils. Elle vint s'asseoir auprès de lui en lui touchant le front pour détecter une quelconque fièvre et pris son visage entre ses mains en le regardant droit dans les yeux.
"Est ce que tout va bien Castiel ? Réponds moi franchement."
Elle n'avait jamais parue aussi sérieuse et inquiète.
Il attendit quelques secondes avant de répondre afin de remettre de l'ordre dans sa tête. Cette simple question lui tira le larmes, il était terrifié, par lui même principalement et par cette situation inexplicable. Cependant il ne savait pas encore la raison pour laquelle sa mère était entré dans sa chambre et ce qui avait pu l'inquiéter à ce point.
"J'ai peur, je ne sais plus ce qu'il m'arrive, j'ai imaginé des centaines de solutions toutes bancales et farfelues pour expliquer ce bordel. Je n'arrive pas à comprendre ! " soupira t-il  en sanglotant sous les yeux de sa mère qui ne comprenait pas du tout de quoi il parlait, ce qui la fit s'inquiéter d'autant plus.
"Calme toi Castiel, explique moi ce qui te terrifie à ce point ?"
Il s'assit en tailleur dans son lit, face à sa mère et il lui raconta tout depuis le début, ses visions et leur réalisme déstabilisant. Après s'être confié comme il ne l'avait jamais fait auparavant, sa mère le regarda une fois de plus droit dans les yeux et lui expliqua sur un ton grave ce qui l'avait poussé à entrer dans sa chambre.
Elle plaçait une confiance aveugle en son instinct, et cette nuit là elle avait l'intense pressentiment qu'il arrivait quelque chose à son fils. Afin de s'assurer de sa sûreté elle se leva et se dirigea vers la porte de sa chambre. La maison baignait dans la pénombre, il devait être dans les environs de deux heures du matin. Au moment de poser sa main sur la poignée, elle marqua une pause, l'oreille aux aguets. D'étranges bruits provenaient de la pièce, semblables au son du vibreur que provoque un téléphone portable lorsqu'il est posé sur un meuble et qu'il alerte son propriétaire de l'arrivée d'une notification. L'ambiance devenait angoissante, ces bruits hors du temps et de l'espace provoquait la peur chez la mère. Elle se décida à pousser la porte donnant sur la pièce sombre mais familière, ne constatant rien d'anormal à première vue. Puis elle jeta un œil au lit dans lequel dormait son fils. Soulagée de voir que tout se passait parfaitement normalement, elle mis son pressentiment sur le compte de la fatigue et referma la porte discrètement en continuant de regarder son fils dormir, ce qui l'apaisait. Alors que la porte n'était pas tout à fait close, elle sursauta et la frayeur revint au triple galop, s'emparant de ses muscles et la paralysant de peur un instant. À peine avait elle eu le temps de cligner des yeux, son fils avait disparu de son lit. Elle rouvrit la porte aussitôt et le vit debout face à sa fenêtre regardant fixement le volet clos. La porte avait grincé camouflant le bruit qu'elle avait pu entendre avant d'entrer. Une pression presque palpable envahit la pièce, chuchotant à son esprit l'ordre de ne pas approcher son fils. Son cœur battait fort dans sa poitrine intensifiant sa respiration qu'elle tentait de rendre la moins bruyante possible. Le bruit détona de nouveau dans la pièce, cette fois ci elle le perçu et perdit son fils de vue de la même manière que la dernière fois. Cependant cette fois ci elle ne le vit pas réapparaître dans la pièce. Malgré la pression constante elle décida de se déplacer dans la chambre à la recherche de son enfant. Par instinct elle ouvrit le volet et le vis dans le jardin, toujours debout face à la rue et à son calme nocturne. Contrairement à la réaction qu'une mère aurait dû avoir en voyant son fils en pleine nuit dans le jardin, c'est à dire dévaler les escaliers pour le prendre dans ses bras et le ramener dans son lit, elle le fixa sans bouger un cil, jusqu'au moment où il disparut de nouveau, toujours accompagné par ce mystérieux son. La mère se retourna en entendant le bruit dans la pièce et vit son fils assis dans son lit, terrorisé.