Chapitre 18

56 8 0
                                    

Je me bats contre mes yeux qui veulent se fermer. J'ai comme l' impression que le plafond est en train de tourner par dessus ma tête. Mon visage est aspergé d'eau à plusieurs reprises et ce n'est qu' après que je commence à me reprendre. Ma mère abaisse des yeux inquiets sur moi puis me tend une main pour m'aider à m'asseoir sur le sol. Elle finit par me rejoindre par terre et je dépose ma tête sur ses jambes allongées.

- Désolé, chuchoté-je.

- C'est moi qui le suis pour t'y avoir forcé, s' excuse-t-elle.

- Je ne peux plus fuir comme tu as dit. J'ai le moral au plus bas, maman depuis la mort d'Abie. Elle ne méritait pas ça. Elle avait juste besoin d'un psy, d'un vrai pour l' aider à surmonter ses problèmes. Moi, je l' ai poussé dans la gueule du loup au lieu de l' aider.

- Ne dis pas ça, chéri. De mes 15 ans d' expérience, je peux te garantir que certains cas échappent aux plus grands psychologues. L'être humain est complexe et il est fort difficile d' anticiper sa réaction. Ça ne fait pas de toi un mauvais psy, ok ? Ça me fait mal de te dire cela mais tu devrais puiser de tes expériences avec cette fille et t'en servir dans la manière que tu aborderas tes autres patients.

- Je ne me vois pas revenir au cabinet, avoué-je. Je suis trop émotif pour être psy, je me suis trompé de vocation à ce qu'il paraît.

- Shut...T'inquiète, ça va passer. Tu traverses juste une mauvaise période.

- Je ne veux pas que cela se répète.

- Est-ce que d' après toi un chirurgien réussit toutes les opérations de sa carrière? Pour te dire que ce que tu es en train de vivre peut arriver à n'importe qui. Pense à Valen, par exemple. J'ai passé presque deux ans sur son cas et toi en moins de deux mois, tu as su reconstruire cette fille brisée sur tous les points. Quand je la vois, je te jure que je suis fière de toi. Ta carrière est prometteuse, mon fils et des gens comme elle ont encore besoin de toi. Ne les déçois pas.

Je tourne mon visage vers elle pour l' admirer. Elle m' offre un sourire qui ne cache pas pour autant sa tristesse. Ma mère a toujours été ma plus grande thérapeute.

- Je parlerai au chef du cabinet pour te donner encore un peu de temps mais ne tarde pas trop, OK ?

- D' accord, soufflé-je.

- N' oublie pas: on est fort quand on peut contrôler ses émotions. Contrôle-les et reprends-toi, chéri. Nous, les psy, on a trop de gens à aider pour sombrer dans la dépression.

J' acquiesce d'un signe de tête avant de me relever. Je sais qu' elle a raison mais je ne cesse de me dire que j'ai failli à mon devoir. J'étais la personne qui était censée pouvoir aider cette fille...

***

Le réveil se met à sonner. Habituellement, je ne règle pas l' alarme mais aujourd'hui c'est le grand jour. Je décide de revenir au cabinet enfin après deux bonnes semaines passées à la maison. De ma main gauche, j' éteins l' alarme qui indique 6h15 puis je m' en vais prendre ma douche.

Devant mon miroir, j' ajuste ma cravate bleue marine assortie à mon pantalon et qui va parfaitement avec ma chemise blanche. J' essaie de soigner ma barbe née de trois jours mais finis par abandonner voyant qu'elle est à peine visible. Mes cheveux ont un peu poussé mais je n' opte pas pour raser mon crâne comme d' habitude, comme si je pouvais camoufler le John brisé derrière tout ça.

Ma mère s' étonne quand je la rejoins à table. Il est à peine 7h et je suis déjà prêt comme elle. Elle finit par me sourire quand je lui fais la bise sur la joue. Le petit déjeuner terminé, je m' assois sur le côté passager de la voiture pendant qu'elle la fait démarrer.

Emy, Je Suis Fou De Toi (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant