Layvin

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Layvin


- Prisonnier 2493, visite.



Je me lève, les poings en avant pour qu'ils alourdissent le poids de mes membres. Le bruit des chaînes grince au sol. L'impression d'être un chien emprisonné et enchaîné ne m'a pas quitté depuis toutes ces années. J'ai perdu le compte, je ne sais plus combien de temps il me reste. J'ai seulement le sentiment que ma haine ne cesse de s'accroître.



- Vous avez 15 minutes.



Je prends le combiné et pose mes fesses sur la chaise. Sa présence signifie le commencement d'un nouveau mois mais avec tout ce temps passé, j'ai l'impression que c'est le début d'un nouveau siècle. Son regard naturellement noir n'était pas agressif, sans pour autant sourire, il me montrait que depuis tout ce temps, il y avait de quoi se réjouir.



- Bonne nouvelle, me dit-il.

- Annonce.

- Tu sors demain.

- Il était temps, je pensais que j'allais crever ici.

- On ne mourra pas avant d'avoir venger Neha.

- Peut-être ont-ils pour projet de nous décimer avant, dis-je pessimiste.

- Nous serons plus rapides.

- Je n'en doute pas.

- Je t'ai ramené des vêtements, les choses sérieuses vont enfin commencer.



La visite terminée, je retourne dans ma cellule où mes poings sont allégés. J'ignore mon codétenu qui m'interroge sur ma visite, il sait pourtant que je n'en reçois qu'une par mois et que c'est toujours la même personne. Je n'ai aucune envie de mener une conversation futile avec lui. Mes pensées sont ailleurs : je sors demain. La lune a l'air de réapparaître dans le ciel sombre qu'est mon âme, peut être est-ce enfin la fin de mon cauchemar où je pourrais redevenir le simple Layvin Kadiri que j'étais avant d'être accuser à tort ?

Non, malheureusement c'est impossible, tout ne sera plus jamais pareil. Neha ne reviendra jamais et mon âme s'est trop assombrie pendant ces quatre dernières années. J'ai perdu le bon cœur que j'avais, c'est un trou béant qui le remplace à présent et c'est demain que commence le début de leur fin.



- Prisonnier 2493, Layvin Kadiri, libéré, j'entends à mon réveil.

- D'habitude, le réveil est moins doux que ça, pensais-je en souriant.



La nuit a été interminable mais c'est enfin le matin. J'observe une dernière fois le mur gravé de trait que j'ai fait durant ma première année de prison. Que de souvenirs, j'ai vite arrêté de le décorer. Le temps était tellement long, interminable. J'ai même perdu espoir à un moment, les autres détenus ont carrément réussis à me faire croire que j'étais maudit.

Ils n'avaient pas totalement tort à vrai dire. J'ai été dans cette cellule avec sept compagnons différents en quatre ans, ils sont tous morts. C'est comme si j'avais la peste mais que je ne mourrais pas, comme si je tuais tout ceux autour de moi. Cependant mon compagnon de cellule actuel est toujours en vie et maintenant que je quitte cette cage, j'espère qu'il ne mourra pas.



Layvin - Pulsions meurtrières Où les histoires vivent. Découvrez maintenant