Le 15 déc. 2017Petite maman,
Ce soir, j'espère avoir le courage de terminer cette lettre comme je n'ai jamais pu le faire ces cinq dernières années.
Je suis incapable de te dire ce que je ressens, en ce moment, et je ne sais pas par où commencer cette histoire que je dois te conter. Ma vie est un véritable labyrinthe depuis que tu n'es plus là, je suis prisonnière de moi-même, de mes fautes et de mes erreurs...Depuis ton départ, la vie n'a pas cessé de me martyriser et je prie Dieu,tous les jours de me donner la chance de revoir ton sourire. Bon, ma petite maman... Après que tu sois partie, j'ai réussi tant bien que mal à obtenir mon diplôme en Hôtellerie et Tourisme. Ça n'a pas été facile mais j'ai relevé le défi. Après cela, j'ai cherché du travail partout mais ce fut peine perdu. J'ai été cependant acceptée pas parce que j'avais de très bonne note ou que mes documents étaient fiables mais parce que je suis une femme. Je n'avais pas vraiment le choix. J'étais obligée de choisir entre mourir de faim et enfin vivre alors j'ai choisi de vivre.
J'étais heureuse de mon travail, je voyageais souvent dans les Antilles, j'avais ouvert un compte en banque et j'allais même sortir de ce ghetto, de cette rue crasseuse, de cette misère qui m'a vu grandir ces 25 dernières années...
Mais au bout de quelques mois, tout est allé de travers. J'ai commencé à avoir des nausées et à me sentir mal.Je me suis rendue à l'hôpital et il s'avérait que j'étais enceinte ! De qui ?! De mon patron... Lorsqu'il a appris la nouvelle, ce con m'a demandé d'avorter. J'étais peut-être méchante, cruelle, et sans coeur mais je respecte la vie et en aucun cas en aucune circonstance je ne ferais de mal à un innocent, à un enfant qui n'est pas coupable de mes bêtises...Alors j'ai décidé de garder mon enfant, j'ai perdu mon travail mais je ne me suis pas résignée à laisser mon enfant sans père alors j'ai décidé de faire un procès à ce lâche qui refusait de reconnaître sa paternité. J'ai lutté de toutes mes forces mais de toute évidence la justice était corrompue cela dit la raison du plus fort est toujours la meilleure! À cause du procès, toutes mes économies ont été ravagées, j'ai vidé mon compte en banque pour avoir justice mais le juge m'a menacé de me retirer la garde de ma fille. J'étais donc obligée de tout laisser tomber les poches vides avec mon enfant dans les bras.
J'ai dû me battre pour survivre dans ce pays qui empoisonne nos rêves et qui pourri notre existence, où les droits de l'homme dois-je dire les droits de la femme ne sont pas respectés. Je me bats pour survivre dans un pays qui peut-être demain ne sera plus.
Pardon petite maman, si je te dérange et si je parle trop! Je suis désolée de t'avoir trahi, de ne t'avoir pas écouté...Pardon d'avoir sacrifié tes efforts, ton courage, tes durs labeurs, ton travail. Pardon si j'ai sacrifié tout le temps que tu m'as consacré, pardon car j'ai sacrifié mon corps, mon respect, ma dignité, ma personnalité, mon honneur. Pardon car j'ai échoué, je n'ai pas été ce à quoi tu t'attendais, pardon de n'avoir pas fait ta fierté. Pardon d'avoir détruit tes espoirs, d'avoir tué tes rêves.
Mais je te promets de me rattraper.Je ferai ta fierté avec ma petite qui a déjà 3 ans . Ma petite Angelle qui va déjà à l'école préscolaire, elle c'est mon projet, mon bébé, elle c'est tout ce que je ne suis pas. Elle sera ma réussite. Je te promets de toujours veiller sur elle et sur son bonheur, de la protéger et d'empêcher qu'elle vive ce que j'ai vécu. Ma fille est un don du seigneur, ma raison de vivre, et je veillerai à ce qu'elle ne manque de rien.
Je me suis peut-être sacrifiée, j'ai sacrifié ma jeunesse, mes rêves, mon avenir. J'ai tout sacrifié mais je refuse de sacrifier ma petite Angelle. Elle je la sauverai même si pour cela je devrais me sacrifier une énième fois.
Je t'en fais la promesse.
Angela, ta fille.
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Le Coeur en Cendres
Short StoryRecueil de nouvelles qui décrit en peu de mots les maux et injustices faits aux femmes dans la société.