21. Survivre ou mourir.

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Dix minutes que nous étions ensevelis sous les décombres. Dix minutes de long silence. Il n'y avait plus aucun bruit, et personne n'osait prendre la parole. Nous n'entendions que notre respiration et quelques gouttelettes d'eau tomber au sol.

Il faisait chaud, mais c'était supportable. Je fus le premier à bouger. J'allai m'installer contre un mur, me laissant glisser contre celui-ci. Je pliai mes jambes et serrai mes tibias contre moi, tels les comédiens dépressifs que j'avais pu voir à la télé, sauf que moi, je ne déprimais pas, j'étais juste fatigué. "Nous ne sommes pas morts, c'est déjà ça", me répétai-je incessamment dans la tête.

Je me suis toujours demandé ce qu'il y avait après la mort. Je me demandais si, être mort, c'était être libre et heureux. Si vraiment c'était le cas, alors pourquoi luttions nous pour vivre ? Lucas et moi étions harcelés par cette tarée d'Armelle, et nous tentions en vain de lui résister, mais pourquoi ? Mourir était peut-être la solution. Bon, d'accord, je commençais peut-être à déprimer, mais bon. 

- Ça va..? me demanda Lucas, s'agenouillant à mes côtés.

- Mh..

Il me prit dans ses bras et me serra contre lui. Je fis de même et glissai mon nez dans son cou. Le sentir près de moi me rassurait, mais ne nous sauvait pas pour autant. Il arrivait à me faire penser à autre chose, mais il ne fallait pas se voiler la face, nous étions limite enterrés vivants.

- Tu penses qu'on va s'en sortir..? lui demandai-je, retenant mes larmes.

Il aperçut mon mal-être, et me chuchota des mots pour me rassurer à l'oreille. Il me disait qu'on allait s'en sortir, que nous avions encore beaucoup de choses à vivre à deux. Que nous étions encore jeunes, et que nous avions la vie devant nous. Je lui rappelais plusieurs fois qu'il y avait Armelle qui nous pourrirait la vie, mais il me coupa afin de me dire qu'un jour, nous serions heureux. Il m'embrassa.

- Je t'aime.. susurrai-je.

- Moi aussi Mathéo..

Je collai ma tête au mur en béton qui était derrière moi. Je regardai devant moi, et aperçus une commode et une armoire. Si nous étions réellement dans une salle de survie, il devait y avoir de la nourriture, ou encore des vêtements.

Je me levai, sous les yeux interrogateurs de Lucas, et me dirigeai jusqu'à la commode. Je l'ouvris et aperçus des vêtements de femme, sûrement de la personne âgée. En parlant d'elle..

- OU ELLE EST ?! m'écriai-je.

La reine sursauta.

- Qui ça ? demanda Lucas.

- Bah, la dame !

Nous regardions autour de nous, et nous avions oublié d'aider la personne âgée à entrer dans la salle. Ayant des problèmes de mobilité, elle avançait lentement avec sa canne. Elle devait être encore là haut.. et donc, avec le scarabée. D'après les bruits que nous avions entendu, il ne devait plus rester grand chose là-haut. Tout devait être démoli.

Lucas me regarda, et je compris dans son regard qu'il n'avait plus d'espoir. Nous étions tellement désolés de ce qui arrivait. Cette dame nous avait accompagné jusqu'ici, venait de nous sauver la vie, et elle devait être morte, de notre faute, pour nous. Je culpabilisais de cette situation. Je me sentais responsable de sa mort. C'était moi qui nous avait emmené ici en voiture, c'était moi qui suis rentré en premier dans cette pièce. J'aurais dû la faire entrer, mais je ne l'avais pas fait. Je m'en voulais.

- Mathéo.. culpabilise pas.. Ce n'est pas ta faute..

Je versai quelques larmes qui coulèrent sur mes joues. Lucas me connaissait très bien, et savait très bien que la culpabilité était très présente dans ma vie. Je voulais toujours faire le mieux pour tout le monde, et quand je faisais quelque chose de "mal" ou que j'avais raté quelque chose, je culpabilisais. Lucas me disait sans arrêt que j'étais une personne exceptionnelle, et que je n'avais pas à douter de moi ou encore de mes actes. Il me disait que j'étais la personne la plus gentille et généreuse qu'il connaissait, même si je savais que c'était faux. Je ne voulais que le bonheur de mon entourage.

- Si c'est arrivé, c'est que ça devait arriver.. d'accord..?

Il essuyait mes larmes avec ses pouces et posa ses lèvres sur les miennes. Nous nous embrassâmes doucement et tendrement. Je n'en pouvais plus de tous ces événements. Lucas avait l'air de bien s'en sortir psychologiquement, mais moi je ne voulais plus, et je ne pouvais plus vivre de ces aventures, aussi atroces qu'absurdes. Etre kidnappé dans son propre internat, pour être victime d'une expérience d'une psychopathe, qui nous envoie dans un monde gouverné par une reine, qui elle-même tenta de me kidnapper, et m'enferma avec un tigre, qui se tua tout seul. Puis réussir à revenir à l'internat, mais cette fois-ci, avec la reine, puis se faire absorber par un vortex pour atterrir au beau milieu d'un désert, dans une ville qui est en destruction massive par des scarabées géants, puis être enseveli sous la terre, dans une pièce d'une gente dame qui a voulu nous protéger, et qui est décédée. C'était trop traumatisant pour moi. Je ne croyais pas être aussi émotif et sensible, mais là, je le sentais bien. La carapace que je m'étais faite toutes ces années, afin de bien vivre toutes sortes de situations venait de se fissurer. Je redevenais faible, comme autrefois, faible psychologiquement.

- C'est quoi ? demanda la reine, s'approchant de la commode que je venais d'ouvrir.

Elle prit quelques vêtement avant de les plaquer contre elle, afin de voir si cela lui allait.

- C'est moche, se plaignit-elle.

Je ne préférai pas lui répondre. J'avais l'impression qu'elle ne se rendait pas compte de la situation dans laquelle nous étions. Elle était une sorcière, elle devait avoir l'habitude à ce genre de bête, et ce genre de situations. Certes, moi aussi j'aurais dû être habitué, mais je ne l'étais pas, je n'arrivais toujours pas à faire face à tout ça.

Je me détachai de Lucas, qui me tenait dans ses bras depuis plusieurs minutes déjà, afin de me calmer. J'avais arrêté de sangloter, mais j'avais encore les yeux humides et rouges.

Je me retournai et allai vers l'armoire, avant de l'ouvrir. A l'intérieur, se trouvait des étagères sur lesquelles étaient posées des boîtes de conserve. Je ne savais pas quel était le contenu, mais au moins, nous avions de la nourriture pour plusieurs jours.

- Y'a des boîtes de conserve, annonçai-je aux deux qui étaient encore en train de fouiller la commode.

Ils avancèrent jusque moi et regardèrent à l'intérieur.

- Il y a aussi de quoi nous soigner, ajouta Lucas.

Effectivement, il y avait une trousse de secours tout en bas de l'armoire, que je n'avais pas vu. A part ça, il n'y avait rien d'autres, mais c'était déjà ça. Je ne savais pas combien de temps j'allais rester ici, mais je savais que toute cette histoire n'était pas prêt de se terminer..

[VOICI LE CHAPITRE 21 ! *-* J'espère qu'il vous plaît ! ;) Bonne lecture, et à bientôt pour la suite !]

"Vous m'avez manqué mes p'tits choux." [BoyxBoy] (Tome II.)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant