L'hôpital

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« Le premier degré de la folie est de s'imaginer qu'on est sage.»

Proverbe danois


Lundi, l'après-midi.

14h14, je me suis allumé une cigarette devant le grand hôpital qui me faisait face. L'endroit semblait moderne et était le terrain d'un va et vient constant de visiteurs. Je restais là, immobile, adossé contre ma voiture en tenant la main très fortement à la blonde.

Voilà mon Jérem, tu y es. Tu vas enfin te faire prendre en charge pour la boisson. C'est parti pour une semaine d'hospitalisation. Comment j'ai fait pour en arriver là ? Ne pense pas à ça ! C'est une bonne démarche que tu as entrepris. D'ici quelques jours, tu auras réglé un problème sur trois. Aller, ça va bien se passer.

La partie administrative de mon accueil dura presque trente minutes. Au troisième étage, une aide-soignante me conduisit jusqu'à ma chambre. Cette dernière était on ne peut plus classique : un lit amovible, une table, deux chaises, un plateau sur roulette et une télévision. Ma pathologie me permit d'avoir une chambre individuelle. Je me sentais désorienté. J'avais du mal à imaginer que c'est ici que j'allais passer cette semaine, entre ces quatre murs. Je pris mon temps pour défaire ma valise. Puis, je suis resté un petit moment à observer l'extérieur. La fenêtre donnait sur le parking, il y'avait un monde fou.

C'est dingue le nombre de personnes malades qu'il y'a. On ne se rend pas compte de toute cette souffrance quand on est dans notre petit quotidien protecteur.

Environ quarante-cinq minutes plus tard, deux médecins firent irruption dans la pièce. Il y'avait l'addictologue que j'avais déjà rencontré et un interne. Ils m'ont expliqué le déroulement de mon séjour. Ils ont surtout insisté sur le fait que toute l'équipe médicale était présente pour mon bien être et ma guérison. Côté traitement, je garderais mon antidépresseur mais mon anxiolytique serait remplacé par un autre que je devrais prendre quatre fois par jour. J'aurais de plus un complément de vitamines nécessaires à mon organisme à cause du sevrage physique. J'ai également appris que ce dernier n'était pas la seule étape dans ma guérison. En effet, une hospitalisation post-cure de trois mois était nécessaire par la suite. Je pouvais réaliser cette dernière en interne dans un établissement spécialisé ou en ambulatoire sur la journée. Cette information m'affecta au plus haut point. Je ne pensais pas que le processus de guérison serait si long. J'appréhendais surtout l'impact que cela allait avoir sur ma famille. Cependant, la post-cure était nécessaire après le sevrage physique afin de réapprendre à vivre sans produit. Une fois les médecins partis, une infirmière me fit passer tout un tas de test : tension, pouls, prise de sang, électrocardiogramme et le fameux test de Cushman. Ce dernier servait à quantifier les symptômes de manque.

Les premiers jours furent très difficiles à vivre. Je supportais mal l'isolement et le contexte. Je fus pris par plusieurs grosses crises d'angoisse. Je me servais régulièrement du bouton d'appel. Les infirmières me retrouvaient régulièrement en position fœtal sur mon lit en train de pleurer. Elles prenaient le temps de discuter avec moi pour que j'évacue le trop plein. Elles me donnaient également un anxiolytique supplémentaire afin de calmer mes angoisses. Je les trouvais vraiment très à l'écoute et très professionnelles. J'avais de l'admiration pour elles et le métier compliqué qu'elles exerçaient. J'éprouvais d'autant plus de fierté pour Lucie.

Je n'avais ni envie de m'occuper avec un média dans ma chambre ni d'aller à l'extérieur pour me promener. Je passais mon temps à discuter avec Eline, ou plutôt, j'essayais de la combattre. Elle ne me laissait que très peu de répit depuis que je n'avais plus d'alcool pour m'aider à la supporter. Je ressentais mes émotions pleinement. Ces dernières étaient malheureusement plus négatives que positives.

Mes trois meilleures amiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant