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-Bonjour Bianca.

Mes yeux ne quittent pas le sol. Mes lèvres restent collées l'une à l'autre. Ma main gauche tente de dompter la droite.Mon sang bout. La chaleur y émanant cause les gouttelettes sur mon front. Mon visage se crispe.

-Hier était ton premier jour ici. Qu'en as-tu pensé?

La nourriture est infecte,

Les personnes sont méprisables,

Les murs évoluent vers la putréfaction progressivement.

J'ai passé la journée seule. Je suis sortie de ma chambre que pour les temps de repas.

Il hoche la tête.

-Tu m'as l'air tendue. Aurais-je dit quelque chose? Ou quelqu'un t'aurait contrarié avant que tu viennes ici?

Je le regarde de manière à ce qu'il comprenne que sa question est stupide.

-Rien que ma présence ici me contrarie. Je réponds finalement.

-Pour quelle raison? Il hausse un sourcil, intéressé.

Je hausse les épaules.

-Je ne devrais pas être ici.

Il note.

-Et où devrais-tu être?

Je lève les yeux vers l'horloge de son bureau.

-À cette heure, je prends une pause pour réfléchir, je devrais être en cours.


-D'accord. Imagine donc que tu es en cours et que ceci est une simple interrogation. Ça te va?

Je soupire mais me résigne à répondre. Si je réponds à toutes ses questions, il réalisera que je n'ai pas ma place dans cet endroit.

-Où sommes-nous?

-Au Tricky Air Asylum.

-Qu'est-ce le tricky air asylum?

-Un institut psychiatrique.

Je déglutis. Il analyse mon langage corporel à chaque question qu'il pose.

-Pourquoi es-tu ici Bianca?

Je me fige. J'arrête de respirer quelques instants. Je me concentre, sentant des larmes naissantes.

Il se remet à noter. Il n'attendait que ça.

-Apparemment, je prends une pause, j'aurais tué une personne, dis-je avec difficulté.

-Apparemment?

Je me mords la lèvre avant de fixer un point imaginaire.

Voyant mon trouble, il tente de changer de sujet mais je ne veux plus parler.

Le silence est le seul son discernable jusqu'à la fin du rendez-vous.

-Au revoir Bianca.

-Au revoir Dr. Harney.

Il ferme la porte derrière moi et je me retrouve face à mon garde personnel.

-On doit aller dans la salle de loisirs maintenant.

Je le suis sans rien dire. Je regarde les alentours, ne connaissant pas grand chose du bâtiment.

Je n'ai pas exagéré en disant qu'il était en phase de décomposition. Le sol est fait d'une sorte de faux marbre marquée vulgairement par la vieillesse, les murs, en accord avec le par terre, ont été peints d'un blanc virant de seconde en seconde au noir. Ils ont tenté de cacher ce changement de couleurs en accrochant des tableaux disgracieux par-ci, par-là.

Sweet Madness [Timothee Chalamet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant