Fantasme d'un soir [TERMINÉE]

Première partie

Ashley

23h. Quelque part dans Manhattan (État du New-Jersey)

Je suis enfin arrivée devant la fameuse bâtisse. Je relâche un long soupire par la bouche qui dessine dans les airs un petit nuage de vapeur éphémère pour m'encourager à ne surtout pas reculer tout en pressant contre mon ventre ma petite pochette en cuir noire. Elle ne contient que mon téléphone portable, un lot de préservatifs et mon baume à lèvres.

Je n'ai jamais fait ça auparavant et je commence à sérieusement douter de cette décision prise sur un coup de tête. J'ai pourtant attendu ce moment toute la journée. Mais j'ai la frousse maintenant et en même temps, je suis si excitée par l'exercice inédit qui m'attend.

Il fait froid et si nuit. Mais le ciel sans nuage affiche une ribambelle de petites étoiles brillantes. C'est tellement joli. Ça en est presque poétique et romantique je trouve pour une sentimentale comme moi. La tête relevée dans sa direction, je le scrute un court instant un rictus aux lèvres avec l'œil pétillant. Je savoure le spectacle qui s'offre à moi. Il est rare car d'habitude je ne sors pas le soir.

Le taxi m'a déposé juste en face de l'adresse que je lui ai donnée. Son chauffeur n'a pas cessé de me dévisager dans son rétroviseur de manière trop lascive. Le trajet m'a paru de ce fait long. Mon malaise grandissant à l'affichage du kilométrage défilant. Il a dû penser que je suis une professionnelle pour venir ici seule à cette heure-ci et dans cet accoutrement.

Je me retrouve comme convenu dans ce bar inconnu où je constate que l'hygiène est un peu douteuse. Je m'installe au comptoir où je commande un Martini blanc avec sa petite olive verte : mon cocktail favori quand je suis de sortie. J'attends mon rendez-vous. J'ignore où il compte m'emmener après. Mais qu'il se dépêche à arriver car je ne me sens pas du tout à mon aise seule ici. Le barman et son gérant ont beau être agréables et plutôt sympas, je ne le sens pas du tout d'être ici et encore moins, habillée comme je le suis.

Il n'y a pas beaucoup de monde. Ça ne me rassure que légèrement hélas. Bizarre pour un vendredi soir non ?! Je n'ai pas pour habitude de venir boire un coup dans les bars mais je me dis qu'en fin de semaine, les gens devraient s'y retrouver pour décompresser autour d'une bière bien fraiche en se racontant leur semaine de boulot stressante et fatigante.

Furtivement, je scrute la salle des yeux. Il y a un petit groupe de cinq jeunes en train de blaguer autour d'un verre ; chacun ayant sa propre boisson: whisky coca, gin tonic, bières brunes et enfin mojito. Un couple plus âgé et visiblement assez épris l'un de l'autre car il n'arrête pas de s'étreindre passionnément depuis mon arrivée. Un vieil homme fatigué et affalé sur sa table qui peine à finir son whisky et enfin un jeune Biker qui semble remonté contre son interlocuteur à l'autre bout du fil vu comme il braille sur son téléphone après lui assis seul devant une bouteille de vodka avec son petit verre à moitié vide.

Quand mon regard revient enfin sur mon verre, le barman me lance un sourire magnifique et bienveillant. Il se veut rassurant car je transpire l'inconfort et l'effroi. D'un mouvement de tête je l'en remercie silencieusement en arborant un sourire de complaisance.

J'ai voulu être le plus glamour et le plus sexy possible en optant pour une petite robe noire moulante au col rond à la mousseline légère qui m'arrive à mi-cuisses. Mais avec mon fessier naturellement bombé et cambré, elle ne fait que remontée sur moi. Je ne peux m'arrêter alors de tirer dessus comme un tique devenu obsessionnel mais également pour masquer la présence de mes porte-jarretelles. Heureusement que mon trench noir trois-quarts cache ma tenue sexy. J'adore par contre le choix de mes chaussures : des talons aiguilles noirs aspect cuivré brillant. Elles sont si confortables. Quand je marche avec elles aux pieds, elles me rendent toute la confiance en moi qui me fait défaut et me vole un sourire victorieux.