Chapitre 8

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La descente du train coupa l'air dans la gorge de Clarke. Elle enfouit son visage dans le cou de son fils. Dans ses bras, il regardait curieusement le nouvel environnement. En quelques jours, sa mère l'avait beaucoup fait voyager.

- Ça va aller, Aden, lui murmura-t-elle.

Elle essayait de se rassurer elle-même. Le nourrisson n'était pas inquiet. Il ne savait pas pourquoi il était là. Il ne ressentait pas le poids énorme qui pesait sur les épaules de sa mère. Il ne risquait rien. Il n'était qu'un enfant. Peut-être un futur génie. Dans la tête de ce bébé reposait peut-être la vie de la personne la plus importante de la planète. Ou au contraire, de la plus dangereuse. Il était encore trop tôt pour le dire. Clarke espérait que son fils soit quelqu'un de normal. Être différent n'était bon dans aucun monde.

Lexa posa une main encourageante sur sa taille. Clarke s'appuya contre elle pour descendre la dernière marche. Les portes de sortie de la gare lui rappelaient de rudes souvenirs. Elle avait fui sans réfléchir. Elle avait trop réfléchi pour revenir. La peur la torturait. En se dirigeant vers les portes, Clarke déposa Aden dans les bras de Lexa. Elle craignait de tomber et d'entraîner son fils avec lui.

La gardienne lui proposa de s'asseoir un instant.

Elles étaient parvenues à revenir ici sans encombre. Elles avaient retrouvé la voiture partiellement rechargée, suffisamment pour rejoindre la ville morte. Elles étaient allées à l'hôtel. Lexa avait retrouvé son uniforme abandonné dans sa chambre et avait contacté son référent, resté à la métropole. Elle avait tu les détails de son séjour avec Clarke. Elle demandait un train pour revenir à la métropole.

Le lendemain matin, le train pourpre était là. L'équipe de Lexa était déjà rentrée, tandis qu'une autre s'était apprêtée à partir à sa recherche.

- Lexa !

Une jeune femme se rua sur elle. Elle était apparue de nulle part, avait couru jusqu'aux deux femmes. La présence d'Aden dans les bras de Lexa empêcha une enlaçade.

- J'étais morte d'inquiétude, lui fit part la nouvelle venue. On m'a dit que tu avais disparue avec une criminelle, tu te rends compte ? J'ai cru qu'il t'était arrivé la même chose que-

- Je vais bien, la coupa Lexa. On doit se rendre aux Archives, ma référente nous attend.

Clarke dévisageait la jeune femme. Fin d'adolescence, des cheveux bruns jusqu'aux épaules, des yeux bleus. Un nez fin, des pommettes hautes.

Alicia. La sœur de Lexa.

Clarke reprit son fils en chemin pour laisser de l'espace aux deux sœurs. Lexa préférait cependant ne pas trop s'éloigner de Clarke. Si un gardien la croisait, il pourrait vouloir se l'approprier pour l'amener aux Archives et espérer la reconnaissance des archivistes. Même si Lexa avait prévenu sa référente qu'elle était celle à avoir retrouvé Clarke, ses propres collègues mentiraient pour prendre Clarke et la faire passer pour la pire des criminels.

Lexa se promit de demander sa mutation aussitôt le problème de Clarke réglé. Elle ne pouvait rester avec une équipe aussi vile. La métropole manquait de gardiens, elle ne pouvait donc se permettre de retirer ses fonctions aux mauvais gardiens qui semaient la terreur dans les villes mortes. Il fallait garder ces mauvaises herbes. Après tout, la peur était une façon de prévenir les dangers. Lexa ne voyait pas les choses ainsi. Mais elle ne pouvait rien y faire. Pas seule.

Un bus les mena au bâtiment des Archives, au bord d'un rond point. Il s'imposa devant Clarke. Elle se mit à compter ses propres inspirations et expirations pour garder le contrôle d'elle-même. Les heures qui allaient suivre seront décisives pour son fils et elle.

Un passé sans desseinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant