Heamhynn & Persephone, ou la vengeance de Kore

VI - Je suis libéro

Willow écarta le branchage d'unnoisetier pour entrer dans les ruines. Les « ruines »étaient vraiment un amas de colonnes et de blocs en marbre enterrésdans un bosquet. La dégradation de l'ensemble suggérait fortementqu'il était bien plus récent que le style hellénique l'auraitindiqué.

Kore était déjà là, sur la pointedes pieds, les bras tendus pour polir le cadre d'un immense miroir.Ses longs cheveux étaient retenus dans une queue de cheval hautedont le bout balayait entre ses omoplates, couvertes par un tee-shirtnoir au motif fleuri qui contrastait élégamment avec son pantalonbeige.

« De l'aide, peut-être ? »

Willow dépassait Kore de presquequinze centimètres. Elle n'avait même pas besoin de se mettre surla pointe des pieds pour atteindre le haut du cadre. Kore marmonna etlui abandonna son matériel.

« J'ai regardé les détails durituel. » annonça-t-elle en s'adossant à une colonne. « Çava prendre plusieurs mois, le temps de collecter et faire chargertous les items. Surtout les poupées russe. Je ne pourrai pascommencer à les préparer avant le mois prochain. »

« La pleine lune est dans deuxjours. » s'étonna Willow, agacée.

« J'ai match, dans deux jours. »

Elle se retourna pour faire face àKore.

« Match ? »

« Ouaip. Volleyball. Je vais pasabandonner mes hobbies juste pour un rituel. »

Willow mordit l'intérieur de sa joueet sa fierté.

« S'il te plaît. C'est vraimentimportant pour moi. »

« Non ! Je vais pas mettrema vie sur pause parce que tu as décidé que tu avais besoin de monaide. »

« Comment tu peux être dansl'équipe de volley de toute façon ? » rétorqua-t-elleen croisant les bras.

« Je suis étudiante aussi,figure-toi. »

Ses doigts enfoncés dans sesavant-bras, Willow tenta de ne pas laisser paraître sa surprise.

« Je parlais du fait que tu faisun mètre cinquante-cinq. »

« Je suis libéro. » Korecroisa les bras à son tour, imitant sa pose défiante.

« J'ai aucune idée de ce que çaveut dire. »

« Ça change rien. Je suis pas àta disposition, j'ai une vie aussi. »

Willow soupira profondément.

« Je pensais pas que tucomprendrait. »

Kore s'avança vers elle, les poings etla mâchoire crispés, les feux de l'enfer brûlant au fond de sesyeux. Sa poitrine se gonfla jusqu'à ce qu'elle touche presqueWillow.

« N'assume jamais ce genre dechose à mon propos. Tu ne me connais pas. Tu n'as aucune idée depourquoi je t'aide, alors au lieu de faire des conclusions hâtives,remet toi un peu en question. Connais pas tu moi. »

« Pardon ? »

Kore sursauta et recula d'un pas, levisage rouge du feu qui brûlait précédemment dans ses yeux.

« Tu ne me connais pas. Tu nesais rien de moi, alors t'avance pas trop. »

« Ouais, j'ai bien remarquéça. » Elle fulminait, ce qui amusait grandement Willow. Elleétait presque aussi rouge que sa chevelure. « Je fais pasconfiance à une naine que je viens de rencontrer. »

« Chan eil mi beag, espècede... » Elle se retourna brusquement, ses mains montant à sescheveux, décoiffant sa queue de cheval dans un geste rageur. « Detoute façon, tu ne peux pas m'empêcher d'aller au match, et tu n'asaucun entraînement en magie, donc c'est pas comme si tu pouvais lefaire toi-même. »