Andéol (7)

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Je suis sur un petit nuage ! J'ai passé la semaine la plus extraordinaire de toute ma vie.

Et pourtant, c'était pas gagné, parce que je ne suis pas un as du ski. Ni des voyages scolaires.

Le ski, je n'y étais allé qu'une fois, il y a très longtemps. Je devais avoir cinq ans, mes parents m'avaient inscrit à une colonie junior sur les conseils du pédiatre, histoire de « me sociabiliser ». Résultat, j'en avais gardé un souvenir horrible et j'étais revenu tellement traumatisé que mes parents comprirent ce jour-là que je supportais mal d'être détaché de mon environnement habituel. D'ailleurs, ils ne m'ont plus jamais inscrit en colonie, et j'ai raté la plupart des voyages scolaires organisés au collège. Cela dit, celui-là, j'ai vraiment bien fait d'y aller.

Il y avait tout ce dont j'avais besoin : le grand air, propice à la réflexion, le calme, un cadre rustique Et surtout, mis à part Naël, j'avais des amis en or : Fabbio et Thomas. Je n'ai pas souvenir de m'être autant amusé que durant cette semaine. Fabbio, d'abord, avec qui j'ai passé tous mes jours et toutes mes nuits, avec qui j'ai eu la sensation de développer en réelle complicité. J'aurais bien aimé lui parler de Thomas, de toutes les pensées qui traversaient mon esprit en ce moment, mais dès que j'évoquais le sujet il trouvait le moyen de le détourner, presque comme s'il voulait l'éviter à tout prix. En dehors de ça, nous avons énormément parlé, échangé, j'ai même appris à me confier.

Nous avons parlé de Pierre, aussi. Assez peu à vrai dire, il n'était pas à l'aise avec ce sujet ; ce qui peut se comprendre. J'avais essayé de lui prêter une oreille attentive, mais il ne semblait pas vraiment pressé de livrer son ressenti. Pour ma part, j'avais du mal à me positionner : je n'ai jamais trop aimé Pierre, je le trouvais mesquin et inconstant, et je n'ai jamais eu l'impression qu'il comblait Fabbio. Alors quand j'ai appris leur rupture, je n'ai pas pu m'empêcher de m'en réjouir secrètement. En réalité, ça faisait longtemps que j'attendais ça. Bon, je l'avoue, il fut un temps où je me sentais amoureux de Fabbio, donc c'était surement de la jalousie, mais il n'empêche que je n'étais pas mécontent de le voir disparaître du paysage. Néanmoins, Fabbio semblait réellement affecté. Il le montrait peu, mais je le connaissais.

Alors j'ai fait en sorte de lui remonter le moral, avec des perspectives plus joyeuses : nous avons discuté de nos projets post-bac, de nos vacances, prévu de partir ensemble cet été... Et je me suis gargarisé de chacun de ses sourires. Je me suis également rendu compte que tout ce que j'arrivais à faire avec Thomas – discuter de tout et de rien en toute liberté, me dévoiler – je pouvais le faire aussi avec Fabbio. C'est dommage que j'aie eu besoin de trois ans pour le découvrir, mais quand il ne parle pas de Pierre ou de ma vie affective, il peut être aussi passionnant d'échanger avec lui, que ce soit pour plaisanter ou discuter sérieusement. Alors, il a ce même effet sur moi que Thomas : celui de me mettre en confiance, m'amuser, me faire me sentir bien, tout simplement.

Tant qu'il ne tente pas à tout prix de me convaincre de trouver un copain...

Également, il y avait Thomas. Une fois de plus, chaque moment que j'ai passé avec lui m'a semblé parfait. Au début, nous nous sommes assez peu vu. J'ignore pourquoi, mais il y avait comme une sorte de distance irraisonnée tandis que nous restions chacun avec nos amis respectifs. J'avais même craint qu'il y ait un quelconque froid entre nous. Heureusement, les événements du troisième jour me donnèrent tort : après lui avoir rentré dedans – hum hum, je jure solennellement que ce n'était pas voulu – nous étions sortis boire un verre, à l'issu de quoi il m'avait proposé d'aller dans sa chambre. Je m'en voulais un peu d'abandonner Fabbio, mais en même temps la tentation était intenable. Alors j'y suis allé.

Au final, nous ne sommes pas allés dans sa chambre. À la place, il m'a emmené dans un endroit merveilleux, sur une colline surplombant la vallée.

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