Mardi 24 mars. Huitième jour.
« We were together and I forget the rest. »
WALT WHITMAN
Déjà une semaine de confinement. Je ne sais pas ce que ça donne dans le monde, je m'informe très peu. Le problème c'est qu'on entend tout et son contraire alors : flemme. Pour l'instant nous survivons, nous survivons même très bien. Je pense même qu'aujourd'hui je suis plus en paix que je l'eusse été depuis bien longtemps. Mais je sais que ce n'est que temporaire bien sûr. Je crois que j'ai peur du changement, même des tous petits changements ridicules, et ce depuis plus longtemps que je ne voudrais l'admettre. On nous apprend à vivre d'une certaine façon, on s'habitue à des lieus, des gens, des rituels aussi insignifiants soient-ils et n'importe quel jour, tout peut changer sans qu'on est le moindre mot à dire.
J'ai grandi avec deux grands frères et pour moi ils seront toujours les personnes les plus importantes. J'ai du mal à laisser entrer d'autres gens dans ma vie parce que je n'en ressens pas forcément la nécessité.
Quand j'étais petite, je redoutais le moment où nous nous séparerions et où petit à petit, je les sentirais partir. C'est arrivé quelques fois depuis que nous sommes tous entrés dans l'âge adulte. Je dis bien « entrés dans l'âge adulte » et non « depuis que nous sommes adultes » car malgré tous mes efforts, je nous vois toujours comme des enfants.
Ça fait juste du bien d'être ensemble et jouer comme autrefois.
« Siblings will take different paths and life may separate them but they will forever be bonded by having begun their journey on the same boat. »
