Chapitre 14

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- Fais-moi visiter ton chez toi, j'ai pu avoir un aperçu la dernière fois, ça te ressemble ?

- Oui c'est ce que j'aime. Je peux te laisser découvrir pendant que je prends une douche ? Si tu as des questions j'y répondrai après.

- Marché conclu.

Elle s'empare de ma main et la serre gentiment comme engagement solennel. Je la laisse fouiner mon appartement. L'eau coule sur ma peau et je me prélasse. Comme c'est délicieux.

- C'est qui sur la photo qui tire la langue avec toi ?

J'entends très mal mais j'ai réussi à reconstituer sa phrase qui vient troubler mon moment de détente.

- Camille.

- Quoi ?

Je répète plus fort et j'entends la porte de la salle de bain s'ouvrir.

- Qui ?

- Camille, celle qui gère le bar et avec qui tu as parlé.

- Ok. Tu sais que si tu étais entrée pendant mon bain j'aurais hurlé ?

- J'en doute pas une seconde mais bon en même temps tu ne vois rien et à ta place je ne me serai jamais permis.

- Oh pardonne-moi. Enfin je peux tout de même t'imaginer !

- C'est toujours source de déception ça.

- Je ne pense pas, tu as qu'à me laisser vérifier par moi-même.

- Hum pas maintenant.

- Dommage, je continue la visite.

- Pas de soucis.

J'avoue être perdue, je sentais la pointe de défi dans sa voix. Peut-être voulait-elle me tester... Je n'en sais rien puis je n'ai pas la force d'y réfléchir. Ma douche se termine. Je n'ai rien prévu pour m'habiller... Tant pis elle me verra en serviette ce n'est pas si dramatique. Je sors et je ne la vois pas ni ne l'entends. Ma chambre est entrebâillée. Elle est assise à scruter un objet, je l'observe attentivement. Je reconnais le cadre photo où l'on voit mes parents. Je pousse la porte et elle le repose aussi vite qu'elle le peut et se lève du lit.

- Excuse-moi, je suis peut-être allée trop loin.

- Keep cool, ça va je ne t'ai rien reproché.

- Oui mais... désolée, c'est bien toi l'enfant ?

- Oui en effet avec mes parents, mon père est mort dans un accident de moto et ma mère ne me parle plus depuis qu'elle a appris que je suis homosexuelle.

- Vous aviez l'air.

Je la coupe en disant qu'elle employait le bon temps, l'imparfait. Elle se sent confuse et moi je n'ai juste pas envie de me souvenir de ces moments. Je m'approche d'elle et pour dédramatiser la situation je laisse tomber mon drap de bain.

- Alors ? T'imaginais bien ? Tu t'attendais à ça ?

Je rigole en attrapant des sous-vêtements dans l'armoire à portée de main.

- Tu vas t'en remettre ? C'est si choquant ?

- Non non mais mais, bégaye-t-elle.

- Mais ?

Mon sourcil droit se soulève et j'esquisse un sourire.

- C'est.

- Encore mieux ? Ouais je sais.

- Arrête de plaisanter, je ne sais pas où me mettre. Tu es magnifique.

- Je ne trouve pas, je n'ai pas à me plaindre mais il y a beaucoup mieux.

Elle se rapproche de moi.

- Je peux ?

- Oui m...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'elle me prend dans ses bras en me caressant le dos.

- ...ais quoi?

- Tu sens bon.

- A l'attouchement ! Ahah je plaisante.

Je la retiens alors qu'elle a un mouvement de recul à mes mots.

- Ne sois pas si premier degré.

Son nez plonge dans mon cou. C'est le feu d'artifice à l'intérieur de moi mais rien ne transparaît. Je ne voudrais pas qu'il y ait de méprise sur mes intentions. Je la serre contre moi. Ses mains descendent sur mes fesses. Comment dois-je prendre cela ? Si ce n'est pas un encouragement à aller plus loin qu'est-ce ? Je me détache un peu. Ses yeux me parlent comme jamais, je sais ce qu'elle veut mais j'ai peur que ça gâche tout.

- Tu ne veux pas attendre que l'on fasse plus connaissance ? De voir si je te plais vraiment en tant que personne? Que...

Elle m'embrasse fougueusement et me répond qu'elle a confiance en moi même si ça ne fait que deux jours et...

- Je t'aime

Je lâche prise et m'empare d'elle, je la soulève et ses jambes viennent se positionner autour de mes hanches tout en poursuivant notre baiser enflammé. Je la pose délicatement sur le lit en commençant à la déshabiller. Son pull et son haut sont négligemment évincés sur le sol. J'embrasse chaque parcelle de son corps dénudé. Elle se débarrasse d'une traite de son jeans et se recolle vivement à moi. Sa peau est si douce, son teint halé lui donne une couleur divine. Mes doigts parcours son ventre, ses muscles se contractent sur mon passage, jusqu'à atteindre le creux de son bassin. Je remarque qu'à cet instant elle se raidit. Je la regarde, elle est confuse et me sourit gênée.

- Qu'y a-t-il ? Tu sais on peut juste se câliner et s'embrasser sans aller plus loin.

- Non ce n'est pas ça, j'en ai envie, très envie même mais... enfin je pense que tu as compris. Je veux juste que tu saches que pour moi c'est une première, j'attendais la bonne personne, et que j'ai un peu peur.

Elle est vierge alors, ça se confirme mais ça m'était totalement sorti de la tête.

- Ne t'inquiète pas, je ne veux pas te brusquer. N'hésite pas à me parler si ça ne va pas. Je ne m'offusquerai pas. Détends-toi.

À ces mots je l'embrasse. Ses mains viennent se poser sur mon cou et ma tête. Je recule un peu et la regarde droit dans les yeux silencieusement. Elle me ramène à elle. Nos caresses se poursuivent, c'est lent et doux. J'ai l'impression d'être dans une faille spatio-temporelle, rien n'existe à par Elle. Nos souffles, nos baisers et nos peaux glissant l'une sur l'autre et jouent un air envoûtant qui me fait perdre raison davantage.

- Merci... merci d'être ce que tu es et de...

- Je t'aime

C'est sorti spontanément sans que je n'y réfléchisse. C'est le signe d'un changement radical dans ma vie. Elle sera la femme qui m'a révélée. Elle sera la seule et unique, anéantissant le reste. Je l'aime

Fortuitement vôtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant