PATRONUS

Chapitre 1

La première semaine de cours fut surement la plus éprouvante que Draco n'eut jamais vécu. Malgré la présence de ses amis, chaque déplacement, chaque moment en public fut un supplice. Il n'avait pas passé une journée sans avoir essuyé les insultes et les remarques infamantes. Draco remercia son défunt père plusieurs fois pour lui avoir appris à garder son masque légendaire, mais derrière ce masque, Draco avait subi chaque mot comme un coup de couteau.

Draco s'était attendu à ce que la première personne à lui rappeler sa condition d'ennemi public numéro 1 soit Harry Potter. Il avait appréhendé le moment où ils se retrouveraient à une distance suffisante pour lui permettre de lui cracher au visage. Mais lorsque ce moment arriva, Potter s'était contenté de le regarder, puis d'hocher simplement la tête, certainement pour le saluer. Cette réaction avait déstabilisé l'ancien Mangemort, qui était resté planté au milieu de la salle de métamorphose alors que le brun s'était éloigné pour s'installer à côté de Weasley. Il avait fallu que Pansy lui tire sèchement la manche pour qu'il reprenne ses esprits et qu'il s'assied à son tour, sous le regard étonné de la vieille McGonagall.

Affalé sur le canapé froid de la salle commune de la maison Serpentard, Draco se remémorait ce moment gênant avant que Théodore ne le sorte de ses pensées en lui proposant de faire une partie d'échecs sorciers. Draco acquiesça, et se redressa pour débuter la partie. D'ordinaire très doué, il fut surpris de constater qu'il peinait à rester concentré. Après une suite désolante de défaites, Draco finit par refuser une énième revanche de la part de Théo et monta se coucher, épuisé par cette semaine éreintante.

Le lendemain matin, il se leva si tôt que le soleil n'était pas encore levé, la lune trônant toujours dans le ciel encore très sombre. Draco ne chercha toutefois pas à se rendormir, et il se leva. Le château était encore désert à cette heure matinale, surtout un samedi matin. Il se prépara alors rapidement, enfilant ses vêtements de Quidditch. Il bénit sa mère d'avoir insisté pour qu'il les prenne, malgré les protestations de Draco. L'ancien Mangemort savait pertinemment qu'il n'avait aucune chance de réintégrer l'équipe de Serpentard. Mais ce matin, il pouvait profiter de cette solitude bienvenue pour aller voler un peu, loin des rumeurs et des murmures qui reprendraient dès son retour dans l'école.

Le vent fut glacial, piquant, et ses réflexes un peu rouillés, mais Draco ne regretta pas un instant cette idée. Voler lui donnait la sensation de tout oublier, qu'au-dessus de la terre ferme, plus rien ne comptait. Il se sentait libre de tout ce que son nom signifiait, de toutes ces mauvaises actions qu'il avait dû faire pour survivre, de toute cette tension qui persistait après la guerre.

Il ne reposa un pied au sol que lorsque le soleil fit enfin son apparition, et, déjà courbaturé, il se dirigea vers le vieux château. Sans attendre, il alla dans la Grande Salle pour petit-déjeuner. Il n'était que 8h30 du matin lorsqu'il s'installa à sa table presque vide, les élèves de Poudlard n'étant que peu nombreux à être déjà réveillés. Peu nombreux, mais suffisants pour mettre le blond mal à l'aise. Il engloutit son petit-déjeuner aussi rapidement que possible, et quitta la pièce pour rejoindre sa salle commune. Il y croisa alors son ami Théodore, apparemment prêt à aller prendre son petit-déjeuner à son tour.

- Tu es déjà réveillé ? s'étonna le brun, les sourcils froncés.

- Oui, je suis allé voler, répondit Draco, accompagnant ses mots d'un haussement d'épaules.

- Donc tu es réveillé depuis un moment, dit-il en hochant la tête, comme pour confirmer ce qu'il disait. Tu as déjà mangé ?

- Oui, j'y suis allé directement, acquiesça Draco. Mais je vais aller me laver là, on peut se retrouver après, pour travailler ?

- Draco, ça ne fait qu'une semaine qu'on est rentré. Détends-toi hein ? dit Théo, levant légèrement les yeux au ciel.

- Je n'ai pas très envie de voir les autres élèves, en fait.