Jeudi 19 mars - Troisièmement jour de confinement.
L'expression « les jours passent et se ressemblent » n'a jamais été aussi vraie. Pour l'instant tout se passe bien ici, on joue, on rigole, on se chamaille, aucun meurtre n'a été commis. Surprenant mais c'est bon signe, je suppose.
Hier je suis sortie pour la première fois depuis l'annonce. Armée de ma carte d'identité et de ma petite autorisation signée et pliée presque proprement. J'ai bien dit presque parce que par la suite je l'ai glissé dans ma poche de jean et bon et bien disons que son sort n'était plus si favorable. Mais je joue au bon soldat bien élevé, on ne peut rien me reprocher.
On a fait un bon tour du quartier avec ma mère, dans le but de profiter du soleil de fin d'après midi et de se dégourdir les jambes, en gardant toujours un mètre de sécurité entre nous. (Ou même plus parce que ma mère trouvait ça amusant de se parler d'un côté et de l'autre de la rue, chacune son trottoir. Écoutez il faut être gentil dans ces temps de crise et tout ce qui peut l'amuser et ne pas me coûter trop en énergie, je dis oui).
Lorsqu'on sort c'est une sensation très bizarre. On a un peu l'impression de faire quelque chose de mal, comme si on était recherché et qu'on avait peur de se faire attraper par la police (mais sortir n'est pas un problème en soit, s'il n'y a personne autour et qu'on ne touche à rien) ou bien on se sent comme dans Walking Dead. Mode survie activé. Les rues sont désertes, quelques chats. Et quand on croise finalement quelqu'un, ce qui est arrivé quelques fois hier, soit on se regarde avec compassion, un petit sourire gentil, soit on se regarde avec méfiance. Chacun se demande ce que l'autre fait dehors, comme si ce n'était pas normal, comme s'il allait se transformer en zombie et nous manger. (Les fans de Walking Dead vous savez ce qu'il faut faire dans ces cas là). Mais ce n'est pas arrivé et c'était quand même plaisant ce petit bol d'air frais.
J'ai cette impression que nous sommes actuellement dans une série télévisée mais vous savez cette série complètement abusée, du style télé novellas, qui regroupe tout et surtout bien trop. Cette série qui arrive bien trop tard et qui surf sur des vagues déjà dépassées.
Là on est dans ce monde post apocalyptic (ou presque ne nous mentons pas), avec les survivants qui se terrent chez eux en attendant que la tempête passe, mais aussi une petite pincée de Mr. Robot et des histoires de virus informatique et de piratage. (Comme quoi le corona n'est pas le seul virus à craindre visiblement). Si jamais les zombies sortent, je crois que je ne serais même plus étonnée. (Des dragons par contre, peut-être bien. Surprends moi monde).
On a des moments calmes et chaleureux en famille qui nous font espérer et nous dire que tout va bien se passer mais ça ne dure qu'un temps. Très vite il y a une nouvelle annonce, un nouveau problème, une nouvelle erreur, une nouvelle chose à faire. Et non le monde ne s'est pas arrêté.
On pourrait le croire mais ce n'est pas le cas. Il y a toujours des merdes qui arrivent et des trucs qui nous font clairement chier, le confinement n'est pas la pire chose, on s'occupe, on se fait une petite place confortable chez soi, et on croit s'effacer de ce monde que nous ne comprenons pas et ne comprendrons sûrement jamais pour la plupart d'entre nous et c'est peut-être ça le plus effrayant finalement.
A bientôt.
