1. Fuite

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Attention, cette histoire a été dépubliée pour révision le 28 août 2024. Seul le premier chapitre est encore disponible.
Je remettrai la nouvelle version le plus rapidement possible !

Attention, histoire avec des passages violents qui ne ressemble pas aux autres romans de mon profil. Il ne s'agit pas d'une romance.

—26,30 euros, s'il-vous-plaît, me dit le caissier du supermarché d'un ton blasé.

Nous sommes en fin de journée. Il n'a probablement plus qu'une hâte : rentrer chez lui. Je ne vais pas le blâmer. Je ressens exactement le même sentiment. Les huit heures de cours que j'ai subies aujourd'hui m'ont épuisé.

Je sors ma carte bleue et l'introduit dans la machine.

Je glisse dans mon sac de course le ticket de caisse que l'homme vient de me donner et me dirige vers la sortie après l'avoir remercié. Je suis préoccupé par les révisions qu'il faudrait que je commence pour mes partiels. C'est à cause de mon inattention que je ne remarque pas la nouveauté que les gérants du magasin viennent de faire installer. Erreur fatale. Alors que ma première jambe vient de franchir la porte automatique de la sortie, je ressens soudain une grande douleur dans tout mon corps qui me fait tomber à genoux. Puis une sirène retentissante se met à sonner juste au-dessus de ma tête.

Un détecteur d'ectoplasme ? Comment j'ai pu rater ça, moi ?

J'entends des exclamations derrière moi. Un vigile est déjà en train de s'avancer. Heureusement, la machine était visiblement mal réglée parce qu'elle ne m'a pas fait suffisamment mal pour m'immobiliser très longtemps. Je saute aussitôt sur mes jambes, abandonnant mon cabas et mon sac de cours qui a glissé de mon dos sous le choc. Le vigile tend le bras pour m'attraper, mais je parviens à lui échapper in extremis. Je pars aussitôt en courant. La rue est déserte, si bien que personne ne cherche à me barrer la route. Je sens le souffle de l'homme juste derrière moi. Je ne me retourne pas pour savoir si je gagne du terrain. J'ai l'avantage d'être plus jeune et bien plus motivé. Je ne veux pas me faire capturer.

Mes poumons me brûlent, mais j'entends le vigile hâler encore plus fort et je comprends qu'il ne va plus tenir très longtemps. Je me félicite mentalement de m'être obligé à faire un jogging quotidien. Je savais que cela pourrait m'être utile.

Au bout de quelques minutes au même rythme, je me rends compte qu'il n'y a plus de bruit derrière moi depuis un moment. Je prends le risque de jeter un coup d'œil derrière mon épaule. Mon poursuivant à disparu. Intensément soulagé, je ralentie un peu jusqu'à me mettre à marcher à pas rapides. Je ne peux pas prendre le risque de m'arrêter comme mon corps le réclamerait. Je suis loin d'être tiré d'affaire. Je ne peux même pas retourner chez moi. A l'heure actuelle, les gens du magasin ont dû appeler des trappeurs. Ils ont fouillé mon sac contenant tous mes papiers, mon identité, mon adresse, et les clefs de mon appartement, par ailleurs. Il me faut un endroit où me cacher. La traque doit déjà avoir commencé.

Je m'efforce de ne pas céder à ma panique pour garder la tête froide. Je ne peux me rendre chez personne. Mes amis de la fac ne savent pas que je suis un ectoplasme. Ils ne voudront pas m'aider. Je n'ai plus de famille et le réseau qui m'a aidé lorsque j'étais plus jeune a coupé tous les ponts avec moi, par mesure de sécurité. Je m'étais installé dans une ville de taille moyenne, pensant cela plus sûr. Je pensais que les dispositifs anti ectoplasme n'existaient de manière systématique qu'à Paris, ou à la limite dans les supermarchés les plus imposants, pas dans la petite supérette dans laquelle je fais mes courses sans problème depuis un an. Visiblement, je me suis trompé... En plus, impossible d'être discret dans une agglomération de cette taille. Je vais me faire repérer en moins de deux.

Mon regard désorienté tombe soudain sur une étendue boisée non loin de là. La forêt ! Je pourrais y aller et me cacher. La nuit est en train de tomber. Personne ne m'y poursuivrait.

Revigoré par ce début de plan, je me mets aussitôt en route. Je croise une ou deux personnes promenant leur chien qui semblent heureusement ne pas faire attention à moi. Je garde les yeux baissés pour ne surtout pas attirer l'attention. J'hésite un peu pour savoir s'il faut que je m'engage tout de suite dans les bois ou s'il faudrait que j'attende qu'il fasse complètement nuit. La perspective de savoir les trappeurs déjà en chasse me pousse en avant. Et puis il va falloir que je m'avance le plus possible dans la forêt avant de ne plus rien y voir. Après, je me trouverai une cachette pour la nuit. Et ensuite ? Eh bien je ne sais pas trop.

Je suis franchement mal barré pour le moment. Finalement, je me demande si cela n'aurait pas été une bonne chose si le vigile avait réussi à me capturer tout de suite, parce que je ne vois pas du tout comment je vais faire pour rester libre plus de quelques jours. Je me retrouve absolument sans moyen aucun. Je n'ai plus que les vêtements que j'ai sur le dos.

Tout en ruminant sur mon triste sort, je me suis engagé parmi les arbres. Je suis le chemin principal un moment pour m'éloigner le plus possible de la ville. Au bout d'une vingtaine de minutes je finis par le quitter pour m'enfoncer dans la forêt. Je ne vois déjà presque plus rien et trébuche plusieurs fois sur des branchages gisant sur le sol. Un buisson attire mon attention. Et si je me cachais sous son feuillage pour le reste de la nuit ?

Comme je n'ai pas de meilleur plan, je le mets à exécution et m'allonge à même le sol. Je suis épuisé. Si je veux m'en sortir demain, il faut que j'arrive à prendre quelques heures de sommeil. Je pressens que cela ne sera pas facile. Je n'ai jamais dormi à la belle étoile. De plus, même si ce mois d'avril est particulièrement chaud, ce n'est pas non plus l'été. Depuis que le soleil s'est couché, la température a déjà commencé à chuter. Et je ne porte qu'une légère veste. Je croise les bras et me roule en boule pour essayer d'avoir un peu chaud. Ce n'est pas franchement efficace. Je me mets à frissonner et à claquer des dents. Cela m'empêche de m'assoupir. Sans compter que la forêt est à cette heure remplie d'animaux qui passent à côté de moi, me faisant sursauter. Je ne me sens pas rassuré du tout. Je pense avec nostalgie à mon petit studio qui m'hébergeait jusqu'à présent. Il ne payait certes pas de mine, mais il m'offrait un abri bienvenu.

Puisque le sommeil continue à me fuir, je songe également au malheur de ma condition d'ectoplasme. Nous sommes des créatures parfaitement humanoïdes, vivant cachées parmi les hommes. Mais nous ne sommes pas humains. Notre principale différence tient au fait que nous disposons de pouvoirs spéciaux. Enfin, pour certains d'entre nous. Moi je n'ai pas du tout l'impression d'en avoir. On nous appelle des ectoplasmes. J'ignore d'où vient le nom. Pour autant que je sache, cela n'a rien à voir avec les esprits. Comme nous vivons cachés, estimer notre nombre n'est pas évident. Pendant des millénaires, les hommes nous ont chassés et exterminés, parce que nous sommes censés être des monstres malfaisants. Il est vrai qu'auparavant, il y a plus de 10 000 ans, la situation était inversée. Par leurs pouvoirs, qui étaient à l'époque bien plus puissants que de nos jours, les ectoplasmes dominaient les hommes et les asservissaient. Jusqu'à ce qu'un jour les humains se rebellent. Ils ont pris le pouvoir et ont massacré quasiment tous les ectoplasmes. On ne connaît presque rien de cette période, mais les hommes en sont restés traumatisés. Ils craignent qu'un jour nous ne parvenions à nouveau à l'emporter.

Personnellement, je ne me sens pas du tout malfaisant. J'ai toujours vécu parmi des humains et il m'a toujours semblé que je pensais et ressentais les choses exactement comme eux et je n'ai jamais compris cet acharnement que les hommes ont contre nous, mises à part des blessures vieilles de milliers d'années. Depuis un certain temps ils ont heureusement cessé de nous liquider systématiquement, du moins dans la majorité des pays. A la place, lorsqu'ils nous capturent, ils font de nous des esclaves. Si les trappeurs me trouvent dans les prochains jours, ils me vendront à quelqu'un qui pourra me traiter comme bon lui semble, et même me tuer, sans devoir rendre de compte à qui que ce soit. Je n'aurais plus aucun droit. Et ça ne me tente pas trop, à vrai dire.

Je dois finir par m'endormir, parce que je suis réveillé en sursaut par des éclats de voix et des aboiements de chiens. Je me redresse, paniqué. Les trappeurs ! Cela ne peut être qu'eux. Ils me cherchent ! Que dois-je faire ? Rester cacher ici ou tenter de m'enfuir plus loin ? Si je reste là les chiens risquent de flairer ma présence, non ?

Je bondis sur mes pieds et pars en courant dans ce qui me semble être la direction inverse des voix. Avant d'entrer en collision avec une personne.
 

Captif (bxb) [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant