Chapitre 8

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Il est 18h et Susanne attend l'arrivée de Jacques à la gare.

Attendez, je crois que nous avons loupé un épisode. Ah mais oui ! nous nous étions arrêtés depuis hier en fin d'après-midi. Très bien, il y en a des choses à dire. Vous voulez la version courte ou la version longue ? je suis sûr que vous voulez la longue. D'accord, qu'il en soit ainsi.

Jacques avait envoyé « Susie ? » alors elle avait répondu, « oui, c'est moi ! »

S'en suis une longue discussion de retrouvaille qui dura pratiquement deux heures. On comprend bien évidement, le temps pour ces deux « personnes d'un certaine âge », de lire, de répondre, d'envoyer, et d'attendre que l'autre fasse de même. Susanne apprit qu'il avait divorcé, ce qu'il ne l'a pas du tout attristé. Elle apprit aussi qu'il venait dans sa ville, quelques temps.

« Ce n'est pas vrai, avait-elle écrit, j'y vis ! quand est-ce que tu viens ?

- Sérieusement ? j'ai construit un bar dans cette ville il y a vingt ans, je n'y bosse pas tout le temps mais c'est moi le patron !

- On aurait presque pu se croiser, c'est quel bar ?

- Ça s'appelle chez Jacques, c'est un bar musical. Des groupes qui débutent y jouent et quelques fois, des agents ou des producteurs y vont pour repérer quelques-uns. J'ai des bars comme ça un peu partout en France, des bars de jazz, même de rock, dans notre anciens village...j'en ai même quelques uns aux États Unis !

- Waouh, et tu n'as pas pris ta retraite ?

- Non, je m'amuse beaucoup trop ! c'est plus un passe-temps que du travail. Mais peut-être bientôt, ou plus tard, seul l'avenir nous le dira. Viens demain dans mon bar, je t'invite.

- Quand arrives-tu ?

- Je prend le train et j'arrive vers 18 H 15 si les trains ne sont pas en retard ou en grève...

- Et bien je serai là, à 18 H 15, et tu m'amèneras dans ton bar. On a beaucoup de temps à rattraper dit moi. »

Puis ils avaient parlé de leurs rêves, qui s'étaient à moitié exhaussés. Ils faisaient presque un bilan de leur vie, regardaient leurs rêves de gosse et ce qui s'était réellement passé. Susanne avait bien réussi le sien. Elle avait travaillé dans un musée, elle se chargeait des expositions. Grâce à ce métier et celui de son mari, elle pouvait subvenir aux besoins de sa famille. Même si elle n'était plus revenu dans son ancien village, qui se trouve à l'autre bout du pays, elle envoyait de l'argent à ses parents. Elle avait décidé tout de même de sacrifier ses cours de danse, par manque de temps, elle dansait avec son mari, quand ils étaient seuls à la maison et peignait de temps à autre. Son rêve ne s'était pas exactement réalisé, mais pour elle, son souhait était amplement exhaussé.

Voilà maintenant, vous savez tout ce qu'il faut savoir. Il est 18 h 15 et le train ne vas pas tarder à arriver. Susanne est nerveuse, elle ne sait pas comment cela vas se passer. Elle a pris son médiator et le serre dans ses mains. Elle s'est bien pomponnée pour qu'il la trouve toujours aussi belle et jeune, mais elle sait que le maquillage ne cache pas tout. Et s'il la trouvait horriblement vieille ? et s'ils n'étaient plus du tout sur la même longueur d'onde ? est-ce qu'après n'avoir que des souvenirs d'adolescente de lui, elle ne serait pas déçue de le voir « pour de vrai » ? le train arrive. Elle se lève du banc où elle avait posé son derrière et attend debout sur le quais. Les portes s'ouvrent. Son cœur bat de plus en plus fort. Elle se dit que ce n'est plus de son âge ces choses-là. Des gens sortent, sont pressés ou perdus. Mais toujours pas de Jacques Hédonis. Puis un homme, cheveux blanc, au long manteau gris, et deux mallettes-valises à la main, sort du train. Il regarde aux alentours, puis vois Susanne. Il la reconnait, la regarde comme il la regardait au bal, la première fois qu'ils se sont vus. Susanne avait l'impression que son cœur allait exploser. Je vous rassure, elle n'a pas fait de crise cardiaque. C'était plutôt un feu d'artifice dans son thorax. Elle souffle un grand coup, comme si elle n'avait jamais respiré auparavant. Elle est soulagée de le voir. Toutes ses inquiétudes sont parties en fumée. Leur regard a quelque chose de doux et familier.

« C'est bien lui, se dit-elle, il n'a pas changé. »

Il a vieilli certes, mais reste toujours aussi beau. Elle le voit comme elle le voyait avant, avec seulement quelques traits qui recouvrent son visages. Il se dirige vers elle et pose ses valises. Cette fois-ci, il ne part pas.

« Salut Susie.

-Salut mon guitariste »

Après s'être dévoré du regard pendant de longues secondes, elle sort son médiator de sa poche. Il rit de surprise, et sort également quelque chose de sa poche. Et oui, comme vous l'aurez devinez, il sort le ruban jaune pâle de Susanne. Les deux rigolent, et s'enlacent.

Susanne l'avait toujours espéré, et l'univers, le destin, le monde ou le cosmos, qu'importe, lui avait prouvé qu'elle avait raison. Les téléfilms se terminent toujours bien, sa comédie romantique aussi.

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Salut tout le monde !  Voici l'avant-dernier chapitre, et l'épilogue de Susanne !

Merci de continuer à lire cette histoire, j'espère qu'elle vous plait toujours autant !

A dimanche pour le dernier épisode ! à votre avis, que va-t-il se passer pour le final ?

Chez Jacques Où les histoires vivent. Découvrez maintenant