La guerre des boutons: La fille de Longeverne

I: Je te présente Violette

Un garçon blond ouvrit discrètement une porte, un air espiègle sur le visage. Il entra sans faire de bruit dans la chambre et s'arrêta près d'un lit. Il eût un sourire malicieux.

Une touffe de cheveux blonds dépassait  de la couverture. Soudain le garçon prit son élan et sauta sur le lit. Une fille se réveilla en sursaut et le fit tomber par terre en le poussant du lit.

- Lebrac, tu es mort! Cria-t-elle.

- D'abord attrape moi!

Lebrac sortit de la chambre de sa sœur en riant, fier de son coup.

Lidja, quant à elle, s'habilla en vitesse et attrapa deux rubans. Elle nouerait ses cheveux plus tard, elle devait d'abord se venger de son frère.

Elle attrapa son sac d'école et descendit les escaliers à la hâte.

- Bonjour Papa, bonjour Maman !

- C'est quoi ce boucan ?! Demanda son père d'un air sévère.

- Lebrac m'a réveillé en sautant sur mon lit.

- Bon mange ton petit déjeuner, dit doucement sa mère.

- Je mangerai sur le chemin de l'école.

Sur ce elle attrapa quelques tranches de pain qu'elle fourra dans son sac. Lebrac entra dans la pièce, attrapa une tartine et bouscula légèrement sa sœur avant de sortir en courant.

- Lebrac, grogna Lidja.

Elle sortit elle aussi en courant et poursuivit son frère en l'injuriant.

- Si je t'attrapes je te tue!

- Mais oui bien sûr, ricana-t-il.

À un moment, le grand blond réussit à semer sa sœur. Elle s'arrêta et regarda autour d'elle, essoufflée. Elle vit Simone arriver, accompagnée d'une jeune fille que Lidja n'avait jamais vu.

Simone tenait un magasin à Longeverne et beaucoup de gens l'appréciaient car elle avait le coeur sur la main.

Lidja la salua gaiement.

- Bonjour Simone!

- Bonjour Lidja. Je te présente Violette, c'est ma filleule.

La blonde se tourna vers Violette et lui fit un grand sourire. La jeune fille était assez jolie. Elle avait des belles boucles brunes et un visage fin.

- Tu vas à l'école là? Demanda Simone.

- Oui, répondit Lidja.

- Tu veux bien montrer le chemin à Violette s'il te plaît ? Je dois m'occuper du magasin et je suis déjà en retard.

- Bien sûr !

Les deux jeunes filles partirent donc en discutant. Violette était très gentille et légèrement timide, mais pas assez pour les empêcher de rire et de parler. Lidja apprit que la jeune fille venait de Rennes et qu'elle était là à cause de la guerre.

La blonde lui parla des habitants du village, des conflits qu'il y avait et du caractère de chaque personne.

Elles arrivèrent bientôt à l'école. Elles s'assirent sur un banc et continuèrent de parler. Lidja remarqua qu'une grande partie des élèves regardait Violette, et la brune était visiblement mal à l'aise. Puis la blonde aperçut son frère et sortit un gros livre de son sac.

- Tu m'excuseras j'ai une affaire à régler, j'en ai pas pour longtemps, expliqua-t-elle à Violette.

Lidja se leva et arriva silencieusement derrière son frère, qui était assis avec son groupe d'amis. Personne ne l'avait vu venir et elle en profita. Elle s'approcha de Lebrac et lui donna un coup sur la tête avec son livre. Ce dernier sursauta et se tourna vers elle en frottant sa tête.

- Mais ça fait mal! Tu étais vraiment obligé ? Protesta-t-il.

- Vengeance, fanfaronna-t-elle. Bon je te laisse je retourne avec Violette.

- Alors c'est comme ça que s'appelle la nouvelle ?

- Oui.

Sur ces mots Lidja partit rejoindre Violette en souriant. En s'asseyant, Violette lui demanda :

- C'était qui le garçon blond?

- Mon frère. C'est un crétin qui cherche toujours la bagarre mais il a un bon fond, bien qu'il ait une mauvaise réputation.

- Ho, je comprends mieux le coup de livre, plaisanta-t-elle.

Lidja réalisa soudain qu'elle n'avait toujours pas attaché ses cheveux. Elle prit ses deux rubans rouges dans son sac et se fit rapidement deux tresses. Elle était habituée à cette coiffure alors elle la faisait très vite. Elle les noua avec les rubans et sourit, enfin prête.

Les deux jeunes filles rirent un peu et entendirent la cloche sonner. Lidja ramassa son sac et alla se ranger, accompagnée de sa nouvelle amie.

Contrairement à son frère, la blonde était une bonne élève. Elle aimait apprendre et se passionnait pour les langues, l'histoire et les mathématiques. Elle retenait facilement les choses et elle en profitait beaucoup, se rappelant notamment des informations qu'elle acquierait en lisant.

Quand la journée fut fini, Lidja raccompagna Violette chez elle. Elles discutèrent rapidement des livres.

- Si la lecture t'intéresse, je peux te montrer la bibliothèque municipale quand tu veux! Proposa Lidja.

- Avec plaisir, répondit Violette en souriant.

La blonde rentra ensuite chez elle. Comme d'habitude il y eût une dispute entre son frère et son père. Elle réussit à calmer le jeu, mais ça ne fut pas facile.

Finalement elle alla toquer à la porte de la chambre de Lebrac. Elle attendit d'avoir son autorisation pour enter, étant très à cheval sur les notions de respect et de politesse.

- Qu'est-ce qu'il y a? Demanda son frère.

- Rien, je voulais juste parler.

- D'accord.

Lidja s'avança dans la chambre et s'assit en tailleur sur le lit, se mettant face à son frère qui était assis sur la chaise de son bureau.

- Tu devrais éviter de te mettre Papa à dos, commença-t-elle. Tu sais très bien comment ça va finir sinon.

- Je m'en fiche.

- Mais moi non. Je n'ai pas envie de me retrouver dans une situation d'impuissance, où je ne pourrais rien faire à part peut-être m'interposer entre les coups et toi.

- Je te l'interdis, c'est clair? Je ne veux surtout pas te voir souffrir, c'est le rôle d'un grand frère de protéger sa sœur.

Il la regardait dans les yeux, d'un air sérieux qu'elle ne voyait presque jamais sur son visage. Il était peut-être un cancre et, parfois, un crétin, mais il n'en restait pas moins un grand frère exemplaire.

Elle lui fit un sourire chaleureux, ce genre de sourire permettant de guérir n'importe quelles blessures.

- Sinon quoi de nouveau aujourd'hui ? Demanda-t-elle.

- On a déclaré la guerre aux Velrans. On va leur en faire voir de toutes les couleurs à ces enfoirés.

- Je ne comprends pas pourquoi vous vous acharnez contre eux, soupira-t-elle.

- Le père l'Aztec était déjà en conflit avec Papa. On a fait que prendre la relève.

- Ça n'excuse rien. Mais, s'il te plaît, ne vous comportez pas comme les nazis. Parfois quand on est avec les autres on ne se rend pas compte du mal qu'on fait. Reste toujours lucide, même dans cette bataille idiote.

- Ne t'en fais pas je te le promets.

- Merci. Bon je vais aller dormir moi!

- Bonne nuit sœurette.

- Bonne nuit Lebrac.

Lidja retourna dans sa chambre et regarda par la fenêtre. Le village était calme, comme à son habitude. La jeune fille se mit en pyjama et se glissa sous la couette. Elle se laissa rapidement tomber dans les bras de Morphée qui l'accueillirent volontiers.