Un pour tous, tous pour un

IV - Guérison Mutuelle

Mani était en train de marcher sur le chemin menant à la périphérie de Castelblanc. Il avait été gravement blessé lors de l'affrontement contre Melancholia et il s'aidait d'un bâton de fortune pour marcher. La route lui semblait déjà interminable lorsqu'il entendit des sabots de chevaux derrière lui.

« Eh Mani ! »

L'Elfe se retourna et vit Théo, accompagné de Victoria et Warren.

« Tu vas à Castelblanc ?
- Juste à côté, oui.
- Je vais t'épargner le chemin à pieds, vu ton état. Monte. »

Mani sourit et attrapa la main du jeune soldat pour qu'il le hisse derrière lui. Une fois bien installé sur Lumière, le botaniste passa sa main autour de la taille de Théo et ils prirent la route de la Capitale. Le trajet fut assez silencieux, chacun était un peu perdu dans ses pensées et se remémorait les derniers jours qu'ils venaient de vivre. Mani pensait à Shin, bien sûr, mais il pensait aussi à Manekida, qu'il allait revoir et qui avait échappé à la mort de peu. Mais surtout, il fulminait contre Phinéas. Il imaginait sa vengeance, celle qu'il attendait depuis tant d'années, cette vengeance qui lui permettrait de faire payer son ancien mentor pour toutes les souffrances qu'il lui avait infligées lorsqu'il avait été enrôlé dans la Métalignée.

La journée fût longue et, lorsque Théo le déposa devant l'auberge où se trouvait Manekida, il faisait déjà nuit noire.

« Merci beaucoup Théo.
- C'est rien, c'était sur ma route. On se retrouve à Fort-Tigre ! »

Mani le salua d'un hochement de tête et le regarda s'éloigner. N'étant pas habitué au cheval, il avait déjà des courbatures partout et il pris le temps de s'étirer quelques minutes avant de rentrer à l'intérieur de l'établissement. Quand il ouvrit la porte, l'aubergiste, qui semblait avoir été prévenu de son arrivée, lui indiqua la chambre de son amie. L'Elfe le remercia et monta à l'étage. Juste devant la porte, il respira profondément. Il ne savait pas dans quel état il allait la trouver, et il redoutait, par dessus tout, qu'elle lui en veuille. Plein de doutes, il frappa doucement contre le vieux bois de la porte. Une voix faible l'invita à entrer. Il s'exécuta et pénétra dans la chambre.

Des chandelles étaient allumées un peu partout et un feu de bois brûlait tranquillement dans la cheminée. Manekida était allongée dans son lit et regardait par la fenêtre. Ses longs cheveux blonds très clairs, presque blancs, recouvraient son oreiller. Lorsqu'elle vit Mani, un immense sourire se dessina sur ses lèvres. Même blessée, même épuisée, elle était tellement belle. Elle tendit une main vers son ami.

« Je suis désolé d'arriver si tard. »

Il s'avança vers elle et s'assit sur le rebord de son lit.

« Comment tu te sens ?
- Ça serait plutôt à toi qu'il faut demander, tu as l'air sacrément blessé, dit-elle d'une voix inquiète.
- J'ai bien morflé oui. Mais ça va, je me remets doucement sur pieds. Et toi ? Dis-moi comment tu vas.
- Je me soigne. J'ai eu la jambe cassée et j'ai très très mal au dos. Plus tous mes bleus et mes contusions en tout genre. Mais l'aubergiste a été très gentil, il a fait venir un bon médecin, et ses potions m'aident à supporter la douleur.
- Tu peux marcher ?
- Je n'ai pas vraiment essayé encore. J'ai un peu peur de me rendre compte que je n'en suis plus capable.
- Ne dis pas ça. Tu vas remarcher, et tu vas retourner soigner les gens aux quatre coins du Cratère. »

Elle sourit.

« Je ne sais pas si je vais rester dans les ordres Mani.
- Ah bon ? Pourtant tu m'as toujours dit que c'était la vocation de toute ta vie.
- Je le sais. Je le pensais jusqu'à il y a peu. Mais j'en suis moins sûre à présent. Ce séjour avec Phinéas m'a appris une chose. C'est bien de soigner les gens, mais éviter qu'ils soient blessés, c'est mieux. »