Chapitre 15 : Les émotions

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Je me réveille en sursaut, plein de sueur et aussi essoufflé que si j'avais fait un marathon. Encore un cauchemar. J'ai revécu la mort de Laylana, mais cette fois-ci, à la fin, personne ne m'empêchait de tuer Chris. Voilà les mauvais rêves qui recommencent, encore et toujours. Ils ne me quitteront jamais, je dois m'y faire. Le pire c'est que le retour à la réalité est aussi douloureux. Je prends la fiole de PDB et en respire une petite partie. Je suis instantanément calmé, je retrouve une respiration lente et régulière, la souffrance redevient supportable.

L'heure au plafond indique six heures quarante-deux. D'après le planning dans mon sac la cafétéria ouvre à sept heures. Je me lève, je me sens parfaitement bien, comme hier, si j'ignore l'immense vide que Lana a laissée en moi... Ce que j'arrive à faire grâce à la poudre du bonheur. Je me brosse les dents, prend une douche et enfile une tenue de sport noir puis je me dirige vers la cafétéria. Je me repère grâce aux traits de couleur sur le sol. D'après les indications le blanc mène à l'infirmerie, le noir aux salles d'entraînement, le vert aux salles de conférences, le rouge aux hangars et le jaune mène à la cafétéria. Je croise de nombreux résistants dans les couloirs, tous habillé comme moi, mais personne ne fait attention à moi. Le complexe est gigantesque, il me faut presque dix minutes de marche pour rejoindre la cafétéria. Elle est immense. Il y a de grands écrans accrochés aux murs et pendus au plafond, comme de partout dans cette base d'ailleurs. Un grand îlot central plein de végétation vient ajouter une touche de verdure au milieu de tout ce beige. Il doit bien y avoir au moins mille places autours des grandes tables qui remplisse la cafétéria mais la salle paraît presque vide. Les quelques personnes présentes, toutes très calmes, sont assises en train de manger. Je repère Morgane toute seule avec un petit-déjeuner qu'elle touche à peine. Elle n'a pas l'air très en forme. Je m'assois en face d'elle et entame la conversation un peu gêné par mon comportement d'hier :

- Bonjour Morgane.

- Bonjour Cole, me répond-t-elle en feignant un sourire.

- Bien dormi ?

- Des cauchemars, comme toujours.

- On est deux alors... Je voulais m'excuser pour hier. J'étais pas dans mon état normal. Merci pour ton aide.

- Je comprends, n'en parlons plus, dit-elle tristement.

Je crois qu'elle n'a pas vraiment envie de revenir sur les événements de la veille. J'essaie donc d'éviter le sujet qui fâche :

- Comment tu te sens ici ?

- J'en sais rien, tout le monde me regarde de travers et c'est un grand changement après le confort de la haute zone, m'explique-t-elle perplexe. Mais au moins ici je peux être moi-même, puis je risque pas d'être arrêtée et torturée à chaque instant. Ça soulage.

- Je comprends... Comment c'était ? De vivre là-bas ?

- Pas tous les jours facile. Heureusement que j'avais ma mère, et une ou deux personnes que j'appréciais réellement.

- D'autres infiltrés ? je lui demande curieux

- Non, des voisins, des collègues, un ami. À par ma mère je ne connaissais pas d'autres infiltrés. Fox fait en sorte qu'on en sache le moins possible, m'explique Morgane. Pour éviter qu'on puisse balancer des noms si on se fait chopper.

- Logique. Tu étais vraiment ami avec des gens du haut peuple ? je lui demande étonné.

Elle me regarde surprise et quelque peu exaspéré.

- Bien-sûre. Il y des gens bons parmi les habitants du haut peuple.

- Ils ont tout ce qu'ils désirent pendant que des milliards de gens crève de faim et ils ne font rien pour changer les choses. Je trouve ça détestable, je lui avoue sérieusement, ce qui semble l'irriter.

NÉMÉSIS : 2121 RÉSISTANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant