Don't look at my past [Terminé]

Chapitre 23.2

{The Scientist-Coldplay}

Je l'observe, choquée par sa révélation si soudaine et violente pour moi. Il doit percevoir ma détresse puisqu'il se rapproche de moi et brise la distance qui s'était dressée entre nous. Après avoir réfléchi quelques secondes, entoure mes mains avec les siennes brûlantes et reprend calmement.

-Non bien sûr que non jamais je ne baisserai les bras, j'ai dit n'importe quoi sur le coup de la colère je suis désolé.

-Moi aussi je m'excuse, j'ai surréagi alors que tes intentions n'étaient pas mauvaises mais ces textes étaient vraiment personnels c'est pour ça.

-Regarde à quoi on ressemble à s'embrouiller pour rien...

Il part en fou rire et je ne peux m'empêcher de le suivre malgré la tension encore présente. On s'assoit tous les deux sur mon lit, je m'empare de mon carnet. Je passe la main sur la reliure abîmée par les années, les vieux autocollants sont à moitié arrachés. 

Je l'observe quelques secondes et je décide de l'ouvrir pour relire mon travail. Je ne l'avais jamais fait auparavant, je posais simplement les mots pour m'en libérer alors je ne voyais aucune raison de retourner dans ces pensées tortueuses. 

Je feuillette quelques pages, les premières datent d'il y a au moins cinq ans, je rigole devant la naïveté de celles-ci. Je m'arrête parfois sur certaines et une voix rompt comme toujours mes pensées et chantonne au-dessus de mon épaule.

-"Si l'abandon revient à la perte, et que je n'ai rien perdu bien que rien à perdre. Alors le syllogisme devient-il sincère." C'est vraiment génial ce que tu écris, je pourrais m'en servir pour mes chansons. Ou mieux, tu pourrais m'aider à en écrire de nouvelles.

-Ouai, je sais pas, quand j'écris c'est pas sur commande. Certaines parties de ma vie m'inspirent alors je pose tout sur le papier.

-Tu as commencé tout ça à quel âge exactement?

Le chemin pour remonter au début de cette histoire, mon histoire est longue et surtout douloureuse. Quelques années en arrière, des trahisons plus ou moins conséquentes, des amitiés aussi sincères que le syllogisme justement.

-J'ai toujours eu plein d'idées dans la tête mais j'ai attendu d'avoir environ douze ou treize ans avant de vraiment en faire quelque chose. Les derniers datent d'il y a quelques semaines je dirais, maintenant que j'y pense ça fait un moment que je n'ai pas écrit là dedans.

Je repose mon livre là où Adan l'avait trouvé, sous mon lit, à l'abri de presque tous les regards désormais. Le matelas bouge lorsque je me relève pour m'étirer.

-Bon allez ça ne change pas mes plans pour ce soir. Il est 19h, on a pile le temps pour faire ce que je voulais.

-Attends c'est quoi cet enlèvement? Je croyais qu'on devait rester ici dans ma chambre pour la soirée, on s'était enfin mis d'accord pour un film, ce qui relève du miracle.

-Je sais ce que l'on avait dit, mais j'ai changé mes projets, va mettre un pull parce qu'il fait un peu froid là où on va. Rejoins-moi dans cinq minutes en bas.

Je n'ai même pas le temps de répondre que je vois la porte se fermer devant moi, et j'entends le bruit de ses pas s'éloigner. Je prends à peine deux minutes pour enfiler un vêtement plus chaud, j'attrape mes clés et je descends les escaliers en vitesse. 

Je perçois tout de suite sa voiture à quelques mètres devant moi, la chaleur m'irradie au moment où j'entre à l'intérieur.

-Alors tu t'es décidé à me dire où est-ce que l'on va?
-Je t'ai dit que c'était une surprise, tu me fais confiance non.

-Bien sûr que oui.

Comme à mon habitude je m'empare de mon téléphone que je connecte à la voiture pour mettre un peu de musique. Après bien cinq minutes de décision, je lance "The Scientist ", on s'approche d'un fast-food doucement. 

Adan arrête la voiture mais il me demande de rester à l'intérieur. Quelques minutes plus tard, il revient les bras chargés et remplit la voiture avec une odeur de nourriture qui m'ouvre clairement l'appétit. 

La voiture se remet à rouler, le trajet n'est pas très long. Nous roulons en dehors de la ville pendant un moment, la nuit est intense et le ciel est noir. Mais il est nettement parsemé de nombreuses étoiles, plus on s'éloigne de la ville, plus on peut les voir. 

Elles réapparaissnt plus clairement lorsqu'on s'écarte de l'agitation citadine et de la pollution qu'elle engendre. La voiture s'arrête à nouveau dans un coin très reculé avec seule la lumière de la lune pour nous éclairer. Le vent s'est calmé, tout est paisible et immobile, les seuls bruits restants sont les quelques notes provenant de la voiture.

"Nobody say it was easy...No one ever said it would be this hard..."

Adan me prend la main et m'entraine quelques mètres plus loin, je dois grimper sur des grandes pierres, presque plus grandes que moi. Je découvre un vieil escalier rocheux plutôt abîmé qui m'aide à achever mon ascension. 

Une fois arrivée au sommet, la vue me coupe le souffle. Il n'y a rien, ou plutôt tellement. Tout est noir autour de moi, rien d'autre n'existe que Adan et moi. Il m'incite à venir m'asseoir un peu plus loin, le ciel est magnifique, parsemé d'astres resplendissants. 

Lorsque l'on regarde les étoiles la nuit, il paraît difficile de s'imaginer qu'elles se trouvent à des distances différentes. Seule leur luminosité peut parfois nous induire en erreur. Le fait qu'elle brille plus ne la rendra pas plus spéciale ou plus grande que les autres, simplement plus visible aux yeux de ceux qui ne sont pas assez curieux pour aller voir plus loin.

-Regarde, par là-bas, c'est ça que je voulais te montrer.

Je suis la direction qu'il m'indique un peu plus vers la gauche. C'est une étoile bien différente des autres que j'ai pu apercevoir. Elle est encore plus lumineuse et presque inquiétante. 

Elle laisse s'échapper une trainée derrière elle en un arc allongé et parfaitement gracieux. Mais quelque chose me perturbe, elle est bien trop différente des autres pour en faire partie, je tends la main comme pour essayer de l'attraper.

-C'est une comète, un petit corps céleste et mystérieux, très imprévisible. Elles ont un noyau de glace mais de la poussière éclatant en orbite autour d'une étoile. Elle est rare, magnifique, très bornée mais de plus en plus indispensable...

Je détache mon regard du spectacle qui se déroule devant nous, à quelques millions de kilomètres, pour me reporter sur lui, lorsque je comprends que ce n'est pas de la comète qu'il parlait. 

Il sourit, calmement allongé les mains soutenant sa tête, tout en observant la beauté que le ciel nous propose ce soir. Je m'allonge à ses côtés, ma voix plus rapide que mes pensées pour une fois fait vibrer chaque particule d'air présente.

-Je t'aime, j'espère que tu le sais...

En réponse, il me prend dans ses bras et m'embrasse à la lueur de la lune et de cette comète fascinante. La lumière de mon téléphone perturbe ce moment, je me lève et regarde l'écran.

« Profite bien de ces instants mais sache que les étoiles finissent toujours par tomber ».