« hear no evil »

écho n°5

Ses yeux parlaient pour eux-mêmes.

Dans le reflet de la piscine, ses iris transparentes laissaient paraître un flot de sentiments tel qu'Adam ne saurait mettre un nom sur chacun d'entre eux. Il y voyait la peur, la tristesse, une émotion sans pareille, telle qu'il se doutait qu'Oz avait tout gardé pour lui durant ses années.

Adam se sentit prit au dépourvu ; il ne sut quoi faire de ses longs bras qui tremblaient quelque peu sous l'importance du moment. Finalement, il voulu se décider à les enrouler autour du petit corps d'Oz, mais ce dernier fut plus rapide.

Le blond entoura le torse d'Adam de ses bras affutés, agrippés à sa veste comme si sa vie en dépendait.

Le brun n'aurait su dire s'il pleurait où si c'était la sueur de son front qui humidifiait son haut.

Qu'importe.

Ce soudain contact lui donna des frissons.

Il n'était plus habitué à une telle proximité, cela faisait longtemps qu'on l'avait prit aussi sincèrement dans ses bras. Avec autant d'honnêteté, de sincérité. 

De désespoir peut-être.

Adam ne put que rendre l'étreinte.

Il savait qu'il n'arrivait pas vraiment à réaliser l'instant qui se jouait. Il était là, à Londres, Oz contre sa poitrine, et la Lune qui les couvait d'un regard enfin bienveillant.

Avaient-ils enfin mérités sa bénédiction ?

Les deux ne prononçaient mot, et pour une fois, le silence avait du bon.

Ce même silence, celui d'Adam, n'avait jamais été aussi chaud.

Il avait le goût d'une étreinte maternelle, d'une étreinte au coin du feu où l'on se raconte nos espoirs et nos rêves. Où l'on se partage nos envies et nos vices.

Le coin du feu était là aquatique, mais il n'avait jamais été aussi brûlant dans le coeur des deux garçons.

Il suffit d'un instant plongé dans ses pensées pour qu'Oz profita de son moment d'inattention.

Une fossette se creusa dans ses joues où son sourire perçait en coin, puis brusquement, il repoussa Adam brutalement. Ce dernier, surpris par son mouvement soudain, ne put stopper son corps tout en longueur de glisser.

Avant de tomber dans l'eau, il ne put qu'apercevoir Oz qui se débarrassai dans la hâte de sa veste usée et qui le rejoignit en un plongeon disgracieux.

Il n'avait pas besoin de ses oreilles pour visualiser le rire qui illumina le visage de son ami de toujours.

Puis l'eau prit possession du corps d'Adam. Loin de l'alourdir et de le traîner au fond dans la pénombre, elle sembla le porter au contact de la surface lumineuse pour reprendre son souffle. Il semblait rêver ; la nuit portait son doux reflet étoilé sur la piscine, et à son centre près de lui, les mèches rebelles blondes d'Oz fleurissaient comme des nénuphars.

Adam sentit son coeur se compresser, il se sentit à nu dans cette piscine où les iris persistantes de l'autre garçon le guettait, qui doucement se rapprochait de lui.

Dans ses yeux, il vit tout ; il vit l'accident, la séparation, la peur, vite remplacée par la haine, le vide puis un but.

Oui, il le voulait.

Plus la silhouette filante d'Oz approchait de lui, plus il se sentit désemparé.

Est-ce qu'Oz avait toujours été aussi large ? ? Aussi grand ? Avait-il toujours été aussi imposant ?