XXIII. La Tour Maléfique

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Le soleil commençait à descendre sur l'horizon quand nous prîmes congé d'Aliénor et son frère. Nous avions passé l'après-midi à élaborer le plan parfait. Nous étions tous un peu réticent sur un point un peu douteux mais indispensable dans notre stratégie. Le chemin du retour me parut long, le silence pesant qui s'était installé autour de nous était insoutenable. Pour me changer les idées, et éviter de penser à la mort qui pouvait décider à un moment ou à un autre d'enlever ma vie comme celle de certains de mes compagnons, je me mis à chanter, mais ce ne fut pas une réussite et devant mes amis qui se bouchaient les oreilles, j'arrêtai.

Il était temps que nous arrivions car la nuit était tombée quand la première tente nous apparut. Les bêtes sauvages se réveillaient et nous commencions à entendre des grincements, des jappements et des grognements de tous les côtés. Mais il ne faisait étonnamment pas froid. Je ne pus m'empêcher de pousser un soupir de soulagement et de me précipiter vers ma propre tente de laquelle émanait une faible lueur. Lorsque j'entrai, je remarquai tout d'abord le dos voûté d'Eragon, tourné vers l'unique bougie qui vacillait lentement. Je me dirigeai sur la pointe des pieds vers ma couchette et observai mon ami, qui avait fermé les yeux. Enfin, il ouvrit les yeux et, le regard dans le vide, comme s'il s'était éveillé d'un long sommeil, il me dit :

- Déstresse ! J'ai sentis ton angoisse dès le moment où tu as mit le pied dans cette tente !

- Comment... ?

- C'est mon pouvoir. Tu contôles le feu, je lis les émotions et dans les pensées.

- Donc tu sais se que je pense en ce moment même ?

- Oui et non. C'est-à-dire que je pourrais mais ce sont des pensées, et si je les lis sans ton autorisation, je viole ton intimité. En revanche, tes émotions me parviennent d'elles-mêmes. Alors, raconte ! A ce que je vois tu es vivante. Et tu m'en vois ravi...

Quelque chose dans sa voix me paraissait étrange...

- Tu vas bien Eragon ?

- Mmm...

Cette fois, je fus convaincue que quelque chose clochait véritablement chez lui. Lorsqu'il tourna sa tête vers moi, je découvris ses gros cernes et ses yeux fatigués.

- Tu devrais aller te coucher, lui dis-je.

- Tu crois vraiment que j'arriverais à dormir sans savoir ce que tu manigances ? Tu sais, je... je...

- Chuut ! lui intimai-je. Calme-toi. Et dis moi d'abord ce qui s'est passé. Tu as découvert un truc par rapport à ton pouvoir, non ?

- Oui, mais ce n'est pas très important...

- Eragon !

- Bon, d'accord... Comme je te l'ai déjà dit, je peux lire dans les pensées...

- Et ressentir les émotions des autres à distance, oui, je sais.

- Mais ce n'est pas tout. Je peux lire dans la tête des gens comme dans un livre ouvert mais je peux aussi savoir à qui appartiennent ces pensées, confia-t-il. C'est-à-dire que si je ferme les yeux, je peux savoir qui se trouve devant moi.

- Hum... oui. Mais je ne vois pas où tu veux en venir. Je sais que c'est génial mais...

Il se passa une main sur le visage et soupira :

- Je peux savoir donc où se trouve chaque personne, à la condition qu'elle soit assez près de moi. Je crois pouvoir étendre ma conscience à un ou deux miles à la ronde...

Je ne voyais toujours pas où est-ce qu'il voulait en venir. A moins que...

- Ce qui veut dire que tu peux savoir où se trouve leur base, et où sont enfermées les différents dirigeants !

Princesse de l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant