Mardi 17 mars 2020 (H-2) - Louis Tomlinson

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  J'en suis à ma deuxième bagarre et ça ne fait QUE deux heures que le magasin est ouvert. Il y a à peine dix minutes, j'ai dû séparer deux vieux qui s'engueulaient pour une bouteille de vin. Y'en avait une vingtaine d'autres sur la gondole, hein. Mais non eux voulaient LA première bouteille tout devant.

Sérieux ils auraient été mes gosses je les aurais claqués.

  Sinon et bien, c'est toujours autant la merde. On vient une heure plus tôt, on finit une heure plus tard, pour finalement devoir réapprovisionner les rayons dans la journée. Le patron a décidé de ne faire rentrer que dix personnes par dix personnes. Cette décision a eu pour conséquence la formation d'une queue très longue, dehors. Avec des gens qui ne respectent pas les un mètre de distance et qui se toussent et s'éternuent dessus.

Les hôtesses de caisse quant à elles, sont désormais protégées par de grandes plaques de plexiglas et portent des masques. Nous, on a des gants.

   « Louis ? »

La voix me fit sursauter. Complètement absorbé par mes tâches, je n'avais pas entendu mon chef arriver.

   « Salut Pierre, la forme ?

   - Pour le moment, ça va. Je viens te donner un petit coup de main. »

Pour toute réponse je hochais la tête et retournais à mes paquets de pâtes.

   « Alors, on en est à combien d'éborgnés ? »

Je ne pus retenir un petit rire.

   « Heureusement on n'en est pas arrivé là. Mais j'ai bien cru qu'on allait être obligé d'appeler les flics ! Je te jure cette histoire de confinement ça leur retourne vraiment le cerveau ! Déjà que le civisme manque à beaucoup...

   - Ouais... J'espère bien que ça va se calmer avec leur histoire d'attestation ! »

Je soupirais.

   « A mon avis, y'a peu de chances...

   - J'ai des amis qui habitent près du bassin d'Arcachon. Ils me disaient hier qu'ils voyaient arriver plein de Parisiens avec des planches à voile.

   - Pardon ?

   - Ouais j'te jure ! C'est n'importe quoi.

   - Sérieux quoi, c'est pas des vacances... S'ils s'emmerdent qu'ils viennent nous aider ici, on a besoin de main d'œuvre !

   - Tu m'étonne... »

Je continuais ma tâche tout en grommelant.

   « D'ailleurs, ça ne m'étonnerait pas qu'on en voit arriver pas mal, ici aussi. Y'en a beaucoup qui ont des résidences secondaires dans la région.

   - Bah oui, pourquoi dont pas ! Après avoir traîné les parcs dimanche et avoir potentiellement chopé le Coronavirus, faut qu'ils viennent chez nous pour le propager alors qu'on manque déjà cruellement de médecins ! Mais sans déconner, j'espère bien que les coqs, les chevaux, les vaches vont tous se mettre à bien les emmerder tu vois ! Ces putains d'égoïstes. m'emportais-je.

   - Tu es méchant. ricana Pierre.

   - Non, réaliste.

   - C'est pas faux. »

Et sur ces belles paroles je continuais de bosser pour que ces gros con-, non pardon, ces gentils bonshommes, puissent venir gentiment faire leurs courses à leur arrivée.

Clairement, j'avais besoin d'une pause, mon énervement devenait critique.

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