I - Runaway

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Il était proche de perdre ses lèvres. Ses doigts étaient prêts à tomber. La chaleur du monde entier devait se regrouper à un seul petit, minuscule endroit; dans ses bras. Il haletait, ses yeux peinaient à rester ne serait-ce qu'entre ouverts. Et ses pieds, ils les traînaient dans la neige, avec fatigue. Il se devait d'offrir jusqu'au simple souffle chaud à l'être qu'il tenait dans ses bras, emmitouflé dans son manteau, enroulé dans un plaid bien chaud; son petit frère. Parfois, il vérifiait que ce petit bébé de cinq mois, tout au plus, respirait. 

Son nez est rouge... Se dit il. Son nez coule. 

Dieu seul, s'il existait (et il en doutait depuis ce matin là), pouvait comprendre l'inquiétude qu'il éprouvait. Loin de s'inquiéter pour lui même, il avait peur, très peur pour son petit frère qui bougeait légèrement dans son sommeil ses petits poings. Mais il avait beau lutter pour ne pas tomber de sommeil à cause du froid qui l'entourait, il commençait à voyager, et à voir des choses qui n'étaient pas, à voir certaines choses qu'il ne devrait pas revoir...

"LUKAS! Tu as encore laissé ta mère sortir?!" Il se reculait dans sa petite chambre et secouait la tête. "Non pappa je te jure..." Mais son père se rapprochait, le visage crispé de son air furieux. "Arrête de mentir!!" Une claque. Lukas voulait se faire tout petit, et c'est ce qu'il faisait la plus part du temps; il se recroquevillait dans un coin de sa chambre, bouchait ses oreilles en y plaquant ses mains , et attendait que cela passe. Mais depuis 5 mois, cela était différent. Un nouvel être habitait cette maison. Un être qui avait fait rayonné le visage de Lukas d'un sourire qu'il n'avait jamais eu auparavant. Un sourire éclatant de joie, en voyant tout l'espoir qui régnait dans la caboche d'un si petit bébé. L'espoir d'une vie nouvelle. L'espoir de quelque chose de chaud. De quelque chose de rassurant. Seulement, la vie avec ce bébé ne changea rien à celle d'avant, mis-à-part qu'il ne se recroquevillait plus dans un coin de sa chambre lorsque son père lui hurlait dessus. Non, maintenant, il se mettait devant le berceau de son petit frère, empêchant tout contact possible entre son père et le bébé. Personne ne devait, ni ne pouvait vouloir faire du mal à son petit frère, à son seul rayon de soleil. Jusqu'à ce matin là, en effet. "LUKAS! Où est ta mère?! Encore parti boire et baiser avec ces putain de pompiers de merde?! Qu'est ce que tu as a cacher ton frère comme ça?!" Son père s'approchait dangereusement. "Ah je vois. Tu pense que JE pourrais faire du mal à MON fils?! C'est toi qui lui fait du mal à le surprotéger Lukas. Pousse toi de là!" Un simple geste du bras suffit au père pour écarter Lukas du berceau. Cela fut rapide dans le corps de Lukas, il comprit rapidement que quelque chose pourrait arriver si son père  le prenait dans ses bras, lui. Alors il s'interposa automatiquement une nouvelle fois et la réponse ne se fit pas attendre, car le jeune garçon se prit un bon coup de poing dans le visage.

"Hun!" gémit Lukas en se réveillant en sursaut. En se relevant, il eu le rapide réflexe de poser la main sur le torse de son tout petit frère. Son cœur battait. Et son petit corps était toujours blottit dans la couverture assurément passée et accrochée dans son dos pour le maintenir contre lui. Mais il faisait encore et toujours nuit. Une nuit sans fin. Une nuit éternelle. 

Lukas commença à regarder autour de lui, alors qu'il était assit sur ses fesses, jambes en V. Une rue éclairée par les seuls rayons de la lune à peine visible à cause des nuages. Ils étaient sur un trottoir, non loin d'un banc, en face d'un bar "Det gode bordet" (c'est ce qu'il arrivait à déchiffrer de si loin), et de l'autre côté, une entendu de neige qui devait être, une fois le printemps arrivé, un parc de jeux. Justement, le parc de jeux lui parut comme une évidence lorsqu'il sentit un nouveau flocon lui tomber sur la joue. Peut-être que là-bas, ils pourraient s'y abriter? C'est alors que d'une main (il avait prit l'habitude de se servir de sa main gauche pour toute chose à faire depuis le début de son voyage, sa main droite servant à maintenir son petit frère) que Lukas se redressa difficilement sur ses deux jambes. Sa tête lui lançait des douleurs supportables; en tombant en arrière, il avait du se cogner. 

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⏰ Last updated: Apr 14, 2020 ⏰

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EmilWhere stories live. Discover now