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Le soleil se couche doucement, disparaissant peu à peu derrière les arbres se dressant devant moi. Une douce brise fouette ma longue chevelure tandis que les derniers rayons me chauffent encore la peau. L'automne pointe d'ores et déjà le bout de son nez et l'air est frais.

Je me mets alors à repenser à Tante Faith, ma relation avec elle était arrivée à un point de non-retour et j'avais dû partir, pour son bien comme pour le mien. Cela avait été une des décisions que je regrettais le moins. Cette pression constante, telle une bouilloire prête à sauter à la moindre occasion, m'avait quittée. Depuis, je ne m'étais jamais sentie aussi libre, aussi sereine que maintenant.

Mes pensées chargées de souvenirs sont interrompues par une notification sur mon téléphone: un message de Genesis me prévenant qu'une fête sur la plage de Pittsburgh est organisée. J'ai toujours connu ces soirées en bord de plage, Portrush est une petite ville et sans exagérer, je pense que quasiment la moitié des habitants sont en réalité des étudiants. On se retrouve régulièrement là-bas et on fait la fête, nous sommes d'autant plus accrochés à cette tradition qu'il n'y a pas beaucoup d'autres activités par ici. 

Genesis semble vraiment vouloir m'y voir présente alors je me motive pour aller là-bas. Après tout, une soirée sur la plage, avec de la bonne musique et des gens, ça s'annonce bien, non ? 

Toujours sur le petit balcon de mon modeste studio, je décide d'aller me préparer; "me préparer" voulant simplement dire enfiler une tenue correcte (un jean slim noir troué, un large pull et des Vans). 

Je pars finalement une demi-heure plus tard avec ma voiture, en direction de la soirée.

Arrivée là-bas, je constate qu'il doit y avoir une soixantaine d'adolescents amassés par groupe, verre dans une main, clope dans l'autre pour une majorité d'entre eux. Genesis m'accueille, avec tout l'enthousiasme et l'entrain qui la caractérise si bien.

— Salut ma belle !

— Salut Genesis.

Je lui souris, heureuse de la voir et la sers dans mes bras. Sa bonne humeur est contaminatrice, débordante, sans gêne ni relâche. C'est pour cela qu'elle s'entend bien avec tout le monde, elle est l'incarnation humaine d'un rayon de soleil, incandescent et scintillant.

— Ravie que t'aies pu venir, tu connais à peu près tout le monde, je peux te laisser ça ira ?

— Ce ne sont que des étudiants de notre université alors ne t'en fais pas, ça va le faire !

Je souris en croisant les doigts pour que mon mensonge passe tant bien que mal. A vrai dire, je ne les connais, pour la plupart, que de vue. J'ai un groupe d'amis assez restreint, mais je ne le regrette absolument pas et c'est un choix. Je sais que je peux compter sur eux quoi qu'il arrive.

— Tant mieux alors, je te laisse, je reviens te voir tout à l'heure.

Elle me salue de la main et me fait un clin d'œil avant de partir en sautillant vers un groupe de garçons.

J'ai l'air bien tiens, entourée par des personnes qui me semblent si familières et pourtant inconnues à mes yeux. Les heures passent, je me suis résignée à rester près du feu de camp, mon verre d'alcool à la main, histoire de ne déranger personne. La soirée est longue, je ne sais absolument pas quoi faire, mais ne voulant pas vexer Genesis, je reste malgré tout. Il est deux heures du matin quand un garçon s'assoit à mes côtés. On échange furtivement un sourire. Il a un visage fin, de courts cheveux bruns en bataille, le teint un peu blafard. Je remarque aussi que ses pupilles sont totalement dilatées.

— T'es sûr que ça va ?

— Oui, pourquoi tu me demandes ça ?

Je lui fais un signe montrant mes yeux pour en fait, désigner les siens.

— Ah, pour mes yeux ? J'ai l'habitude, tu sais.

Il sourit, et hausse les épaules. Une grimace de sarcasme traverse mes traits.

— Je vois, à ce niveau d'assurance ça devient presque malsain !

Il esquisse un rire en coin après ma réflexion puis me regarde droit dans les yeux, verrouillant son regard envoûtant au mien.

— Je m'appelle Jake.

Il me tend sa main et je la serre.

— Leïa.

On échange un sourire lorsque la sonnerie de son téléphone coupe notre conversation. Jake décroche son téléphone, les veines de son cou sont apparentes. Je ne peux même pas imaginer à quelle vitesse son sang afflue à ce moment-là, ses mâchoires sont contractées, ou plutôt crispées. Tout ce dont je suis certaine, c'est qu'il ne devait pas attendre ce coup de téléphone avec impatience.

Addictions.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant