39 : Dernier souffle

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Aliénor se retourna, et dessina un splendide arc de cercle de flammes de Purbrasier dans le vide. Un rai de lumière jaillit de l'air où elle avait frappé.

Paulin ne comprit pas, et observa béat la fente lumineuse se secouer anarchiquement. Soudain, le dard d'Ixikriss parut autour de la blessure, comme la fin d'un mirage. Petit à petit, métamère après métamère, le corps insectoïde du Dernier remplaça l'image factice du squelette enflammé.

L'éclat écarlate des nuages s'estompa également, et ceux-ci s'assombrirent pour se teinter du noir de la nuit.

« Maudits ! Maudits ! jura le Dragon replié hors d'atteinte, à qui il ne manquait plus qu'un coup seulement pour être défait. Soyez tous mille fois maudits !

D'un bond de sauterelle, il rejoignit à la hâte l'escalier d'où les héros étaient venus, et tira par dessus une lourde grille de fonte, de sorte à ce qu'aucune échappatoire ne subsiste. Puis il rejoignit les cieux d'un autre bond, et se mêla à la tempête.

Depuis les profondeurs du cyclone, une boule de flammes noires jaillit vers Méturis, qui était à l'écart, et qui bondit au sol pour éviter l'impact.
Le groupe se resserra, Aliénor rendant son arme à Paulin sans un mot sur ce qui lui était arrivé. Le héros se tint prêt à protéger les siens.

« Je vous aurais à l'usure ! hurla le Dragon depuis le cyclone, sa voix portée par les vents venant de partout à la fois. Vous vous fatiguerez avant moi, ou bien je vous laisserai crever de faim ! Vous vous écroulerez sous le sommeil, et vous vous agenouillerez devant moi ! »

Il tira, sur ces mots, trois salves de flammes, que Paulin contra sans mal, mais qui commencèrent à le fatiguer. Depuis le ciel, le Dragon ne craignait rien et ne s'épuisait pas ou peu. Les héros ne pouvaient simplement se contenter d'attendre leur heure ainsi : l'épée tomberait entre les griffes des Cinq, et c'en serait fini des espoirs dans la lutte contre la tyrannie draconique.

Seulement, tous savaient qu'Ixikriss ne serait pas assez stupide pour redescendre et se laisser occire.
Méturis eut soudain une idée.

« Aliénor, vous êtes bien druidesse ?

— Tout à fait, affirma-t-elle, circonspecte. Mais je ne vois pas comment cela pourrait nous être d'une quelconque utilité.

— Paulin, défendez-nous. Aliénor, aidez-moi à tracer un cercle rituel.

— Encore une fois, soit, mais pour quoi faire ? demanda l'intéressée.

— Nous allons demander de l'aide aux élémentaux.

Un silence hanté par les hurlements de la tempête s'ensuivit.

— Est-ce seulement possible ? s'enquit finalement Paulin, les yeux rivés dans le ciel dans l'attente de la prochaine attaque.

— Avons-nous seulement le choix ? répondit le prestre sur le même ton.

Un même regard peu sûr parcourut chacune des trois proies du Dernier.
— Cela vaut le coup de tenter. » trancha Aliénor.

Le soigneur et la soigneuse se mirent aussitôt à l'œuvre, le prestre traçant un cercle du bout de son bâton et la druidesse psalmodiant d'anciennes incantations shamaniques.
Paulin contra à nouveau deux larmes de flammes, qui semblaient viser spécifiquement le rituel.

« Il se doute de quelque chose ! » informa-t-il, à l'affût.

— Cela devrait bientôt être prêt, répondit la druidesse en s'écartant du cercle de lumière faiblarde. Reculez !

Presque aussitôt, une bourrasque fut happée par le rituel, tourbillonnant en colonne sans pouvoir dépasser des parois de sa prison.
Furieuse, la tornade s'agita, se heurta contre les murs invisibles qui la retenaient captive.
— Et maintenant ? demanda Aliénor au prestre.

Ainsi qu'il fut ÉcritOù les histoires vivent. Découvrez maintenant