Un beau tableau

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« On mesure l'union d'une famille à sa capacité à traverser ensemble les étapes difficiles. »

Clément Auray


Deux mois plus tard.

L'été était désormais bien installé tout comme les vacances scolaires. Alexandre et sa famille étaient en visite chez nous pour un grand week-end. La maison était animée. Les enfants profitaient de l'extérieur et de leur temps libre. Lucie avait pu avoir quelques jours de congés. De mon côté, j'étais toujours en arrêt maladie. Le médecin préférait pour l'heure que je continue à me retaper même si mon état s'était considérablement amélioré. Je prenais toujours les antidépresseurs et les neuroleptiques. J'avais arrêté en revanche les anxiolytiques. Mon dernier rendez-vous chez le psychiatre s'était déroulé comme le premier, c'est-à-dire toujours très accès sur l'aspect médication. En revanche, ma thérapie avec ma psychologue avançait bien.

J'avais passé l'après-midi à jouer avec les enfants. Je profitais de mes deux garçons et de ma filleule, Julia, qui allait déjà sur ses six ans. Depuis quelques temps, j'arrivais beaucoup mieux à les supporter. Je n'étais également pas perturbé par l'agitation qu'il y'avait à la maison ce week-end, au contraire, cela me faisait plaisir. J'avais l'impression d'enfin revivre. Nous jouions avec un petit jeu de quilles que j'avais offert à Julia. Valentin tirait maladroitement la balle et Thibaut fonçait frénétiquement sur les quilles pour les faire tomber. Cela me faisait beaucoup rire. Les enfants s'amusaient, les filles se prélassaient tranquillement sur des transats et j'avais des moments de complicité avec mon frère : c'était un beau tableau de famille.

Vers 18h30, je leur ai servi l'apéritif avant de m'occuper du barbecue. Je ne buvais toujours pas d'alcool. Je préférais être complètement abstinent pendant toute la durée de mon traitement. J'envisageais même de le rester après mon rétablissement. Je trouvais en effet que la vie sans la danseuse était beaucoup plus agréable. Je buvais donc une bonne bière blanche sans alcool en cuisant une belle côte de bœuf. Je fumais en revanche autant que lorsque je consommais de l'alcool. Alexandre vint me rejoindre rapidement.

« Tu n'as pas intérêt à te louper sur la cuisson p'tit frère ! Elle me fait bien envie la viande là.

— T'inquiète je suis un professionnel, plaisantais-je, je vais la faire très légèrement saignante juste comme il faut.

— J'espère bien ! En tout cas tu m'as l'air d'avoir retrouvé la forme. Ça fait du bien de te voir comme ça.

— Oui j'avoue que ça va beaucoup mieux. Il m'aura fallu du temps pour sortir la tête de l'eau mais aujourd'hui je sens une vraie différence.

— Y'a quelque chose en particulier qui a changé ?

— Je pense surtout que je commence à prendre le dessus sur la maladie. Même si je continue à avoir quelques jours sans, ma vision des choses est complètement différente. C'est tout bête mais rien qu'une journée comme aujourd'hui m'aurait rendu triste il y'a encore quelques temps.

— Bon c'est top. En tout cas j'espère que tu arriveras à continuer sur cette voie. De notre côté on est super content de passer ce week-end avec vous. Sophie et Julia ont l'air de bien profiter et moi je suis content de voir un peu mon p'tit frère.

— Oui pareil de notre côté, c'est génial que vous soyez là. Encore merci d'avoir pris le temps de faire la route.

— C'est normal. Et puis il faut bien se faire plaisir, il n'y a pas que le boulot dans la vie.

— Oh tu sais, le travail est un concept qui me parait lointain en ce moment.

— T'as bien raison. Prends le temps qu'il faut. Tu arrives à un peu moins penser à papa et à maman ?

Mes trois meilleures amiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant