Princesse de l'autre monde

XVII. Attaque surprise

Nous nous étions donné rendez-vous devant le palais. Quand tout le monde fut arrivé, (il y avait là Gnorfy et son frère, Brook, Roar, Smilaa, Ogappù et Ematrôvh et nous cinq) Gnorfy nous guida à travers les rues sinueuses de Brakaanaoo jusqu'à une petite place. Des échoppes entouraient cette placette : fruit et légumes étranges, petites pâtisseries appétissantes, armures et armes... Je fus tentée d'entrer dans une boutique de figurines en pierre mais nous avions une mission importante. Sept rues partaient de la place. Deux d'entre-elles, les deux plus grosses, amenaient à Faphnyrr. Fygnor et Gnorfy discutèrent un moment. J'en profitai pour observer les passants : des enfants nous pointaient du doigt pendant que leurs parents les emmenaient dans des boutiques. Sur un rocher, des anciens parlaient du bon vieux temps et du Combat Noir. J'essayais d'écouter leur conversation mais Gnorfy intervint avant :

- Nous allons passer par le chemin le plus direct pour aller à la Tour Maléfique : nous allons passer dans nos galeries, ce qui va nous prendre une bonne partie de la journée, et ensuite passer par les montagnes. Nous arriverons au petit matin, si on ne traine pas trop.

Nous ne pûmes négocier, les Gnomlins étaient déjà partis. Ils se dirigèrent vers le plus petit des chemins et nous les suivîmes en silence. A mon grand désespoir, il fallait monter (je m'en doutais mais j'espérais qu'ils auraient des wagons, comme pour la descente). Un ancien escalier en colimaçon, qui n'avait pas dû être utilisé depuis un petit bout de temps, nous attendait. Nous commençâmes à le gravir lentement, car la montée risquait d'être longue. Je comptai les marches au fur et à mesure que nous avancions : 56, 57, 58... A la marche 102, je m'arrêtai, à bout de souffle. Mes compagnons s'arrêtèrent à leur tour, trop heureux de faire une pause. Mais notre repos fut de courte durée : Gnorfy repartit au pas de course. Lorsque je voulus lui demander pourquoi il fallait repartir maintenant, aucun son ne sortit de ma bouche, j'avais la langue et la gorge sèches. Nous repartîmes donc, désespérés. Au loin, de la lumière nous parvenait. L'espoir renaissait. 148, 149, 150... Peu à peu, les marches se faisaient moins hautes. Enfin, nous arrivâmes sur un petit sentier de terre battue. Devant nous, la lumière. Puisant dans le peu de forces qu'il me restait, je courus jusqu'à la sortie et m'écroulai sur une plaine verdoyante. Eragon et Démétra ne tardèrent pas à me rejoindre, suivis de près par Isis et Faolan. Les Gnomlins, eux, nous regardaient, étonnés. Nous nous roulions dans l'herbe, nous nous courions après... Soudain, un cri de joie retentit : c'était Démétra qui avait trouvé un petit ruisseau. Elle avait commencé à boire à grande gorgée quand nous la rejoignîmes. Je me précipitai à mon tour vers le ruisseau pour étancher ma soif mais une racine farceuse s'était mise en travers de mon chemin. Je trébuchai, chancelai et... plouf ! dans l'eau ! Eragon, qui avait assisté à la scène, rigola et sauta dans l'eau pour me rejoindre. Isis accourut et tomba à son tour dans le ruisseau, en éclaboussant sa sœur. Seul Faolan ne prenait pas part à la fête. Inquiète, je lui demandai :

- Ça va ? Tu ne veux pas venir t'amuser un peu ?

- Non, répondit-il. En fait, je ne comprends pas comment vous pouvez rigoler... Maman est en danger, je te rappelle !

La réalité me frappa, comme si le poids du ciel tombait sur mes épaules. Je ne pouvais rien dire. Les Gnomlins étaient derrière Faolan, accompagnés d'étranges créatures. Grandes d'environ deux mètres cinquante à quatre pattes, les bêtes avaient deux longues cornes rougeâtres. Aucune chance de voir leurs yeux tellement leurs poils roses et verts étaient longs. Elles avaient une longue queue terminée par une sorte de boulet à pic. Les bêtes paraissaient tellement mignonnes ! Elles me faisaient penser à mon vieux doudou... Gnorfy nous fit signe de sortir de l'eau et nous expliqua :

- Vous avez devant vous quatre Saurö'ces. Attention, elles sont féroces et difficiles à vaincre. C'est pour cette raison que nous les avons choisi comme monture.