« J'aimerais être une cigarette pour naître au creux de tes mains, vivre sur tes lèvres et mourir à tes pieds. »
Auteur anonyme
Le samedi suivant.
À mon grand regret, je n'avais pas réussi à retrouver le même enthousiaste pendant le reste de la semaine. Cela faisait partie de la maladie, il y'avait des hauts et des bas et je n'avais aucune maîtrise sur mon humeur. Il fallait juste l'accepter. Cependant, les lendemains des bons jours, lorsqu'ils étaient mauvais, étaient encore plus difficiles à vivre. Ils donnaient l'impression d'être tombé d'un escalier après avoir réussi à monter quelques marches.
J'étais tout seul à la maison ce week-end. Lucie et les enfants étaient en visite chez les parents de cette dernière. Je n'avais pas trouvé la force nécessaire pour aller avec eux. J'avais besoin de me retrouver un peu seul. Ces moments étaient rares depuis que les enfants étaient nés. Je m'étais dit que le fait de me retrouver dans ma bulle pouvait me faire du bien et pouvait me permettre de faire un travail d'introspection. Cette perspective m'avait au débout réjoui mais cela me faisait bizarre d'être seul à la maison si longtemps. Tout était calme, trop calme, la maison semblait avoir perdu son âme sans les enfants. Je m'étais juré de ne pas trop me rendre triste à cause d'Eline. Il fallait que je m'occupe l'esprit.
J'avais commencé la matinée par un grand coup de ménage accompagné de musiques entraînantes. J'avais ensuite prévu d'aller au magasin pour faire les courses de la semaine. J'avais mis du temps avant de trouver la force pour m'y rendre car les lieux remplis de monde m'angoissaient. C'était un autre symptôme de la maladie. Un anxiolytique et quelques blondes furent nécessaires pour trouver le courage de monter dans la voiture.
Nous étions samedi, le magasin était bondé. Cela n'allait pas m'aider. Je pris un caddie et je me suis dirigé vers les grandes portes automatiques. Au moment de traverser sur le passage piéton, je faillis me faire renverser par une voiture qui ne s'était pas arrêtée. La conductrice était en train de regarder son téléphone.
« Oh attention ! lançais-je sur un ton énervé »
J'eus un doigt d'honneur comme réponse. Je me sentis tout de suite accablé et me suis instinctivement allumé une cigarette pour me calmer.
Ça commence bien. La bêtise humaine ne m'avait pas manqué.
À peine entré dans le magasin, je suis tombé sur un rayon « Fête de la bière » spécialement aménagé. La danseuse tournait autour des grands étalages de bière et m'invitait à en prendre. Bien sûr, je ne pus résister à la tentation.
Après tout, tu es tout seul ce week-end, tu n'affecteras personne, autant en profiter. Mais attention, aucun abus. Il est hors de question de partir en vrille. Tu t'es promis d'être assez lucide pour essayer de dessiner.
Je pris un panache de différentes bières locales. Je marchais ensuite dans les rayons le regard baissé. J'avançais péniblement en essayant de me frayer un chemin à travers la foule. Je me sentais oppressé. La majorité des gens que je croisais semblait énervée. Rien n'allait assez vite pour eux. Le vivre ensemble était un concept balayé par l'individualisme.
Des milliers d'année de progrès pour en être arrivé là. Tu m'étonnes que tu ne te sentes pas à ta place. Si seulement ils réalisaient la chance qu'ils ont au lieu de se renfermer sur eux même. Bon après tu ne connais pas l'histoire de chacun, ils doivent tous avoir leurs problèmes à gérer. Ils ont aussi peut être leur Eline. Pourtant, un peu d'humanité ou de bienveillance ne ferait de mal à personne.
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Mes trois meilleures amies
Mystery / Thriller"Mes trois meilleures amies" est un livre qui vous emmène au plus profond de la pire des prisons : notre tête. Jérémy est un papa et un mari comblé. Pourtant il traîne avec lui un lourd passé. Un concours de circonstances va le faire sombrer peu à...