La brise matinale m'approche pour me caresser le visage tendrement. Une douce chaleur méditerranéenne dont on ne peut se détacher m'enveloppe, comme voulant prendre soin de moi. Mes yeux s'ouvrent et captent la lumière en eux. "Regard de braise", c'est ainsi que mon père, Ethlios, me surnomme. À ses dires, le soleil se reflétant dans mes yeux noirs y fait danser de somptueuses flammes. Je me souviens qu'étant petite cela m'avait donné l'envie de devenir un phénix. Survoler le monde de mes plumes enflammées et...c'est tout. Pour moi le phénix ne se résumait qu'à un grand oiseau de feu qui vole malgré les nombreuses tentatives de mon père pour me m'expliquer que c'était un peu plus complexe que ça. En parlant de lui, je tourne la tête en son côté pour pouvoir l'observer. Il façonne un vase, le sourire aux lèvres et le regard brillant de passion. C'est un grand homme même si personne ne le voit.
-Je vois que tu es réveillée Cyriaque, commence t'il avec bienveillance, j'ai été cherché des fruits ce matin. Sers-toi donc.
-Des raisins ?! M'exclamais-je tout en me levant, comment as-tu fait ? Il est difficile de s'en procurer ces temps-ci.
-Ça c'est un secret.
-Évidemment, j'avais oublié à quel point tu pouvais être mystérieux parfois.
-Sans mystère, il n'y a pas d'intérêt, me lance t'il tout en continuant son travail.
Je m'installe à table et mange accompagnée d'une certaine retenue m'empêchant de tout engloutir. Ce délicieux goût sucré qui se tapisse sur ma langue ne me lassera jamais. Sauf si je découvre autre chose de bien meilleur. Enfin après, tout je ne suis pas une adepte des infidélités culinaire. Je prends en ma possession un bol de lait et le porte à mes lèvres en regardant la vie à l'extérieur. Les enfants jouent et les adultes s'attellent à des tâches parfois bien ennuyeuses. Le soleil embrasse le ciel et nous illumine de son bonheur tandis que le temps s'écoule, en rythme avec les battements incessant de mon cœur. Mon esprit s'évade et rejoint le passé. Vous arrive-t-il parfois de vous demander "pourquoi "? Sachant que l'univers vous répond surement, mais que vous ne croyez pas assez en lui pour l'entendre.
Moi, ce que je me demande parfois, c'est pourquoi mère est partie. Il y a bien longtemps que c'est arrivé, après ma naissance sûrement. Je n'ai aucun souvenir d'elle. Papa m'a un jour chuchoté qu'il me livrera la vérité. Aussi douloureuse soit-elle à ses yeux, il doit panser la cicatrice inscrite dans son âme, se mettre debout et lever la tête. Souffler son nom sans s'effondrer. Sans ne plus souhaiter être sourd pour ne plus entendre son coeur craquelé.
-Cyriaque, m'appelle mon père. Il va être temps d'y aller.
-D'accord, laisse-moi quelques instants.
Je me lève tandis que papa sort se rincer les mains. Je m'avance vers la chaise au pied de mon lit, retire le tissu qui m'habille et enfile mon péplos. Un lumineux blanc contrastant avec le brun de ma peau. Je replace correctement certaines mèches de mes cheveux, aussi volumineux que la crinière du lion de Némée. Je rejoins mon géniteur à l'extérieur et ensemble nous rejoignons le panthéon. Accompagné sur le chemin de tout autre personne dont le visage m'indiffère. Certaines m'évitent, m'ont curieusement en aversion et ne veulent s'approcher de moi bien que je n'ai causé de tort à quiconque. C'est ainsi depuis un semblant d'éternité, depuis toujours finalement. J'ai rapidement cessé de me poser des questions à ce sujet, c'est comme si certains me craignaient sans même savoir pourquoi. Faisant flotter une certaine solitude autour de moi. Cela ne me dérange pas, je suis ma propre amie et j'ai mon père. Je n'ai besoin de rien d'autre ni personne pour me sentir bien. Le panthéon se dessine droit devant, majestueux pas sa grandeur et ces torches l'entourant de tout part. Les grecs viennent tous ici vénérer les dieux. Pour ma part je ne viens en ce lieux que pour tenir compagnie à papa. Contrairement à mes confrères et consœurs je ne vénère personne. Autrefois, j'aimais beaucoup les dieux, ils m'éblouissaient par la bravoure de leurs actes, leur dîtes beauté ou leur courage. Jusqu'au jour où j'ai eu l'âge d'apprendre le côté plus sombre de leur histoire. Le viol de Méduse par Poséidon, la punition de cette dernière par Athéna, les vengeances d'Hera sur les conquêtes et enfants mortels de Zeus, la jalousie plus que sévère d'Aphrodite à l'égard de Pyché, le terrible sort d'Arachné causé par Athéna...
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Flóga [OS]
FantasyLe temps enlace la vie chaque instant qui passent. Le silence te murmure qui tu es, sauras-l'entendre ? Sais-tu ô combien personne n'a de pouvoir sur toi ? Sais-tu ô combien tu représentes la puissance de l'âme ? Et si aujourd'hui tu décidais d'hur...