Chapitre 22

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Arrivée à la voiture, Chris me sourit, mais moi pas. Je suis toujours en colère après lui malgré le temps passé loin de lui.

- Coucou toi, me dit-il

- Salut, répondis-je froidement. 

Le ton est donné, je ne suis pas d'humeur à être courtoise, je sens que je vais vite partir en vrille. Je ne desserre pas les dents et lui laisse le soin de s'exprimer en premier.

- Écoutes, pour ce qui s'est passé, je suis désolé, je ne pensais pas à mal, je t'assure.

- Ah ouais t'es sûr? Bah c'est plutôt raté! Tu m'as blessé Chris! le coupais-je, agacée. 

- Je le sais et j'en suis, une fois encore, désolé.

Un blanc s'installe, j'attends de voir s'il a quelque chose à ajouter, mais il n'ouvre pas la bouche. Je prends donc les devants et lui dit:

- Si c'est tout ce que tu avais à me dire, je vais rentrer me coucher, j'ai une dure journée qui m'attends demain. Salut! 

- Attends! me retient-il par le poignet. Je... heu... Il hésite et baisse les yeux.

- Je n'ai pas toute la soirée, le pressais-je. 

- Je voulais que tu saches que je t'aime sincèrement, je n'ai jamais aimé quelqu'un aussi intensément que toi. 

Je me sens rougir et soudainement gênée d'être en colère, mais je n'oublie pas pour autant qu'il m'a blessé dans mon ego. Il poursuit:

- Azélie, revient s'il te plaît, la maison est vide sans toi, tu me manques, ton rire me manque, tes sourires, tes câlins, tes petits plats, tout me manque...

Je ris, il est quand même culotté. Je ne suis pas décidée à céder si facilement et rapidement, il va ramer. 

- Écoutes Chris, j'ai besoin d'être seule, de faire le point. Je ne sais pas combien de temps cela va me prendre, mais je suis désolée, je ne reviendrais pas. Pas maintenant en tout cas.

- Je comprends, répond t'il les yeux brillants. 

J'enchaîne:

- Rien ne nous empêche de garder contact, je ne te demande pas de m'attendre, si tu trouves quelqu'un fonce, soit heureux. Le problème doit venir de moi, j'ai été frustrée et blessée, je sais que tu me comprends, mais j'ai besoin de quelqu'un qui soit attentif, même si tu l'as été avec moi, je doute maintenant de tes sentiments après ce qu'il s'est passé. Je prends une profonde inspiration, c'est tellement dur de lui annoncer ça. Je t'aime aussi Chris, sincèrement et si on est destiné à être ensemble, le destin et le temps nous réunira, mais pas dans l'immédiat. Je lui saisis la main, lui souris tendrement et tourne les talons pour ouvrir ma portière, les larmes coulant sur mes joues. 

Je démarre la voiture, Chris est toujours planté là et me regarde, je fais marche arrière et prends la direction de chez Anaëlle. La journée s'était trop bien passée, il fallait quelque chose pour me la gâcher. Je regarde dans mon rétro, m'éloignant de mon amour, il n'a toujours pas bougé et disparaît au fur et à mesure que j'avance. Mon cœur saigne, mais je crois que j'ai besoin de cet éloignement, même si je sais que je le verrais souvent au boulot, on ne sera plus collés l'un à l'autre jour et nuit. Je me gare en arrivant en bas de l'immeuble, récupère mon sac de cours et de danse, ferme la voiture et entre dans le hall, j'appelle l'ascenseur sans prêter attention à ce qui m'entoure. C'est le cœur lourd que je rentre dans l'appartement et me dirige vers ma chambre. Je me laisse tomber sur le lit et pleure à chaudes larmes dans mon oreiller pour étouffer mes sanglots et pour ne pas qu'Anaëlle entende. Je finis par m'endormir, les yeux gonflés et rouges. 

Lorsque le lendemain, mon réveil sonne, je grogne, je suis de mauvaise humeur, j'ai très mal dormi. Pourtant la journée démarre et j'ai cours de littérature. Si je veux être éditrice, il ne faut plus que je manque les cours et que je sois assidue, mes états d'âmes attendront. Je ne suis pas prête à m'apitoyer sur mon sort, je me ressaisis vite et me prépare pour les cours. Après un maquillage "camouflage", je vais prendre mon petit déjeuner en compagnie de mon amie. Elle n'a pas l'air de remarquer ma petite mine et c'est tant mieux, elle me salue joyeusement et je lui réponds avec sincérité. Aujourd'hui nous partons avec ma voiture, je ne travaille pas ce soir, par contre demain, je reprends les cours de chant et j'ai hâte, comme la danse, ça m'a manqué. 

La matinée se passe sans encombre, à la pause déjeuner, c'est en tête à tête avec Anaëlle que je mange.

- Alors comment s'est passé ta reprise hier ? me demande-t'elle.  

- Étonnamment bien, lui répondis-je en souriant, ça m'a fait un bien fou.

- Pas trop douloureux?

- Non, ça va encore, quelques courbatures ce matin malgré les étirements en fin de séance, mais j'en suis ravie, ça prouve que j'ai bien bossé. 

- Tu as fait attention j'espère à ne pas trop forcer?

- Oui, ne t'inquiète pas, Lenny a été aux petits soins avec moi, il m'a laissé partir avant, voyant que je commençais à avoir mal.

- Génial, il est au top ton chorégraphe. 

Je lui souris, cette conversation banale, fais du bien, mais je sens venir le sujet douloureux. Anaëlle baisse les yeux sur son assiette et je vois qu'elle hésite à me demander. Alors je prends les devants:

- Oui j'ai eu des nouvelles de Chris et oui je lui ai parlé, il m'attendait à la sortie du cabaret.

Anaëlle relève la tête et me regarde avec de grands yeux. 

- Et ça a donné quoi? Si tu veux bien m'en parler.

- Il s'est excusé, m'a dit qu'il m'aimait et qu'il n'avait jamais aimé une femme autant que moi.

- Alors tout va pour le mieux?

- Je l'ai quitté!

- Quoi?! crie t'elle.

- Pas si fort Ana'. Je marque une pause. J'ai réfléchi et j'ai besoin de prendre mes distances, on a été trop vite pour emménager ensemble. 

- Oui mais avec la situation que tu vivais par rapport à Baptiste c'était une bonne solution.

- Sur le moment oui. Je soupire. On était toujours collé l'un à l'autre, jour et nuit, je ne voyais plus mes amis, ni de la fac ni du cabaret et pourtant je m'entends à merveille avec l'équipe. Je ne me souviens plus avoir passé une soirée avec eux, ni avec toi d'ailleurs. 

- Azél' c'est ça quand on se met en ménage.

- Je sais, mais c'est devenu étouffant et il m'a fallu cet incident pour m'en rendre compte. 

Anaëlle me prit la main et déclara:

- Je suis désolée, tu sais que je suis là, n'oublies pas. 

- Merci Ana'. Je souffle un bon coup et ajoute : si on est fait pour être ensemble, la vie nous réunira de nouveau mais pour l'heure place aux études et à la réussite, fin d'année nous auront toutes les deux notre diplôme et serons prête pour la vie active d'éditrice. 

C'est en parlant de banalités que nous continuons notre repas avant de reprendre les cours et de finir notre journée. 

Il a changé ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant