XX. Guet-apens

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Nous étions balancés de gauche et de droite à l'intérieur, nous cognant aux murs du carrosse avec force. Alwena grogna :

- Cocher ! Faîtes plus attention, je vous prie ! Je n'accepterais guère de me faire conduire une seconde de plus dans une voiture cahotée ainsi de tous côtés.

Mais notre conducteur n'avait pas l'air d'avoir entendu, ou tout du moins compris un traître mot de ce qu'avait raconté sa reine. Au contraire ! Il accéléra et quitta la route d'un bond. Faolan, qui comprit avant nous le danger, hurla :

- Sortez ! Sortez vite !

Sans plus attendre, nous obéîmes, mais trop tard. Nous étions déjà à l'extérieur quand le carrosse, renversé sur le côté, commença à rouler, entrainé par la pente. Le cocher nous faisait face, le visage sévère, un rictus terrifiant lui barrant le visage :

- Enfin, vous et moi. Quand vous ne serez plus de ce monde, qui pourra avertir le peuple du danger, qui pourra le commander ? Et puis, votre mort causerait tellement de trouble dans les rangs, cela ménera à votre perte !

- Mais enfin... que signifie... commença Alwena.

- Je ne suis pas fou ! répondit notre adversaire. J'ai rejoint les gagnants. Et vous êtes assurèment perdants. La preuve ? Vous allez mourir !

- J'exige des explications ! ordonna Hylaeos.

- Elles sont simples : je me suis rangé avec le clan P.O.U.V.O.I.R, qui suit une règle simple, c'est-à-dire tuer ceux qui ne sont pas pour eux. Maintenant, j'ai ordre de vous tuer. Et... merci de m'avoir fourni autant de précisions sur vos projets contre le Clan-Tout-Puissant !

- Clan maudit, oui ! répliquai-je. Seulement, une chose me parait étrange, dans ton explication : à un contre quatre, comment comptes-tu nous... tuer ?

- Qui a dit que j'étais seul ? répondit malicieusement la créature maléfique. C'est vrai, au début, je ne devais me retrouver que contre deux personnes. Mais quatre à assassiner, ce n'est pas mal, hein ?

Sur ces mots, trois silhouettes encapuchonnées surgirent des buissons.

- A l'attaque ! cria l'une d'elles. Ne laissez aucun survivant !

Je sortis précipitamment mon poignard de son fourreau. Une silhouette, plutôt masculine, s'approcha férocement de moi. Nous nous tournâmes lentement autour. Puis, il attaqua : un coup puissant m'atteint à l'épaule. Son épée rebondit contre mes épaulettes mais la douleur se propagea tout de même jusqu'à ma main, qui faillit lâcher la dague. Je portai ma main libre à mon épaule douloureuse et la frottai frénétiquement. J'entendis un cri derrière moi mais ne me retournai pas : je fixai mon adversaire, essayant de lui trouver un point faible. Ce dernier fit tourner son épée et cracha :

- Alors comme ça, on ve se battre ? Aller, viens, saute-moi dessus !

Il ricana et leva son épée. Mais au lieu de l'abaisser sur ma tête, il fit un tour sur lui-même et le plat de sa lame me frappa à la hanche. Cette fois, je fus envoyée, projetée par la force du coup contre un arbre proche, et ne pus retenir une longue plainte. Les larmes me brouillaient la vue, la tête me tournait. Chaque bruit autour de moi résonnait, me broyant ainsi le tympan. J'eus une petite pensée pour Cœur de Feu, qui avait disparu, pour mes amis et ma famille, que je ne pourrais plus revoir. C'était pour eux que je mourrais. Mais je n'avais pas l'intention de me laisser abattre sans rien faire, je voulais tout de même leur donner du fil à retordre ! Je puisais dans les forces qu'il me restait et je me rendis compte que la douleur n'avait pas diminué ma puissance. Je fis courageusement face à la mort, c'est-à-dire à l'homme devant moi. Je plaçais mes mains en avant, lâchant ma dague.

Princesse de l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant