Acte I, 13e Epître - Une détermination inébranlable

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Dans la salle du trône, la consternation était le sentiment qui dominait. Métatron restait silencieux, scrutant scrupuleusement toutes les actions entreprises par l'humain. L'ordinateur central peinait à croire qu'il s'agissait du même homme qu'il avait vu terrasser Azraël une demi-heure plus tôt, mais il ne pouvait ôter de son esprit le regard que Maners avait lorsqu'il avait renvoyé l'attaque contre son expéditeur. C'était pourquoi il gardait le silence, malgré les événements dégradants se déroulant sous ses yeux.

De son côté, Michaël ne pouvait plus supporter le pugilat auquel se livrait son confrère. Il était évident depuis plusieurs minutes que cet homme n'était pas une menace, et il ne comprenait pas que le Très Haut Père ne mette pas un terme à cette parodie de procès. Ce dernier restait silencieux, analysant la situation. Raphaël allait très loin, indubitablement, mais était-ce vraiment trop ? Son raisonnement, qui partait du principe que le mortel révélerait sa vraie nature une fois mis au pied du mur, faisait sens, mais si loin dans le combat, il aurait dû se trahir, d'une façon ou d'une autre. Or, il n'en était rien, et il était flagrant que l'humain s'épuisait petit à petit, ses coups se faisant moins précis, moins puissants.

Le Séraphin, lui, se piquait au jeu, et il commençait à frapper son adversaire avec le manche de son trident, tout en continuant à bloquer ou esquiver les attaques qu'on lui portait. Gabriel ne put s'empêcher de sourire, pensant que c'était un comportement tellement puéril de la part de Raphaël de se laisser enfiévrer par un combat aussi futile. Mais pour Michaël, ce fut la goutte d'eau qui le fit sortir de ses gonds, et il ne pouvait plus rester sans rien dire plus longtemps.

« - Je Vous en prie, Très Haut Père ! Cette mascarade n'a que trop durée !

- Surveille ton langage, Michaël, s'indigna Métatron. Est-ce une façon de s'adresser à notre Père ?

- Excusez-moi, Très Haut Père, mais c'en est trop, s'inclina le chef des armées. Raphaël est complètement sorti de ses prérogatives dans cette affaire ! Il ne s'agit plus d'une instruction, ni même un jugement : c'est un massacre pur et simple ! C'est pourquoi je Vous en conjure, Très Haut Père. Laissez-moi mettre un terme en Votre nom à ces exactions indignes de Votre grandeur !

- Tu as perdu l'esprit, Michaël ? lui souffla Gabriel. Tu cherches à t'aliéner Raphaël ? Pour un simple mortel ?

- Cela dépasse nos querelles d'égos, Gabriel. C'est l'honneur des armées célestes qui est en jeu ici !

- Calmez-vous, Mes enfants, tempéra Dieu d'une voix calme. Je suis d'accord avec Michaël. Notre cher Raphaël s'est laissé aveugler par la fureur du combat. Et Je n'ai rien vu ici accréditant l'existence d'une menace tangible pour Notre royaume émanant de cet humain. De ce fait, Je t'autorise à intervenir, chef des armées. Apporte Ma parole à ton frère, et ramène-le en ce palais.

- A Vos ordres, Très Haut Père. Et merci ! s'exclama le Séraphin à l'armure d'or en quittant la salle après avoir salué avec respect le Seigneur.

- Est-ce bien avisé, Père ? s'inquiéta Métatron. N'est-ce pas trop hâtif ?

- Pourquoi donc, Métatron ? Aurais-tu discerné quelque chose qui aurait échappé à Mon regard ? s'enquit le Très Haut.

- Non... C'est plus une présomption... Ce mortel semble être plus qu'il n'y paraît... J'en mettrais ma main au feu.

- Oui. Cet humain est une force de la nature, c'est une évidence. Néanmoins, Michaël était dans le vrai. L'approche de Raphaël ne donne rien, et torturer inutilement l'un de Mes ouailles ne Me réjouit nullement. Nous garderons pourtant un œil sur lui. Pour Nous assurer qu'il ne devienne pas un problème...

DIES IRAE - Cycle I : L'AngicideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant