Naël (9)

171 18 13
                                    

Qui aurait pu croire qu'un spectacle de danse de petite fille attirerait autant de monde ? Sans rire, je n'avais jamais vu la salle des fêtes de la ville aussi bondée. Quand nous nous sommes pointés, légèrement en retard, quasiment tous les sièges étaient pris, par les familles des gosses. Dans les premiers rangs, j'aperçu mes parents avec ma ribambelle de frères et de belles-sœurs.

- Zut, fit Thomas, ça va être chaud pour se trouver une place...

- Je crois qu'il y en a trois là-bas, remarqua Andéol.

Nous nous regardâmes tous les cinq :

- Bon, fis-je, vous n'avez qu'à y aller tous les deux.

- Je viens aussi, décréta Fabbio.

Ils partirent tous les trois et je me tournai vers Mio :

- Dans ce cas, allons chercher nous aussi de quoi reposer nos fesses, dis-je d'un ton qui se voulait jovial.

- Je te suis, me répondit le jeune asiatique avec un de ses sourires ingénus.

Nous trouvâmes assez rapidement. C'était dans le fond et nous étions entourés de vieux, mais ça ferait l'affaire.

- Désolé de ne pas t'avoir averti plus tôt, fis-je en m'asseyant, mais on va devoir se taper tout le spectacle. Mes sœurs ne sont qu'en deuxième partie.

Mio haussa les épaules :

- Ça peut être amusant.

- Amusant ? J'admire ton optimisme.

- Comment ça ?

- Ça t'intéresse vraiment de regarder des gamins se trémousser et se foncer dedans pendant deux heures ?

- J'ai pas l'habitude, ma sœur n'a jamais voulu faire de danse. Que du foot. Et je suis de nature curieuse.

- Euh, tu vas vraiment essayer de faire passer ça pour un argument ?

- Quoi, ça ne te fait pas plaisir à toi de venir voir tes sœurs ?

Je levai les yeux au ciel :

- Oh absolument. L'année dernière, Felizia est tombée de la scène en plein milieu de sa choré. Je te raconte pas la honte.

Mio me sourit :

- Arrête ça, Anton. Le cynisme te va pas.

Je souris aussi. Il avait raison, au fond il n'y avait rien de plus mignon au monde que de voir mes deux petites merveilles se trémousser et se donner en spectacle. De vraies graines de star, ces deux-là. C'est de famille.

Un petit silence passa puis Mio me glissa à l'oreille :

- En plus, j'aime bien passer du temps avec toi, même si ça signifie rester deux heures à regarder des gamins se trémousser.

J'ouvris de grands yeux :

- Ah ouais ?

- Ben ouais, t'as beau être un vrai casse-pied, je t'aime bien au fond.

- Oh, c'est le plus beau compliment qu'on m'ait fait. Mais crois-moi, je peux être bien pire que ça, avec toi je me retiens parce qu'on se connait pas encore tout à fait.

- Oh, mais je m'en voudrais de te brimer. Sois toi-même.

- Dis pas ce genre de chose à la légère, tu vas finir par pleurer.

LiésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant