I. La découverte

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- Quand est-ce qu'on arrive !...se plaignit Ambre.

Ambre, c'est ma sœur. Moi, je m'appelle Talia. Talia Majic. J'avais 12 ans ½ (ou plutôt ¾) et quelques semaines plus tôt, j'habitais à Paris. On avait déménagé à cause de Maman. Elle était morte 2 ans auparavant dans un accident de voiture, quand j'avais 6 ans et que Ambre en avait 11. Enfin, c'est ce que disait Papa. Papa s'appelait Peter, il avait 48 ans et était souvent fatigué. Il faut dire qu'il travaillait 2 fois plus maintenant que Maman n'était plus là. Le rêve de Maman était de vivre à la campagne. Quand Mamicha, ma grand-mère qui vivait à la campagne, était morte, la sœur de Maman avait voulu vendre la maison. Maman avait sauté sur l'occasion et avait voulu l'acheter. Papa avait refusé disant que ça aurait pu être dangereux (je ne voyais d'ailleurs pas pourquoi). Une semaine plus tard, Maman était ...morte. Le soir, elle n'était pas revenue du travail. Vers 11 heures, Papa s'était inquiété et avait appelé mais personne n'avait répondu. Il était donc sorti et, à 11h32(très précisément-je regardais l'heure toutes les 5 secondes !), il était revenu, affolé :

- La voiture de Maman ! Elle est renversée dans le fossé ! Mais nulles traces de son corps ! J'ai appelé pour que l'on soulève la voiture mais...rien. Il y a en effet une marque indiquant qu'elle essayait de sortir avant de tomber mais aucune trace du corps ! J'espère que ce n'est pas ce à quoi je pense... avait-il murmuré.

Nous avions beaucoup pleuré ce jour-là. Enfin, plutôt cette nuit-là ! Après 2 longues années, Papa avait réussi a récolter assez d'argent pour acheter la maison. Même si pour cela, Ambre avait dû faire serveuse le samedi dans le New Life et qu'on avait dû vendre pas mal de nos meubles. Sans oublier qu'on avait mangé des légumes (horribles !) pendant 4 mois... De toutes manières, comment est-ce que j'aurais pu l'oublier ?

- Regardez ça ! s'exclama Papa, me tirant de mes rêveries. Notre nouvelle maison !

Un petit chemin de graviers menait à une grande bâtisse. Devant le portail rouillé, un panneau tordu annonçant Très dangereux, ne pas approcher, risque de mort ! dissuadait tout voleur d'entrer. Papa marmonna qu'il allait l'enlever immédiatement. Il se gara dans la grande cour de notre nouvelle demeure. Il y avait un grand jardin en mauvais état : la pelouse n'était pas tondue et des mauvaises herbes avaient envahi chaque coin et recoin du jardin. Les rares fleurs (autres que les paquerettes et les pissenlits, bien entendu) étaient pour la plupart fanées.

- Mouais, on dirait surtout un vieux manoir ! ronchonna Ambre.

- Vous pensez qu'il est hanté ? dis-je ravie.

Oh ! J'ai oublié de dire que je croyais énormément à la magie depuis que j'avais 3 ans. La magie, les fées, elfes, vampires, pas la magie des magiciens du cirque !

- Aidez-moi à porter les cartons, dit Papa en me donnant un paquet qui devait faire environ... mon poids. Au sous-sol.

- Eh ! C'est pas juste! Elle a un gros carton! se plaignit Ambre pour rigoler.

Ambre avait 15 ans et était amoureuse (enfin, je le suppose) d'un certain Julien. Moi, j'aimais Maxime peu de temps avant (c'est-à-dire 3 semaines...).

- Trop tard, regarde, elle est déjà partie, répondit Papa. Et puis, je suis sûr que tu préfères les petits cartons plus légers.

En effet, j'étais déjà dans l'escalier qui menait au sous-sol. Soudain, un « CRAAACK !!! » retentit sous mes pieds. L'escalier grinçait tellement que je me mis à courir de peur qu'il casse sous moi. Mais, arrivée à la dernière marche, je trébuchai et le gros carton vola au milieu du sous-sol. Je me relevai en tenant ma cheville qui me faisait mal. Une étrange lumière bleutée illuminait la pièce. En m'approchant, je vis un trou au milieu du parquet. On ne pouvait rien voir à travers le trou en question car la lumière bleue éblouissante semblait en sortir ! Vraiment, de plus en plus...

- Talia ! Arrête de rêvasser ! Viens plutôt nous aider !

C'était Papa.

- J'arrive ! répondis-je.

Que pouvais-je dire d'autre ? Je voulais que le sous-sol mystérieux reste mon secret... Si seulement j'avais su que ce secret allait changer définitivement ma vie !

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- Oui, dans ta chambre. 1ère porte à droite, en haut de l'escalier. Oui.

Papa venait de me remettre un carton un peu moins lourd que le précédent. Il y avait une partie de mes affaires de mon ancienne chambre à l'intérieur. Heureusement pour moi, l'escalier fut facile à monter.

Arrivée en haut de l'escalier, j'entendis une voix à moitié étouffée :

- Quoi ?! M... ien...ûr !

La voix provenait de la pièce en face de ma chambre, sûrement la chambre d'Ambre ! J'entrouvris la porte et vis qu'Ambre parlait au téléphone :

- Juju! Ok, ok, Julien... Tu sais ce n'est pas parce que la distance nous sépare que je ne t'aime plus ! S'il te plaît !...

Mais je ne pus continuer à écouter car Ambre se retourna. J'eus juste le temps de refermer la porte... En entrant dans ma chambre, je me dis : « j'en étais sûr ! Elle l'aime ! »

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J'avais exploré la maison de fond en comble : au rez-de-chaussée, il y avait le salon, une petite cuisine, une grande salle à manger et des toilettes ; au premier étage se trouvaient ma chambre, celle de Ambre et celle de Papa ainsi qu'une salle de bain ; au deuxième étage il y avait encore deux chambres (je me demandai pourquoi il y avait tant de chambres) et une petite salle de bain, ainsi qu'une buanderie et un accès au grenier. Le deuxième étage nous servait de rangement à cartons, car nous n'avions pas du tout fini de tous les déballer.

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Après avoir mangé, je m'allongeai sur mon lit et je repensai à mes anciens amis : Marie-Elisabeth, mais qu'on appelait juste Marie tout court, trop marrante et pleine d'imagination, Estelle, la fille la plus cool, imaginative elle aussi, je la revoyais nous sermonner : « On ne parle pas la bouche pleine ! C'est malpoli de couper la parole !... ». Il y avait aussi Max, un garçon dont j'étais amoureuse... On s'embrassait dans les toilettes. Oh ! Comme ils allaient me manquer tous... Papa avait essayé (je dis bien essayé) de me consoler en me disant que je trouverai d'autres amies mais... Pour chasser les larmes qui me venaient, je repensai au sous-sol mystérieux et à son trou tout aussi mystérieux. « Il faut absolument que j'aille le voir, enfin quelque chose qui va remplacer cette vie monotone ! »

Quand je fus décidée (ce qui ne me prit pas plus de 2 minutes), je descendis l'escalier quatre à quatre mais en veillant à ce que mes genoux ne me trahissent pas en craquant. Soudain, je repensai qu'il ne fallait surtout pas que Papa me voit sinon c'en était fini de mon sous-sol secret. Je remontais quand des bruits de pas discrets me parvinrent : ma sœur était dans le couloir à faire je ne sais quoi. Il ne fallait pas qu'elle me voit, elle allait à coup sûr me dénoncer ! Vite, je me cachai dans l'ombre du mur... et tombai dans le vide ! Un passage secret ? Après m'être relevée, je tâtonnai devant moi et découvris que le mur était présent, normalement. Ce qui était moins cool parce que ça signifiait que le passage s'était refermé. N'ayant pas le choix, je continuai à l'aveuglette dans le passage. Après une descente qui me parut interminable, j'arrivai dans une pièce étrangement éclairée : une lueur bleue flottait dans l'air... Le sous-sol ! Ce passage secret amenait au sous-sol ! Je m'approchai du trou mais, à quelques centimètres de la crevasse, une latte du parquet mal mise me fit trébucher et j'atterris... dans le trou ! J'eus à peine le temps de m'accrocher. En dessous de moi se trouvait des trais bleus eux aussi. Comme un dessin très très très lointain. Grâce à toutes les semaines de tortures que j'avais passé dans la salle de gym, je pus remonter à la surface, sur la terre ferme. Maman avait raison quand elle disait que ça me servirait un jour la gym, même si à mon avis, elle ne pensait que je m'en servirais pour survivre à une chute horrible. C'est clair, je n'allais plus jamais remettre les pieds dans ce sous-sol !

Princesse de l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant