L'anniversaire

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6:50.

Je grogne et éteint mon réveil, me lève et me dirige machinalement vers mon armoire pour m'habiller, quand je réalise que nous sommes dimanche. Dimanche. Le dimanche, mon réveil ne sonne pas. Et je suis persuadée de l'avoir désactivé puisqu'il n'a pas sonné samedi.

Soupçonnant aussitôt un coup monté des deux énergumènes me servant de mamans, j'ouvre prudemment ma porte, qui grince. Ma porte ne grinçait pas hier. Elles sont donc maintenant au courant que je suis éveillée. Ça sent le caca. Pour quelle raison? Eh bien, aujourd'hui nous sommes le deux avril. Cette date représente l'entrée de ma petite personne en ce monde, mais aussi ma "fête d'amour" comme mum et maman aiment l'appeler. Cela fait trois ans aujourd'hui que j'ai été adoptée. Et je fête mes seize ans.

Je fais discrètement quelques pas dans le couloir, m'arrête pour écouter. Mais j'ai beau tendre l'oreille, le silence bourdonne presque à mes oreilles tant il est profond. Je le sens mal. Très mal. Je m'explique: il y a deux ans, je n'étais pas prête. Cette erreur de débutant m'a coûté un arrosage d'eau glacée suivie d'un lâché de chiens poussés par leur soif de câlins. Cette journée s'était terminée par toutes sortes de mauvaises blagues de type plat sucré au lieu de salé, produit qui gratte dans le tee-shirt de pyjama, chantilly entre les draps. La deuxième année, nos deux chiens étaient de mon côté, ayant appris à me connaître. Alors j'ai su éviter un piège vicieux mettant en scène des glaçons mais pas l'huile renversée sur le sol.

Cette année, je suis prête. Je suis même plus que prête. Ce sont elles qui vont avoir une surprise. Je retourne dans ma chambre et m'habille rapidement, enfilant des sous-vêtements, un slim noir et un pull gris extra-large avec une grande poche ventrale dans laquelle je camoufle un sac empli de confettis et une sarbacane. À l'orphelinat, une fille m'avait appris à les lancer de manière forte, pour qu'ils fassent mal (mais pas trop quand même).

Arpentant silencieusement les couloirs, je descends au rez-de-chaussée mais après en avoir fait le tour ne trouve personne. Elles doivent être dans leur chambre, mais je n'y entre plus. Après avoir déjà une fois failli les voir nues puisque seul le drap les couvraient, j'évite. C'est leur vie après tout, mais elles savent que je ne viens plus et en profitent. Haussant les épaules, je me rends à la cuisine et me verse un bol de céréales. D'abord, le lait. Ensuite, les céréales. Héhé.

J'entends alors un bruit. Je sursaute et allait me planquer sous la table lorsque je vois seulement nos deux chiens entrer dans la pièce. Soupirant de soulagement, je les caresse et termine mon bol. Lorsque je ressors de la cuisine, mes défenses sont en partie abaissées. Erreur de débutant. Je me prends une dose -disons? Assez importante?- de chantilly dans les cheveux et les deux sorcières s'en vont en riant et se tapant dans les mains, direction la terrasse. Mais j'avais prévu. De l'huile a été soigneusement étalée dans la nuit par ma propre personne devant la porte-fenêtre menant à l'extérieur. Alors elles se ramassent le sol, stoppant leur rigolade. C'est à mon tour de me plier en deux, leurs têtes étant réellement magiques.

- Angélique... TU VAS MOURIR! hurle Amandine, ma maman, en essayant de se relever.

Eugénie, mum, est déjà sur pieds tant bien que mal et commence à courir vers moi. Sentant la douille arriver, je me précipite dans les escaliers. Heureusement pour moi, puisqu'elles sont footballeuses professionnelles et qu'elles m'auraient rattrapées en deux temps trois mouvements, Eugénie tombe de nouveau car ses pieds sont encore enduis d'huile, et Amandine trébuche sur elle. J'ai donc le temps de me réfugier en haut de l'escalier, où je commence à vider mes munitions de confettis sur elles.

Mais elles me rattrapent bien vite alors que mon sachet, n'étant pas si grand que ça, est déjà vide. Je me fais aussitôt submerger par une attaque de guillis, à laquelle je ne peux pas riposter. Ce type de torture a toujours fonctionné, et fonctionnera toujours sur moi. Après dix minutes de cette infamité, les deux sorcières s'arrêtent enfin, me laissant allongée sur le sol en étoile de mer, essoufflée. Elles s'allongent à côté de moi en riant, sur le sol du couloir, et quand mon souffle circule à nouveau normalement dans mes poumons un énorme bâillement me prend.

- L'huile, c'était à quelle heure? rit Eugénie.

- 3h. Et mon réveil et la porte qui grince? je réplique, amusée.

- 6h ce matin.

- Au pire on retourne dormir. propose Amandine.

- Allez! Tout le monde au lit!

Eugénie se mets rapidement sur ses pieds, suivie de près par Amandine.

- Sans moi. Flemme de bouger.

Et sans que je ne comprenne, mes mains sont attrapées par mum, mes pieds par maman, pour me trimballer jusqu'à leur chambre où elles me jettent sur le lit. Puis elles s'allongent à côté de moi, me serrant exprès de toutes leurs forces dans leurs bras.

- Aïhh! Mais vous m'écrasezheu...

Un rire machiavélique de la part des deux me répond.

- Bon, faudra que tu te laves les cheveux quand même, Angélique.

- C'est votre faute. Maintenant vos oreillers sont dégueulasses grâce à vous!

Je leur fais un sourire ironique et elles rient, avant de se calmer progressivement. Je fais de même, et le sommeil finit par m'envelopper.

***

Mais ça aussi elles l'avaient prévu. Je me rattraperai l'année prochaine. Parce qu'un seau d'eau sur la tête m'a réveillée, à peine dix minutes plus tard.

***

Heeey! Fin du premier bonuuus! Des avis? 🌈

Angélique (Un Amour du Ballon T2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant