Chapitre 30

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Ken et Mamadou avaient décidé de rester une semaine à New York et avaient revu Athénaïs tous les jours, l'escortant dans ses projets artistiques. Autant optimiser leur voyage et allier l'utile à l'agréable, puisqu'ils étaient de passage ! Cela avait d'ailleurs grandement arrangé la jeune femme : plus familier du style urbain de Ken et Mamadou (dont l'imposante stature et les longues dreads décolorées avaient fait forte impression) le staff de Kanye West avait fini par adopter le petit groupe et le sortait aux quatre coins de New York.

Ken, Mamadou et Athénaïs eurent même l'occasion de poser quelques lignes sur une démo, pour un freestyle souvenir, sur lequel le rappeur le plus controversé de la East Coast avait finalement décidé de réécrire.

« Vous avez ce truc, les gars ! Vous m'inspirez ! » s'était-il exclamé, téléphone à la main, en pleine rédaction.

Ils avaient terminé dans un club select où ils croisèrent quelques personnalités, dont J. Cole, ce qui rappela à Athénaïs son frère qui en était un grand fan. Elle envoya d'ailleurs un message tendre à son cadet. Nathan était la personne qui lui manquait le plus de l'autre côté de l'Atlantique.

On l'enlaça à la taille.

« Hey, darling, ça va ? »

Les surnoms affectueux étaient monnaie courante dans le langage américain urbain. Au studio, Kanye l'avait appelée « darling », « shortie » ou « baby girl » des myriades de fois et Ken avait vite tiré parti de cette petite particularité linguistique pour flirter avec elle dès qu'ils étaient quelque peu isolés.

Si cela avait été quelqu'un d'autre, elle se serait immédiatement retirée, les yeux levés au ciel. Mais c'était Ken. Il apparaissait que son seuil de tolérance était beaucoup plus permissif pour lui que pour aucun autre.

Et puis, ça lui mettait un peu de baume à son ego endolori. Oui, encore lui. En revanche, Ken ne semblait pas insister plus que ça sur le plan de la séduction. Dès qu'elle s'écartait de lui pour danser avec un autre, il la laissait aller et s'occupait ailleurs, avec Mamadou et leurs nouveaux amis. Sans reproche. Sans éclair colérique dans ses yeux. Non. Les seuls regards qu'il posait alors sur elle étaient juste emplis d'une compréhension indulgente et amicale.

De toute façon, il savait que c'était à lui que reviendrait le dernier baiser de la journée, après que Mamadou aurait tourné la tête et commencé à marcher vers la bouche de métro la plus proche.

Le lendemain de leurs retrouvailles, ils avaient failli se quitter sur une simple bise mais leurs regards s'étaient accrochés un peu trop longtemps pour en rester là. Leur acolyte malien comprit qu'il valait mieux les laisser seuls. Athénaïs avait alors interrompu l'élan de Ken vers ses lèvres : ils ne pouvaient maintenir cette manie de franchir les limites entre eux deux. L'homme aux yeux couleur ambre avait eu un petit sourire en coin et lui avait embrassé le front.

« T'es en vacances, Athé'. Si tu dois péter ton câble, c'est maintenant. »

Confuse, elle avait hésité.

« Moi, je t'ai dit : je me fiche de ce qu'on fait ici. Je suis en vacances aussi. Je profite aussi.

— On va faire un mariage à Vegas à ce train-là ! » avait-elle ironisé.

Ils avaient pouffé de rire avant qu'Athénaïs ne reprît plus sérieusement :

« Vas-y : Doum's t'attend. »

Ken avait pincé les lèvres, résigné : il aurait essayé ! Il avait jeté un dernier coup d'œil languissant sur la jeune femme dont le sourire s'était élargi.

" Non. "Où les histoires vivent. Découvrez maintenant