Chapitre 5

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Si vous le voulez bien, retournons au commissariat. Elodie Troma observe par la fenêtre Lucas Vagaboni sortir du bâtiment. Elle a du mal à le voir s'en aller, seul, voué à lui-même. Ses échanges avec lui et son témoignage l'avait complétement déboussolé. Elle est à la fois bouleversé et en colère. Un sentiment d'injustice l'envahit. C'est vrai, après tout, ce n'est qu'un gamin, un pauvre gamin qui a besoin d'aide. Et comme il l'avait bien dit, personne ne lui a tendu la main. Comment ses parents ont pu l'abandonner à ce point ? il ne veut être qu'heureux, faire ce dont il a envie, n'est-ce pas la mission de tout parents, faire en sorte que ces enfants soient heureux ? S'il se retrouve dans ce pétrin, ce n'est pas de sa faute mais la faute de la vie, des circonstances. Elle sait aussi que le trafiquant de drogue s'en sortirait, et que Lucas, non. Ce qui la rend encore plus malade.

Ayant fini sa journée, Elodie Troma sort du commissariat. Elle s'apprêtait à rentrer chez elle, mais changea d'avis. Elle décide d'aller boire un verre dans son bar habituel pour se remonter le moral.

Elle entre et s'installe sur le comptoir. Elle demande de la bière. Le serveur qu'elle voit souvent la sert.

« Ça ne va pas trop aujourd'hui, je me trompe ?

- Non, dit-elle après une gorgé, il y a des jours où je déteste mon boulot.

- Moi aussi...regardant au loin quelqu'un qui s'apprête à vomir et cours au toilette.

- Non le pire, ce sont les stups. Je déteste bosser aux stups.

- Pourquoi ? »

Alors, Elodie Troma, bien que son travail soit confidentiel et qu'elle respecte toujours les règles à la lettre, cette fois, elle raconte toute sa journée et l'enquête au barman. C'est peut-être la fatigue, ses émotions débordantes, ou la bière, mais en tout cas, elle raconte tout en détail, sans même s'arrêter. Et le barman, concentré par son récit, ou par sa façon de le conter, ou par sa beauté, reste là et l'écoute.

« Enfin, fini-t-elle, je trouve ça triste que ce petit n'ai pas quelqu'un pour l'aider, financièrement et moralement...

- c'est sûr, dit-il en essuyant des verres. Mais si je peux me permettre, avec tout ce que vous venez de dire, je peux vous affirmez que vous n'êtes pas une mauvaise personne.

- Pardon ?

- Vous aviez bien dit qu'il pense que vous êtes des mauvaises personnes, vous les policiers ?

- Oui mais...

- Et bien moi je vous dis que vous n'êtes pas une mauvaise personne. Vous avez, tout comme ce trafiquant, de l'humanité, puisque vous vous sentez mal de le laisser seul.

Elodie Troma ne sait plus quoi répondre. Le barman reprend :

- Vous faites un métier difficile, tous les jours vous faites en sorte que nous citoyens, vivions en sécurité. Ce gamin est juste paumé, il ne pensait pas ce qu'il a dit, il est en colère c'est tout. Vous êtes une bonne personne.

- Merci... répond-elle-même si elle ne pense pas mériter ce compliment en ce moment-même.

- Pourquoi vous ne voulez pas l'aider, si vous vous sentez aussi mal ? lui conseille le barman.

- Comment ça ?

- Je ne sais pas, s'il a des problèmes pour se nourrir par exemple, offrez-lui des repas de temps en temps. Faites-en sorte qu'il se sente aidé, comme ça il n'ira plus vendre des produits illicites.

- Oui, ça pourrait se faire. J'y réfléchirai. Merci...

- David

- Merci David. Elodie.

Chez Jacques Où les histoires vivent. Découvrez maintenant