Jeudi 19 mars - Troisième jour de confinement - suite
Que de premières fois. Aujourd'hui, première fois que je sors faire des courses depuis le début de cette aventure. J'avais entendu beaucoup de rumeurs et vu beaucoup d'images sur les réseaux sociaux qui dépeignaient l'agitation et la panique dans laquelle une bonne partie du monde était plongée et je m'attendais à retrouver cette esthétique lors de mes périples personnels.
Mais pas du tout. Bon d'accord ce n'est pas tout à fait comme d'habitude, je ne le nierais pas. Oui beaucoup de gens portent des gants et des masques ou bien des foulards à défaut de posséder « l'équipement » mais les rayons des magasins que j'ai fréquenté étaient pleins et assez bien organisés.Nous avons bien rempli notre chariot, attention pas de façon indécente, pas en ne pensant qu'à nous mais simplement en pensant à nous. Nous avons pris des choses qui nous faisaient envie et nous aideraient à tenir le coup (donc des fruits et des biscuits chocolatés oui mesdames et messieurs oui !)
Ce qu'on remarque par contre c'est l'attitude des clients : certaines attendent pour entrer dans un rayon si quelqu'un y est déjà, certains rasent les murs, d'autres jettent des petits coups d'œil circulaires pour vérifier que personne ne s'approche trop près. Depuis le temps que je rêve d'un monde où on respecterait l'espace vital. C'est divin.
Je sais que nous vivons des temps compliqués mais il faut dire que pour nous, introvertis, les mesures d'éloignement nous enchantent.
Oh et s'il vous plaît parlons des annonces faites par les hauts parleurs dans les magasins ! J'ai vraiment l'impression d'être dans un film tellement tout me semble irréel. On va dire que d'habitude, à moins de vraiment apprécier une chanson, on ne fait pas spécialement attention à la musique d'ambiance qu'ils passent dans les magasins. Sauf qu'actuellement on agrémente les playlists de petites annonces pour nous rappeler que faire ses courses c'est bien mais n'oubliez pas le coronavirus. (Ah oui tiens entre les rayons vide de monde et les gants à tous les coins de rues j'avais presque oublié.) sauf qu'après ces messages, ils remettent de la musique pop qui ne colle pas vraiment avec le genre du film qui se joue sous nos yeux. Mais par contre je reconnais bien le style contradictoire qu'on pouvait déjà sentir dans ce célèbre poème de 2020 :« Ne paniquez pas.
Nous sommes en guerre.
Ne paniquez pas.
Lisez. »C'était là de belles paroles.
Sinon sur une note plus légère : aucun effort vestimentaire pour ma part, zéro, rien du tout. Et je remarque que pour la plupart des gens c'est pareil et traitez de moi de folle mais je trouve ça beau. Peu à peu, on enlève une couche artificielle à ce monde. Cela ne durera probablement que le temps de ce confinement mais je n'en demande pas plus. C'est dans des moments comme ceux là qu'on voit de belles choses passer sous nos yeux, de vraies choses passer sous nos yeux. Parfois ça fait du bien juste de faire une pause.
« Lisez. »
A bientôt.